Sortons des coïncidences idéologiques installées et paralysant la société

30 janvier 2023

⏸️ Sortons des coïncidences idéologiques installées et paralysant la société.

▶️ Les retraites n’en sont sans doute qu’un symptôme, important et mal appréhendé, comme le Covid ou la guerre en Ukraine en ont identifiés bien d’autres dans notre société plus que jamais déboussolée. Le JDD (Journal du Dimanche) a publié hier un intéressant tableau de la répartition des dépenses du budget de la nation. Il dit beaucoup de ce que nous sommes aujourd’hui.

▶️ Même s’il comporte quelques approximations, prenons le tel qu’il est proposé pour tenter de décrypter notre pays à travers ces quelques chiffres :

1️⃣ Les dépenses liées à la protection (retraite, assurance maladie, santé, solidarités, défense, sécurité, justice, chômage), représentent 595 € sur 1000 €, soit près 60% de l’ensemble.

2️⃣ Les dépenses qui portent sur la préparation de l’avenir (éducation, famille, environnement) constituent un volume de 171 € sur 1000 €, soit environ 17% de l’ensemble, et sans doute plutôt 15% si on retraitait une partie des dépenses d’environnement.

3️⃣ Les dépenses de quotidien (transport et urbanisme, économie, culture, sport, services généraux) s’élèvent à 193 € sur ces mêmes 1000 €, soit près de 20% de l’ensemble. Ce quotidien, ce présent, pourrait aussi inclure tout le volet de la protection, permettant de dire que l’on consacre au présent, à nos dépenses courantes, plus de 80% de notre budget.

4️⃣ Enfin les dépenses en lien avec passé, la dette, ne s’élèvent qu’à 40€, soit 4 % de l’ensemble. C’est au final très peu, mais surtout très trompeur. Ne figurent ici que les intérêts de notre dette de 3000 milliards d’euros, contractée pour l’essentiel pour financer nos dépenses courantes, c’est là tout le problème. Le « quoi qu’il en coûte » a un coût désormais avec la hausse des taux et surtout a un impact très négatif car il tend à nous laisser penser qu’on peut s’exonérer de tout effort.

⏯️ Un premier niveau de lecture nous conduit à penser que nous sommes un pays très conservateur, très protecteur et que nous pourrions nous endetter davantage pour préparer l’avenir. Mais nous préférons améliorer notre quotidien.

⏯️ Mais il manque un élément majeur à cette grille de lecture : comment finance-t-on ces dépenses? Par des cotisations et une fiscalité qui représentent 45% de notre richesse nationale, et par un recours massif à l’emprunt (270 milliards en 2023).
Nous ne préparons pas l’avenir, nous vivons à crédit pour financer nos dépenses courantes et le coût de notre endettement reste encore caché, mais sans doute plus pour longtemps du fait du coût de la dette qui augmente et de notre capacité à nous financer qui peut désormais interroger (c’est d’ailleurs une des raisons qui préside à la volonté de mettre en œuvre la réforme actuelle des retraites).

⏯️ Dit autrement, notre pays est en train de sacrifier sa jeunesse qui paye pour une solidarité nationale dont il n’est pas sûr qu’elle en bénéficie. Peut-on par défiance du futur, car c’est cela que nous vivons, se replier sur le présent, s’enfermer dans sa bulle, se retirer dans un « presentisme » qui n’aurait plus souci de l’avenir ? Non, je ne le crois pas. Alors comment sortir de cet affaiblissement général que dénonce Edouard Balladur aujourd’hui avec beaucoup de lucidité. Il mérite d’être lu même si je préférerais entendre des voix plus jeunes.

⏯️ Pour ma part, je crois que le moment de vérité, de courage, d‘audace, de lucidité et de « de-coïncidence » est proche. Quelques pistes :
↪️ Ce n’est pas très gaulliste, mais le gaullisme est d’abord un pragmatisme, nous pourrions commencer par renoncer à l’arrogance française qui prétend peser sur le monde alors que nous n’en avons ni les moyens, ni la puissance, ni la vision.
↪️ La nécessité de reconstruire une Europe démocratique, collective, ambitieuse, réaliste, qui protège et facilite, qui sorte du dogme de la concurrence et assure notre souveraineté partagée. Nous avons besoin de l’Europe mais plus de celle-ci!
↪️ L’amaigrissement général de l’administration d’Etat recentré sur le régalien, avec une décentralisation forte pour donner de la liberté et des moyens aux territoires pour reconstruire à partir de nos territoires.
↪️ La réforme profonde de nos institutions pour redonner de la confiance et de la vitalité à notre démocratie en refaisant sens dans le collectif et l’épanouissement individuel.
↪️ La priorité absolue accordée à la jeunesse, qui par delà les solidarités familiales quand elles sont possibles, doit bénéficier d’une vraie solidarité nationale organisée : plus de liberté, un enseignement d’excellence et d’émulation, des salaires augmentées, un accès au logement facilité.

▶️ Il faut débattre, réouvrir des possibles, à partir du terrain, pour reprendre possession de notre avenir qui n’est pas celui qu’on veut nous faire croire comme inéluctable.


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