Au SĂ©nat🏛 ZĂ©ro artificialisation nette (ZAN) : les prĂ©cisions du SĂ©nat.19 mai 2022 Face aux difficultĂ©s majeures que fait naĂ®tre cette perspective, Ă la mise en Ĺ“uvre excessive, et qui va bien au delĂ de la loi elle-mĂŞme dĂ©jĂ trop contraignante et Ă laquelle je m’étais opposĂ©, le SĂ©nat a souhaitĂ© porter Ă la connaissance de tous les Maires les Ă©lĂ©ments qui suivent. Sans remise en cause de ces mesures, c’est l’avenir mĂŞme de notre ruralitĂ© qui est en grave danger. Les communes sont depuis plusieurs annĂ©es confrontĂ©es Ă une complexification croissante des règles d’urbanisme. Ce phĂ©nomène a pour consĂ©quence de limiter les prĂ©rogatives des Ă©lus locaux et surtout de contrarier les projets de dĂ©veloppement qu’ils conduisent pour leur territoire. Il devient alors de plus en plus difficile de crĂ©er les conditions favorables Ă l’accueil de populations nouvelles et au dĂ©veloppement d’une activitĂ© Ă©conomique pĂ©renne. Lors de l’examen de la loi « climat et rĂ©silience », le SĂ©nat a tenu Ă modĂ©rer le gouvernement dont les positions Ă©taient apparues bien Ă©loignĂ©es de la rĂ©alitĂ© vĂ©cue par les Ă©lus locaux sur le terrain. C’est ainsi que le SĂ©nat a obtenu, lors de l’examen de la loi, plusieurs modifications significatives destinĂ©es Ă adapter et Ă assouplir l’application de l’objectif de « zĂ©ro artificialisation nette ». MĂŞme si ces avancĂ©es n’étaient pas suffisantes, et devront demain faire l’objet d’assouplissements, elles constituaient quelques amĂ©liorations aujourd’hui remises en cause. En effet, le dĂ©cret relatif Ă la nomenclature de l’artificialisation des sols publiĂ© par le gouvernement, le 29 avril dernier, va Ă l’encontre de la loi votĂ©e par le Parlement sur plusieurs aspects. Il ne tient par exemple pas compte des situations particulières Ă chaque commune et de la territorialisation des mesures. Le dĂ©cret relatif aux objectifs et aux règles gĂ©nĂ©rales du SRADDET Ă©laborĂ© par la RĂ©gion va aussi Ă l’encontre de la loi votĂ©e par le Parlement. Le dĂ©cret prĂ©voit, en effet, que le SRADDET ne permettra pas une application souple des objectifs mais s’imposera de manière très contraignante aux syndicats de SCoT, EPCI et communes, sans marge d’adaptation. Le dĂ©cret a supprimĂ© l’approche diffĂ©renciĂ©e et territorialisĂ©e qui est celle de la loi. Fort heureusement, la Region Auvergne RhĂ´ne-Alpes cherchera Ă ne pas ajouter des contraintes aux contraintes et Ă diffĂ©rencier son approche selon les territoires urbains et ruraux pour nous laisser de la souplesse. Mais le risque juridique introduit par le gouvernement crĂ©e un alĂ©as supplĂ©mentaire. Le SĂ©nat avait introduit dans la loi des critères de territorialisation permettant de prendre en compte les spĂ©cificitĂ©s locales comme les besoins de logements et les obligations de production de logements sociaux, les besoins d’implantation d’activitĂ©s Ă©conomiques (y compris agricoles), l’impact des lĂ©gislations relatives aux zones littorales et Ă la montagne, les besoins liĂ©s au dĂ©veloppement rural, les efforts dĂ©jĂ rĂ©alisĂ©s par les collectivitĂ©s ainsi que les projets d’intĂ©rĂŞt communal ou intercommunal. Le SĂ©nat avait tenu Ă adapter la loi Ă la rĂ©alitĂ© Ă laquelle sont confrontĂ©es les communes. LĂ encore, le dĂ©cret relatif aux objectifs et aux règles gĂ©nĂ©rales du SRADDET publiĂ© par le Gouvernement a supprimĂ© l’ensemble de ces critères au mĂ©pris de la loi votĂ©e. Le Gouvernement, en publiant ces dĂ©crets, remet en cause les dispositions inscrites dans la loi : non seulement il ne tient pas compte du vote exprimĂ© par les deux AssemblĂ©es mais il ne prend aucunement en compte les difficultĂ©s auxquelles les Maires sont quotidiennement confrontĂ©s. Ces dĂ©crets sont Ă la fois un dĂ©ni de dĂ©mocratie puisque l’Etat de droit suppose que la loi s’impose aux dĂ©crets et un modèle de technocratie. C’est la raison pour laquelle, en lien avec l’AMF, un recours devant le Conseil d’Etat sera prochainement introduit afin que les dispositions de la loi s’imposent au dĂ©cret d’application comme le commandent nos institutions. Par-delĂ , comme je vous l’indique lors de chacun de mes dĂ©placements, nous devrons d’une part veiller Ă une application la plus souple possible dans le cadre qui hĂ©las nous est imposĂ©, et d’autre part Ă dĂ©fendre une Propositin de loi (PPL) portĂ©e par le groupe « RuralitĂ© » du SĂ©nat, que j’ai cosignĂ©e, pour introduire des pouvoirs propres et dĂ©rogatoires en faveur des Maires ruraux permettant de dĂ©roger de manière encadrĂ©e Ă ces contraintes. Comptez sur moi pour ne rien lâcher sur ce point essentiel qui illustre parfaitement le dĂ©crochage de nos territoires dont le centralisme de certaines dĂ©cisions ignorent la rĂ©alitĂ© de terrain, et qui contribue au sentiment d’abandon et de non Ă©coute dont nous sommes victimes. amĂ©nagement du territoireincohĂ©rence lĂ©gislativeruralitĂ©urbanisme