Finance durable pour un développement durable.

20 mai 2021
✅ La commission des finances du Sénat a organisé ce matin un débat autour des obligations vertes, c’est à dire de la dette qui vise à financer les dépenses « vertes », et plus largement de la manière dont nous pouvons agir au niveau financier pour inciter, favoriser, la décarbonation de notre économie. Il manque aujourd’hui environ 13 milliards d’euros pour mettre en œuvre la stratégie nationale bas carbone. Par-delà les échanges qui ont pu avoir lieu, c’est l’occasion pour moi de mettre un éclairage sur une actualité qui n’a pas fait les gros titres au regard des préoccupations sécuritaires et sanitaires qui occupent notre espace médiatique, et ce à juste titre car les inquiétudes sont légitimes et fortes. Mais il en existe d’autres pour notre société, même si elles sont davantage à moyen terme.
✅ Mardi 18 mai, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui est un organisme très respecté et qui produit des documents fouillés et précis sans jamais élever le ton, qui prône généralement des stratégies raisonnables et raisonnées, a soudain changer de méthode et lancer une bombe. Pour parvenir à décarboner le secteur de l’énergie, l’AIE prône une méthode radicale : des investissements massifs dans le renouvelable et surtout l’abandon de tout nouveau projet pétrolier ou gazier.
♻️ «La portée et la rapidité des efforts requis par cet objectif critique et formidable -notre meilleure chance d’affronter le changement climatique et de limiter le réchauffement global à 1,5°C- en fait peut-être le plus grand défi que l’humanité ait jamais eu à relever», affirme le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol. «Placer le monde sur cette trajectoire requiert une action forte de la part des gouvernements, soutenus par une coopération internationale bien plus importante», ajoute-il.´k
♻️ Le chemin est «étroit» mais encore «praticable» pour parvenir à la neutralité carbone en 2050, c’est-dire ne pas émettre plus de gaz à effet de serre que la planète puisse en absorber naturellement. L’Agence internationale de l’énergie l’affirme dans un rapport commandé par la présidence de la COP26 qui se tiendra en Ecosse dans six mois.
✅ Dans son scénario idéal, en 2050, les énergies renouvelables produiront à l’échelle mondiale 90% de l’électricité mondiale contre 29% aujourd’hui. Le reste sera fourni par le nucléaire qui a pour avantage principal d’être également décarboné et sur lequel la France a une réelle avance. Quant aux ressources fossiles, elles ne fourniront plus qu’un cinquième de l’énergie primaire dans le monde (contre 80% aujourd’hui), pour des usages limités comme la fabrication de certains plastiques jugés indispensables. «La baisse rapide de la demande de pétrole et de gaz naturel signifie qu’il n’y a pas d’exploration requise et qu’aucun champ gazier et pétrolier nouveau n’est nécessaire au-delà de ceux déjà approuvés».´
✅ Entre les mains de la Chine, de l’Inde et à terme de l’Afrique.
♻️ Pour l’AIE, si la transition est un succès, le système énergétique de 2050 sera très différent de celui d’aujourd’hui. «La demande globale en énergie aura diminué de 8 %» en dépit de l’augmentation de la population mondiale et dans le même temps l’électrification des usages sera devenue massive. «La demande en électricité aura doublé». Dans 30 ans, l’usage de l’hydrogène se sera aussi généralisé. «Les besoins en hydrogène devraient ainsi être multipliés par six».
♻️ Reste que pour parvenir au paradis de l’énergie en 2050, il faudra vaincre de nombreux obstacles. Le premier consiste à se rendre compte de l’échelle des transformations à effectuer et également à accepter le fait que cela ne dépend plus de nous les Européens et même les occidentaux, mais de la Chine, de l’Inde, de la Russie et à terme de l’Afrique. Attention donc que l’exemplarité ne crée pas des écarts insoutenables pour les occidentaux.
✅ Passer de 2.000 à 5.000 milliards de dollars d’investissements annuels.
♻️ D’après l’AIE, il faudra passer de 2.000 à 5.000 milliards de dollars d’investissements par an d’ici 2030. Des investissements massifs indispensables à la fois pour déployer les solutions existantes comme l’électrification du secteur automobile et le déploiement des énergies renouvelables, mais aussi pour accélérer les innovations. Car les technologies pour décarboner aussi bien l’aviation, que la production de ciment, la sidérurgie, la chimie et même le stockage à grande échelle de l’électricité n’en sont encore souvent qu’au stade de prototype ou de démonstrateur. C’est le cas notamment des technologies de capture et stockage du CO2 qui seront indispensables.
✅ L’AIE veut l’arrêt total de toute recherche pétrolière et gazière.
♻️ Le rapport propose pas moins de 400 étapes à franchir pour les dix prochaines années. Par exemple, il faudra qu’en 2030 pas moins de 60% des voitures neuves vendues dans le monde soient électriques contre 5% aujourd’hui. Toujours d’ici 2030, il faudra installer chaque années quatre fois plus de capacités solaires et éoliennes que le niveau record enregistré en 2020 soit 630 gigawatts (GW) de solaire et 390 GW d’éolien. En 2040, 40% des bâtiments devront avoir subi une rénovation énergétique efficace.
✅ La contrainte par la pénurie d’énergies fossiles.
♻️ Enfin et surtout, l’AIE prône une contrainte qu’elle juge indispensable à savoir plus aucun investissement dans de nouvelles installations pétrolières et gazières, ni dans de nouvelles centrales à charbon qui ne disposeront pas de système de capture et de stockage de CO2.
♻️ L’AIE le reconnaît dans son rapport, le chemin qu’elle préconise implique un bouleversement économique et géopolitique sans précédent. Si le monde suivait cette trajectoire, les prix du pétrole chuteraient à 25 dollars le baril à l’horizon 2050, contre environ 70 dollars aujourd’hui. La production de pétrole serait aussi concentrée de façon inédite dans les mains de l’Opep, mettant sous pression les finances de pays très dépendants des énergies fossiles comme la Russie ou le Nigéria. Tandis que les besoins de matériaux stratégiques comme le cuivre, le lithium ou le nickel pourraient exploser.
✅ Je reviendrai sur ce sujet dans l’édito de ma prochaine newslettre#7 aunmolent de l’examen au Sénat du projet de loi Climat Resilience.
L’occasion de poursuivre la transformation de notre sytème en accompagnant les différents acteurs et en étant aussi conscient de ce que nous représentons dans cet enjeu mondial pour ne pas imposer à notre économie des contraintes en décalage même si nous pouvons avoir l’ambition, notamment grâce au nucléaire de montrer que nous sommes déjà très engagé dans ce chemin.
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