🏛️ « Nuit des dupes » au Sénat au cours de laquelle s’est poursuivi l’examen de l’article 7 du projet de loi de réforme des retraites qui est le cœur symbolique de la réforme.
👉 « Semaine des dupes », « Nuit de l’article 7 » …! Nous avons vécu une séance à rebondissements, sans doute pas très constructive, mais qui a mis en ébullition le Palais du Luxembourg toute la nuit. Curieuse expérience…
👉 Débat sans fin, multiplication des amendements identiques de la part des opposants les plus virulents à la réforme, le debat s’éternise sans que les lignes bougent beaucoup … Les suspensions de séance, rappels au règlement et renvois en commission se succèdent avec plusieurs rebondissements. Cela ne fait pas grandir le débat démocratique, chacun ayant déjà pu largement s’exprimer, tandis que des plateaux télés sont organisés en pleine nuit. Je ne peux me ranger ni aux arguments, ni aux méthodes de ceux qui ont recours à ces méthodes. Le rôle du parlement est de voter après avoir délibéré, aussi le recours à l’article 38 du règlement du Sénat permet-il de limiter les interventions, tout en assurant l’expression de chacun des points de vue, dans le respect des exigences de clarté et de sincérité. A 2h45, nous reprenons l’examen de l’article 7 après une nouvelle suspension de séance… Nouvel incident de séance et suspension de séance à 3h05! Conciliabules de couloirs… Les Sénateurs des groupes de gauche quittent l’hémicycle à 3h20. L’atmosphère de l’Assemblée Nationale déteint sur le Sénat : grave, regrettable, pour nos institutions. Quel spectacle ! Jamais vu dans l’hémicycle de mémoire de collègues « vieux » sénateurs.
👉 Pour revenir sur le fond, pour ma part, je n‘aurais pas voté cet article 7 qui est l’article symbole de ce projet, avec le fameux Totem des 64 ans, mais les aléas du débat ne nous a pas permis d’aller jusqu’au vote sur l’article. Ce sera pour demain. Je ne vote pas cet article, ni le projet dans son ensemble comme je l’ai déjà dit, pour plusieurs raisons que j’ai déjà exposées. Sur cette question de l’âge pivot, mon refus est triple :
🔸D’abord, je considère que c’est la durée de cotisation qui compte et non l’âge. Ć´est à la fois plus juste et garant de davantage de liberté. Plus juste, parce que la mesure d’âge pénalise ceux qui ont travaillé jeunes et souvent dur. Cela évite d’être obligé d’inventer des mesures technocratiques sur les carrières longues, les bornes… Cela permet à chacun de décider librement de partir avant avec décote, ou à date à taux plein, ou après avec surcote, bref cela permet de donner de la liberté.
🔸Ensuite, si nous devions vraiment mettre une mesure d’âge, il faudrait qu’elle soit flottante, en lien avec la durée moyenne d’espérance de vie à la retraite, ainsi cet âge pivot de départ varierait à la hausse ou à la baisse de manière automatique. Aujourd’hui elle est de l’ordre de 82 ans, avec un âge légal de départ à 62 ans, donc l’espérance de vie moyenne est de de 20 ans. Ce pourrait être notre référence, nous pourrions aussi la pondérer avec l’espérance de vie moyenne en bonne santé. Cela permettait de ne plus revenir sur cette question tous les 5 ou 10 ans, comme cela existe dans plusieurs pays européens.
🔸Enfin, cette mesure symbolique est celle qui fait le plus peur car si on reste sur une logique d’équilibre financier à partir de cette seule variable, on pourrait régulièrement la repousser : 64 aujourd’hui, 66 demain, pourquoi pas 70 un jour. Il n’est pas possible de vivre avec cette perspective ou la crainte de cette perspective.
👉 La séance est levée à 3h30 pour reprendre demain après le retour des Sénateurs de tous les groupes. Reste encore 75 amendements que cet 🖼️ clé 7. Et maintenant… va-t-on arriver au terme de l’examen du texte d’ici dimanche soir?
👉 La journée des Dupes désigne les événements des dimanche 10 et lundi 11 novembre 1630 au cours desquels le roi de France Louis XIII réitère contre toute attente sa confiance à son ministre Richelieu, élimine ses adversaires politiques et contraint la reine-mère Marie de Médicis à l’exil.
Je me demande si nous ne venons pas d’en vivre une nouvelle, certes de nuit, 397 ans plus tard dans le Palais de Marie de Médicis…
