Bien sûr viendront ensuite les réponses en termes d’infrastructures et de moyens financiers.
Je lui ai fait part de ma disponibilité pour y travailler et de mon invitation à venir dans le Cantal, non pour inaugurer un équipement mais pour écouter et se rendre compte de nos vrais besoins.
… Il n’y a, en l’état actuel des choses, ni crise institutionnelle ni crise de régime. Les institutions sont parfaitement capables de s’accommoder de cette cohabitation d’un nouveau genre. Ce sera un peu plus cahotant qu’à l’ordinaire, c’est tout. Par ailleurs, personne dans les forces politiques en présence n’a intérêt à provoquer une rupture débouchant sur une remise en question du régime. Personne, du reste, n’en a les moyens. Les soi-disant élites, qui n’en ont que le nom, sont disqualifiées, mais il n’y a pas de solution de remplacement. Bref, le coup d’État n’est pas à l’ordre du jour !
… Ce résultat ne me surprend pas. Autant la réélection d’Emmanuel Macron me semblait acquise d’avance, autant elle me paraissait devoir être une réélection de résignation. La forme que pouvait prendre cette résignation restait ouverte et je n’avais pas plus anticipé que quiconque celle qu’elle a prise, mais elle est cohérente avec le climat que j’observais. Nous sommes devant un changement profond du rapport des citoyens avec la politique, qui leur apparaît majoritairement comme une affaire extérieure et lointaine – d’où les progrès de l’abstention -, et non comme l’expression de ce qu’ils sont et de ce qu’ils veulent. Une affaire, de surcroît, menaçante pour la stabilité de leur monde. Dans ces conditions, l’objectif est de limiter les dégâts. Il faut un président, des gouvernants, soit. Prenons le moins pire. Macron était encore le moins inquiétant, en dépit de la détestation dont il fait l’objet dans une partie importante de l’opinion. On le connaissait, il garantissait au moins le statu quo, à la différence des aventures que promettaient chacun dans leur genre Mélenchon ou Marine Le Pen.
Après, aux législatives, le mouvement s’est poursuivi et confirmé dans la partie de l’électorat qui obéit à cette logique : pas trop de macronistes et surtout pas de mélenchonistes, les plus dangereux, sachant les limites, qui seraient celles des lepénistes. On n’a pas prêté assez d’attention à un sondage qui annonçait, au lendemain de l’élection présidentielle, qu’une majorité des Français souhaitait que Macron n’ait pas la majorité absolue au Parlement. Les spécialistes ne l’ont pas cru, trop confiants dans la prétendue « loi » selon laquelle cette majorité allait mécaniquement au président élu. Cette loi ne tient plus devant les évolutions de la société. Remarquez d’ailleurs que la non-campagne de Macron, soulignée par tous les commentateurs, a favorisé sa réélection comme président, en tant que candidat du statu quo, et a joué contre lui aux législatives, en tant que facteur d’imprévisibilité – que pouvait cacher cette discrétion ?
Sur le fond, maintenant, l’« échec » dont je parle dans mon livre est celui de la promesse initiale du macronisme : remettre le pays en marche en le sortant de l’enlisement mitterrando-chiraquien perpétué par les présidences Sarkozy, puis Hollande. Mais qui se souvient encore de cette promesse ? Macron a remporté l’élection, certes, mais pour faire exactement la même chose que ses prédécesseurs et entretenir le même marasme. Un marasme aggravé par le fait qu’aucune alternative crédible ne se dessine. Si c’est cela le succès, c’est un nouveau concept ! »