Requiem.

12 septembre 2022
◾️Le titre de cet article est sans doute trop fort, je l’ai emprunté à Noam Chomsky, intellectuel américain, qui l’a utilisé en 2017 pour parler des services publics américains… Et pourtant, il correspond bien à une tendance de nos propres services publics et particulièrement de ceux de l’éducation nationale… Mais on pourrait dire la même chose de l’hôpital.
◾️La rentrée, dit-on, ne s’est pas si mal passée. C’est vrai. Mais lorsqu’on annonce le pire (manque de profs, moyens insuffisants, difficulté dans les transports scolaires…), on finit par trouver que le pire n’étant pas là, ce n’est déjà pas si mal…
◾️Dans le Cantal, les efforts de chacun ont fait que la rentrée s’est plutôt passée en effet dans de bonnes conditions, même si on aurait pu éviter certaines fermetures de classes et quelques suppressions de postes… J’espère que pour l’avenir ma proposition de loi (PPL) visant à solliciter l’avis préalable du conseil municipal avant toute fermeture de classe permettra d’améliorer les choses.
◾️Pour autant, une difficulté majeure demeure au niveau du collège de Mauriac, montrant l’insuffisance d’écoute et de prise en compte des situations locales par une administration, un État, toujours trop enferrée dans ses ratios, ses normes et sa vision lointaine des sujets. En fait, c’est une question de respect des gens, des enseignants, des élèves, des familles qui vivent dans nos territoires ruraux. Si l’Etat ne comprend pas ca, n’entend pas ca, des ruptures fortes vont succéder aux colères de moins en moins rentrées.
◾️Lisez la tribune de notre écrivaine cantalienne, Marie-Hélène Lafon, parue dans le journal le « Un », pour vous en imprégner d’une autre manière avec ses mots et ses personnages de notre Haut Cantal.
◾️Si l’on veut anéantir un système, il suffit de lui couper les fonds. Il ne marchera plus. Les gens seront en colère et voudront autre chose. C’est une technique habituelle pour démontrer que le service n’est pas adapté, pour privatiser un système. On le voit dans l’attaque contre les écoles publiques depuis des années. Les écoles publiques sont fondées sur le principe de solidarité. Le système d’éducation publique, de la maternelle aux études supérieures, est violemment attaqué, ne produit plus l’excellence dont il était capable. Pourtant l’âge d’or de notre société était fondée dans une large mesure sur l’éducation publique gratuite. La société était bien plus pauvre qu’elle ne l’est aujourd’hui, mais elle pouvait aisément prendre en charge l’éducation de tous, gratuite pour l’essentiel. C’était d’ailleurs aussi vrai pour les infrastructures ferroviaires présentes alors partout dans notre pays ou pour d’autres services publics comme La Poste ou les Trésoreries. Aujourd’hui, une société beaucoup plus riche prétend qu’elle n’a plus les moyens de le faire…
◾️Au collège de Mauriac, la rentrée est perturbée, les parents affectés, les enseignants irrités, les élèves inquiets, pour 18 heures de cours qui ne peuvent être accordées aux classes de troisième afin de pouvoir prendre en charge correctement les élèves, y compris ceux qui nécessitent un accompagnement personnalisés ou particulier. On est bien loin des projets d’établissement devant répondre aux aspirations des élèves et qu’on demande à chaque principal d’écrire de manière participative. Il y a des ratios! Et 31 élèves dans une classe de troisième dans un collège rural, ce n’est pas 32… Pourtant une famille demande l’affectation au collège du Méridien depuis le 11 juillet denier de son enfant, mais elle reste sans réponse favorable à sa demande, malgré de nombreux justificatifs fournis… La défiance règne, le silence aussi, il ne faudrait pas qu’en étant 32 élèves, l’administration de ce service de l’éducation nationale, dont les effectifs se sont gonflés au fil du temps en « back office » au détriment du présentiel devant élève, soit obligé de donner ces fameuses 18 heures. Notre système entier ne s’en remettrait visiblement pas…
◾️J’ai saisi M. le Recteur, Mme la Directrice académique, peut-être bientôt le Ministre, sur cette question… Bien sûr cela aurait pu être mieux anticipé par la collège, mieux pris en compte collectivement par les enseignants… Sans doute… Mais tout de même, quel manque de respect, quel manque de considération, pour les familles, les enseignants, et accessoirement pour les élus de la République dont les citoyens peuvent se demander à juste titre à quoi ils servent quand l’administration les déconsidère autant et quand elle montre leur impuissance à obtenir 18 heures de cours supplémentaires à l’échelle d’un département… À se demander d’ailleurs si ce n’est pas l’objectif. L’éducation nationale n’a besoin ni de parlementaires, ni même de ministre sans doute, elle se débrouille très bien toute seule… peut être même se débrouillerait-elle encore mieux sans élève….
◾️Cette situation va peut être finir par se régler mais d’autres apparaîtront, demandant toujours plus d’énergie pour des sujets qui devraient se régler d’eux même par le simple bon sens et la proximité.D’où ma proposition de limiter au maximum à 20% la part des fonctionnaires qui ne produisent pas le service public dont ils ont la charge mais l’administrent. Ici par exemple pas plus de 20% des effectifs de l’éducation nationale qui ne soient pas devant les élèves, vous verrez qu’on réglerait bien des problèmes puisque cette administration administrante n’aurait plus à les inventer pour justifier de son existence…
◾️Notre système est à bout de souffle, partout, alors qu’il n’a jamais été autant coûteux! L’efficacité de la dépense publique n’a jamais été aussi faible.
Nul besoin d’un machin supplémentaire, nul besoin d’un Conseil National de la Refondation pour traiter ces questions.
Il faut juste faire. Faire et faire confiance aux acteurs de terrain, arrêter l’administration administrante, pour redonner confiance, ce serait si simple si seulement on le voulait vraiment…
Responsabiliser les acteurs de proximité et différencier les approches comme les réponses seraient déjà une belle avancée.
Merci à tous ceux qui œuvrent déjà en ce sens.
⚫️ Religare …
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