Rapport public annuel de la Cour des comptes dédié à la jeunesse.

25 mars 2025
🏛️📒🏛️ Rapport public annuel de la Cour des comptes dédié à la jeunesse.
❗️Avant le débat qui aura lieu ce jeudi au Sénat autour du rapport public annuel de la Cour, j’ai souhaité en partager la synthèse autour d’un thème qui devrait être la priorité des priorités : la jeunesse.
Je défends l’idée depuis le début de mon mandat que la jeunesse doit être la priorité de nos politiques publiques pour montrer combien nous croyons à l’avenir plutôt que de s’épuiser sur des sujets par trop conservateurs et donner des gages de confiance et d’espérance à tous les jeunes.
📒 Après un rapport public annuel dédié à l’action publique en faveur de l’adaptation au changement climatique en 2024, la Cour des comptes a souhaité consacrer son rapport de 2025 aux politiques publiques en faveur des jeunes.
📒 Alors que la France bénéficie d’une des populations les plus jeunes de l’Union européenne, même si notre dynamique démographique est désormais entamée, celle-ci est marquée par une persistance de fortes inégalités, et une inscription difficile dans le marché du travail. En découlent des fragilités économiques (notamment en termes de taux d’emploi et de productivité), sociales (part conséquente des jeunes dans les procédures pénales, addictions, désinvestissement citoyen), et d’importantes disparités territoriales (les jeunes ruraux étant très insuffisamment accompagnés et ciblés par les politiques publiques existantes).
Ce rapport dresse un constat et formule des recommandations autour de quatre thèmes : l’éducation, l’activité, la santé et l’exercice de la citoyenneté.
📒 Quelles que soient les difficultés budgétaires auxquelles notre pays est confronté, il reste indispensable de préparer son avenir, qui repose sur ses jeunes. Les politiques publiques en leur faveur ne sont pas seulement une réponse à des besoins immédiats. Elles constituent aussi un investissement stratégique pour bâtir une société plus équitable, résiliente et prospère. En accompagnant cette période charnière de la vie, il s’agit de permettre à chaque jeune de réaliser son potentiel tout en renforçant la cohésion sociale et le progrès collectif du pays. Rendre les jeunes capables de faire face aux défis dont ils auront à se saisir nécessite une action claire, cohérente et efficace des pouvoirs publics.
La jeunesse est une période de construction identitaire marquée par des basculements : passage de l’éducation à l’emploi, de la dépendance familiale à l’autonomie, de la minorité politique à l’intégration dans la cité. Elle est marquée par les défis psychologiques : stress lié aux études, incertitudes face à l‘avenir, pression des pairs ou isolement social. Sans accompagnement, ces difficultés peuvent être sources de vulnérabilité, d’exclusion ou d’échec, notamment pour les jeunes en situation de précarité.
L’avenir des jeunes intéresse tous les domaines de l’action publique, ce qui implique une action résolue des administrations publiques, nationales et locales. Celles-ci ne peuvent avancer sans entraîner avec elles toute la société : les ménages, les entreprises, la communauté éducative, la sphère associative, les acteurs de la recherche, etc.
Les travaux de la Cour, à partir de diagnostics sectoriels, identifient les principaux enjeux de l’organisation de l’action publique en faveur des jeunes.
Il ne s’agit pas de proposer une analyse exhaustive de toutes les politiques menées en faveur des jeunes, d’autres travaux sont conduits par ailleurs, notamment quant à l’enseignement primaire.
En outre, les travaux parlementaires et par-delà les programmes politiques futurs devront apporter des réponses globales à la priorité absolue que constitue la jeunesse pour notre pays.
➡️ Voici les 4️⃣ thématiques structurantes retenues pour l’action publique en faveur de la jeunesse :
1️⃣📒 Accéder à l’éducation et à la formation :
1️⃣⏺️1️⃣ L’orientation au collège et au lycée :
👉Les constats :
 Des moyens conséquents : un budget de 400 M€ par an, et près de 8 000 ETP.
 Une insatisfaction des élèves : 20 % des bacheliers qui poursuivent leurs études regrettent leur choix d’inscription. Tandis que 35 % de collégiens et 25 % de lycéens se disent insatisfaits des informations et conseils reçus en établissement ou au CIO pour s’orienter.
 Un taux d’emploi/de chômage des jeunes qui demeure préoccupant : illustrant l’incapacité des politique d’orientation à répondre aux besoins de compétences du marché de l’emploi.
 Un déterminisme social persistant : les politiques d’orientation ne parvenant pas à infléchir le déterminisme social dans les trajectoires des élèves.
 Un pilotage peu efficient : du fait d’une mauvaise répartition des compétences en matière de politique d’orientation entre l’État et les régions.
👉Les recommandations :
1) Insérer dans les maquettes de formation initiale des enseignants un module obligatoire sur la compétence orientation.
2) Adapter l’emploi du temps des professeurs principaux ou référents pour leur permettre d’assurer leur mission d’orientation.
3) Expérimenter avec une ou plusieurs régions volontaires un rapprochement entre les voies du lycée, professionnelle, technologique et générale.
1️⃣⏺️2️⃣ L’obligation de formation des jeunes âgés de 16 à 18 ans :
👉Les constats :
 Une obligation récente : issue de la loi du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance, et en vigueur depuis la rentrée scolaire 2020.
 Une obligation reposant sur une démarche en trois phases : repérage, accueil et diagnostic, accompagnement.
 Un nombre croissant de mineurs pris en charge : 150 000 mineurs de 16 et 17 ans relèvent de l’obligation de formation sur 1,6 million de jeunes dans cette tranche d’âge. 72 000 jeunes étaient comptabilisés par les missions locales comme
bénéficiaires d’une solution en 2023, tandis que 42 000 étaient bénéficiaires d’une solution proposée par l’Éducation nationale durant l’année scolaire 2022-2023.
 L’exclusion persistante de certains publics : 58 % de jeunes sont restés sans solution en 2023 selon les missions locales, principalement dans les zones rurales et l’outre-mer. 77 % des jeunes de 15 à 17 ans ne connaissent pas bien ou pas du tout l’obligation
de formation.
 Un pilotage et une répartition des compétences inadaptés.
👉Les recommandations :
1) Définir des objectifs et des indicateurs permettant de mesurer les résultats de l’obligation de formation sur les jeunes bénéficiaires, et évaluer les parcours qui leur sont proposés afin de s’assurer qu’ils sont suffisamment individualisés et sans interruption majeure jusqu’à leur 18 ans.
2) Adapter les modalités de communication de l’obligation de formation aux spécificités des 16-17 ans.
3) Identifier dans le système d’information les jeunes n’ayant pas satisfait à l’obligation de formation à l’issue des délais légaux, systématiser la transmission de l’information aux départements et en assurer le suivi.
4) Généraliser les cartes régionales des solutions proposées dans le cadre de l’obligation de formation et identifier les territoires où l’offre est insuffisante en vue de la renforcer.
1️⃣⏺️3️⃣ La prévention de l’échec en premier cycle universitaire :
👉Les constats :
 Des moyens mobilisés importants (soutien financier via France 2030) mais ne garantissant pas une amélioration de la situation pour l’avenir.
 Un taux de réussite très fragile : 36 % des étudiants obtiennent leur diplôme de licence
en 3 ans (contre une moyenne de 39 % pour les pays de l’OCDE). 44 % c’est le taux de passage de première en deuxième année de licence. 17 % d’étudiants sortent sans diplôme dès la première année d’études.
 Une absence de cadre et de pilotage stratégiques.
👉Les recommandations :
1) Mieux identifier les causes de l’échec en premier cycle universitaire.
2) Rendre plus accessibles et lisibles tous les dispositifs d’accompagnement sur Parcoursup.
3) Mettre en place un suivi du parcours des étudiants.
4) Évaluer l’impact des projets PIA et France 2030 sur la réussite afin d’identifier les modèles les plus performants.
1️⃣⏺️4️⃣ L’accès des jeunes des territoires ruraux à l’enseignement supérieur :
À partir de l’exemple du Grand Est et de la Bourgogne Franche-Comté qui vaut plus largement.
👉Les constats :
 Des taux de réussite supérieurs à la moyenne nationale : en 2022, l’université de Lorraine a ainsi enregistré des taux de réussite supérieurs à la moyenne pour les étudiants ayant obtenu leur baccalauréat en Haute-Marne et dans la Meuse.
 Mais un coût de la mobilité étudiante plus élevé : 1 000 à 1 550 € par mois à la rentrée 2023, selon les villes étudiées.
 En conséquence, un nombre de diplômés de l’enseignement supérieur moins important : 20 % de diplômés de l’enseignement supérieur dans les territoires ruraux en 2020, contre près de 32 % en France métropolitaine.
 Une absence de stratégie territoriale au sein des établissements d’enseignement supérieur.
 Une absence d’aide spécifique prenant en compte les difficultés rencontrées par les
jeunes ruraux pour poursuivre leurs études.
👉Les recommandations :
1) Simplifier les modalités de versement des aides aux étudiants avec, le cas échéant, la création d’un guichet unique.
2) Renforcer le poids du critère d’éloignement géographique dans le calcul des bourses sur critères sociaux pour tenir compte du surcoût de la mobilité pour les jeunes des territoires les plus éloignés.
2️⃣📒 L’aide à l’entrée dans la vie active et à l’autonomie :
2️⃣⏺️1️⃣ L’emploi des jeunes :
👉Les constats :
 Une hausse conséquente des dépenses dédiées : un total de 7,3 Md€ de dépense liée aux dispositifs ciblés en 2023 (x 2,1 par rapport à 2017).
 Une progression du nombre de contrats d’apprentissage : avec 852 000 contrats conclus en 2023 (contre 305 000 en 2017).
 Un taux de chômage des jeunes qui demeure très élevé : 17 ,2 % de taux de chômage chez les jeunes, soit 2,4 fois plus que celui de l’ensemble des actifs (et vs 14,5 UE).
👉Les recommandations :
1) Formaliser le cadre stratégique de la politique en faveur de l’emploi des jeunes, en organisant son caractère contracyclique et son ciblage sur les jeunes les plus éloignés de l’emploi, en articulant mieux les dispositifs ciblés et de droit commun, et en fixant
des objectifs globaux.
2) À l’issue de l’évaluation du contrat d’engagement jeune, étudier la pertinence d’une réduction du nombre de contrats assortie d’un recentrage sur les jeunes les plus éloignés de l’emploi et celle d’un assouplissement de la règle des 15 heures pour
adapter l’intensité de l’accompagnement aux besoins de chaque jeune.
3) Moduler l’aide à l’embauche d’apprentis en fonction du niveau du diplôme préparé.
2️⃣⏺️2️⃣ L’accès des jeunes au logement :
👉Les constats :
 Une absence de pilotage de la politique d’accès au logement des 18-30 ans : qui n’est pas pensée comme un tout cohérent.
 Une forte concentration des aides sur les étudiants : CROUS, APL, résidences universitaires.
 Un quasi-abandon de la politique de « logement jeune » : la garantie Visale fait figure d’exception.
 Un éparpillement et une cohabitation de dispositifs multiples, sources de confusion et de disparités de traitement peu compréhensibles pour les usagers : et ne permettant pas de mesurer l’investissement public, générant des coûts de coordination, des ruptures de parcours ou des redondances qui nuisent à l’efficacité de ces dispositifs.
👉Les recommandations :
1) Capitaliser et diffuser régulièrement à l’échelle nationale les bonnes pratiques en matière d’accès au logement des jeunes.
2) Désigner un chef de file, chargé de proposer une analyse régulière de la situation des jeunes vis-à-vis du logement et de promouvoir le dialogue et l’échange d’expériences entre les territoires, serait de nature à améliorer l’efficacité de l’action publique.
2️⃣⏺️3️⃣ La mobilité des jeunes en transports collectifs : de la politique tarifaire au renforcement de l’offre dans les territoires :
👉Les constats :
 Une utilisation massive des transports collectifs par les jeunes : 30 % des jeunes de 15 à 17 ans utilisent les transports collectifs pour leurs déplacements quotidiens, soit presque 4 fois plus que l’ensemble de la population.
 Une hausse de l’offre de transports dans les agglomérations depuis 10 ans : + 10,6 % d’offre de transports (en km) dans les agglomérations entre 2017 et 2022.
 Une inégalité prononcée dans l’accès à une offre de transports pour les jeunes ruraux : 38 % des jeunes ruraux de 15 à 29 ans ont renoncé à un entretien d’embauche en raison de difficultés de déplacement. Si la couverture des trajets domicile-études est relativement bien satisfaite, celle des trajets domicile-travail reste faible.
 Un budget mensuel de transport considérablement plus élevé pour les jeunes
ruraux : 528 € pour les jeunes ruraux contre 327 € pour les jeunes urbains.
👉Les recommandations :
1) Améliorer la connaissance des besoins de mobilité des jeunes et de leur utilisation des transports, en particulier pour le travail.
2) Veiller à ce que les avantages tarifaires (abonnements ou tickets) applicables aux jeunes tiennent compte de leurs ressources financières.
3) Renforcer l’offre de transport collectif pour les jeunes dans les zones périurbaines et rurales plutôt que les avantages tarifaires, en développant la coordination entre autorités organisatrices de la mobilité.
2️⃣⏺️4️⃣ La prise en charge des jeunes majeurs sortant de l’aide sociale à l’enfance :
👉Les constats :
 8 % des jeunes de l’ASE sont des jeunes majeurs : 31 900 jeunes majeurs (contre 18500 en 2010) font l’objet d’une mesure de protection dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance en 2023, sur les 397 000 mineurs et jeunes majeurs protégés.
 Un budget dédié très conséquent : avec 1,2 Md€ de dépenses des départements liées à l’accueil provisoire des jeunes majeurs en 2023. Et un coût moyen de prise en charge des enfants et des jeunes majeurs qui s’élevait à 38 200 € par bénéficiaire et par an.
 Une prise en charge très divergente selon les territoires : certains départements ne parvenant pas à assurer la prise en charge obligatoire jusqu’à 21 ans des jeunes majeurs issus de l’ASE et en difficulté. L’effort financier des départements est en effet
très disparate, certains mobilisant quatre fois plus de moyens que d’autres. Le taux de prise en charge des jeunes issus de l’ASE varie ainsi de 38 % à 83 % selon les départements contrôlés.
👉Les recommandations :
1) Renforcer les coopérations avec les missions locales pour garantir l’accès des jeunes majeurs aux dispositifs d’insertion sociale et professionnelle.
2) Renforcer les coopérations en matière de handicap avec les maisons départementales des personnes handicapées et en matière de psychiatrie avec les
agences régionales de santé.
3) Définir des objectifs de prise en charge minimale et lier le versement des fonds accompagnant la mise en œuvre de la loi du 7 février 2022 à sa mise en place.
4) Améliorer le taux de recours au pécule, notamment par un meilleur échange d’informations entre l’ensemble des acteurs concernés.
3️⃣📒 Les politiques de prévention à destination de la jeunesse :
3️⃣⏺️1️⃣ L’accès des jeunes au sport :
👉Les constats :
 Une part très importante de sportifs réguliers chez les jeunes : 79 % des jeunes de 15 à 24 ans sont considérés comme des sportifs réguliers. Plus de 2,7 M de licences sportives sont octroyées aux jeunes, dont certains sont multi pratiquants.
 Une participation financière locale reposant majoritairement sur le bloc communal qui finance 93 % des dépenses d’équipements sportifs des collectivités locales.
 Une insuffisante prise en compte des inégalités territoriales : les 350 000 équipements sportifs sont inégalement répartis sur le territoire et ne répondent pas partout aux attentes des jeunes. Les soutiens financiers existants, comme le Pass’sport (75 M€ par an), sont insuffisamment ciblés sur les publics prioritaires.
 Une absence de ciblage sur les publics décrocheurs ou éloignés : les jeunes femmes
pratiquent structurellement moins que les hommes et connaissent un décrochage plus important et plus durable. Les jeunes en situation de handicap ont bénéficié des politiques volontaristes sur l’accessibilité des équipements sportifs depuis 2005 mais leur pratique reste inférieure à la moyenne. Quant aux jeunes en situation précaire, ils sont insuffisamment ciblés par les dispositifs d’aide et sont confrontés à une forme de reproduction sociale sportive.
👉Les recommandations :
1) Prévoir des créneaux d’accompagnement à destination des jeunes, notamment les plus éloignés de la pratique sportive, sur les équipements sportifs en accès libre.
2) Développer les partenariats entre les collectivités locales et les acteurs privés pour élargir l’accès, physique et financier, des jeunes à une plus grande variété d’équipements sportifs.
3) Accroître le taux de pratique des élèves en EPS en assurant un suivi statistique des inaptitudes et en ajustant les séances en fonction des capacités des élèves concernés.
4) Cibler davantage le Pass’sport sur les jeunes les plus éloignés de la pratique sportive.
3️⃣⏺️2️⃣ Les maisons des adolescents : une réponse de première ligne pour les jeunes en mal-être :
👉Les constats :
 Une hausse notable de la prise en charge des jeunes en mal-être : via un réseau de 123 Maisons des adolescents, un budget annuel de 84 M€ (+ 44 % de budget moyen depuis 2018), et un total de 10 ETP en moyenne par structure (+ 37 % depuis 2018),
permettant l’accompagnement de 100 000 jeunes par an (+ 18 % depuis 2018).
 Une permanence des disparités territoriales : les choix d’implantation des maisons des adolescents ne permettent pas toujours aux jeunes des territoires ruraux d’y accéder facilement
 Une coordination de l’offre insuffisante : les modalités de pilotage du dispositif apparaissent inadaptées au regard de la montée en puissance de son activité. Par ailleurs la lisibilité de l’action est altérée par l’offre foisonnante de soutien à la jeunesse
et à la parentalité, notamment celle proposée par les Points Accueil Écoute Jeunes (PAEJ), dont les missions sont comparables.
👉Les recommandations :
1) Améliorer la lisibilité de l’offre à destination des jeunes par la fusion des dispositifs maison des adolescents et PAEJ en définissant l’accueil, l’accompagnement et les actions de prévention sanitaire et sociale comme leur socle de missions obligatoires.
2) Conduire une évaluation scientifique de l’impact des maisons des adolescents en matière de repérage et de prévention des pathologies somatiques et psychiques des adolescents.
3) Mieux tenir compte des besoins et caractéristiques des territoires en définissant des critères d’attribution des financements.
3️⃣⏺️3️⃣ Les addictions des jeunes aux drogues illicites et à l’alcool : un enjeu de prévention et de prise en charge :
👉Les constats :
 Une consommation de drogues élevée : 46,3 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans en 2023 disaient avoir consommé au moins une fois dans leur vie du cannabis, tandis que 3,5 % affirmaient en faire un usage quotidien.
 Un taux de consommation d’alcool très élevé chez les jeunes : 2,6 % des 18-24 ans déclaraient consommer quotidiennement de l’alcool (taux le + élevé de la zone euro).
 Un taux d’addiction (drogues + alcool) inquiétant : 230 000 jeunes de 18 à 24 ans seraient concernés par les addictions au cannabis, tandis qu’1 jeune sur 10 s’estime dépendant aux drogues illicites ou à l’alcool.
 Une prise en charge des jeunes addicts et des politiques de prévention insuffisamment articulées : l’articulation actuelle entre la médecine de ville, l’hôpital et le secteur médico-social ne permet pas d’assurer la continuité des soins et le suivi du parcours de soins.
👉Les recommandations :
1) Conduire une étude épidémiologique sur la situation des jeunes souffrant d’addictions.
2) Dresser un état des lieux, agrégé nationalement, de l’offre médico-sociale destinée aux jeunes en état de dépendance aux drogues ou à l’alcool et doter la stratégie interministérielle de mobilisation contre les conduites addictives d’objectifs chiffrés de réduction de la consommation de drogue et d’alcool chez les jeunes.
3) Mobiliser les acteurs du monde éducatif, sanitaire et médicosocial pour sensibiliser les jeunes aux risques addictifs des drogues illicites et de l’alcool, ainsi que pour repérer et orienter les jeunes consommateurs.
4) Lancer une campagne d’ampleur destinée aux jeunes pour les sensibiliser aux effets nocifs de la consommation de drogues illicites et d’alcool.
5) Mettre en place un prix minimum de l’unité d’alcool pur contenu dans chaque boisson, pour prévenir et réduire notamment la consommation des jeunes.
3️⃣⏺️4️⃣ La prévention de l’obésité chez les jeunes : l’exemple de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française.
👉Les constats :
 Un taux de prévalence de l’obésité plus important dans ces territoires : avec 23 % de prévalence de l’obésité parmi les 18-24 ans en Nouvelle-Calédonie en 2022 et 41 % en Polynésie française, contre 5 % en métropole.
 Un coût direct de cette obésité très élevé : avec par exemple près de 25 M€ par an de coût direct de l’obésité estimé par la Nouvelle-Calédonie.
 Une prévention de l’obésité des jeunes qui n’a pas été érigée en priorité dans les programmes de santé locaux.
👉Les recommandations :
1) Réglementer la teneur en sucre des produits alimentaires importés, mettre en œuvre une taxe comportementale sur les produits contenant du sucre et imposer l’étiquetage nutritionnel des produits commercialisés.
2) Favoriser la pratique sportive des jeunes et la lutte contre la sédentarité, dès 2026, en développant des infrastructures en accès libre destinées à la pratique de l’activité physique.
3) Encadrer, dès 2026, la commercialisation et la distribution des produits jugés néfastes pour la santé à l’intérieur et aux abords des écoles et des établissements d’enseignement.
4️⃣📒 L’apprentissage à la citoyenneté et à la vie dans la cité :
4️⃣⏺️1️⃣ La Journée Défense et Citoyenneté, des objectifs à redéfinir :
👉Les constats :
 Un dispositif conséquent : 806 962 jeunes ont effectué leur Journée Défense et Citoyenneté (JDC) en 2023, pour un coût total estimé à 105 M€/an.
 Une difficulté à toucher effectivement les public concernés : 1,8 % des appelés ayant atteint 25 ans en 2022 n’avaient pas effectué leur JDC
 Des effectifs d’encadrement en tension : du fait d’une diminution régulière des effectifs de la DSNJ, et des tensions nouvelles sur le recrutement (en 2023, 8,5 % des 1261 postes étaient vacants).
👉Les recommandations :
1) Mener à leur terme les expérimentations en cours sur la nouvelle JDC, dans un cadre juridique à formaliser au plus vite, et en assurer une évaluation précise.
2) Soumettre à arbitrage interministériel les objectifs et le contenu d’une nouvelle JDC et adapter le cadre juridique en conséquence.
3) Mettre en place l’organisation et mobiliser les moyens nécessaires au déploiement de la JDC en ligne, au bénéfice des jeunes Français résidant à l’étranger.
4️⃣⏺️2️⃣ L’entrée des jeunes dans l’impôt sur le revenu :
👉Les constats :
 Une majorité de jeunes fiscalement autonomes : avec seulement 36,7 % des jeunes de 18-25 ans rattachés au foyer fiscal de leurs parents.
 Un montant moyen d’IR de 1 210 € : pour les jeunes de 18-25 ans soumis à une imposition distincte de celle de leurs parents.
 Des dispositifs spécifiques d’atténuation de l’impôt imposant des choix complexes.
 Un regard critique porté par les jeunes sur un impôt souvent mal connu : 63 % de jeunes estiment que le niveau d’imposition est trop élevé.
👉Les recommandations :
1) Remplacer l’abattement en faveur des contribuables ayant des enfants majeurs
mariés ou chargés de famille rattachés à leur foyer fiscal par l’attribution des mêmes parts de quotient familial que pour les jeunes célibataires.
2) Dès leur majorité, adresser un courrier d’information aux jeunes les incitant à activer leur espace numérique personnel.
3) Harmoniser les modalités de déclaration des revenus des jeunes faisant l’objet d’exonérations.
4) Promouvoir une sensibilisation à l’impôt afin de familiariser les jeunes, y compris avant leur majorité fiscale, aux grands principes sur lesquels repose le système fiscal français.
4️⃣⏺️3️⃣ Les jeunes et la justice pénale :
👉Les constats :
 Une surreprésentation des jeunes dans les procédures pénales : les 15-25 ans représentent 26 % des mis en cause, 34 % des poursuivis et 35 % des condamnés. Ce taux grimpe à 61 % parmi les condamnés pour infractions à la législation sur les
stupéfiants.
 Un taux de récidive préoccupant : 45 % des jeunes de 15 à 25 ans condamnés sur la période de 2010 à 2022 l’ayant déjà été au moins une fois dans leur passé.
 Une efficacité de la politique pénale à destination des jeunes de 15 à 25 ans très limitée : malgré des moyens publics estimés par la Cour à au moins 2 Md€ par an.
 Une réelle carence dans les outils d’évaluation dont dispose l’État pour comprendre ce phénomène et adapter les leviers de sa politique.
👉Les recommandations :
1) Après évaluation, promouvoir les dispositifs de prise en charge et de suivi afin de mieux accompagner le passage à la majorité des jeunes sous main de justice.
2) Renforcer les outils d’évaluation de la politique pénale à destination des jeunes.
3) Renforcer les coopérations entre le ministère de la justice et les autres acteurs de la prise en charge des mineurs et des majeurs délinquants.
4️⃣⏺️4️⃣ L’Éducation artistique et culturelle (EAC) au bénéfice des élèves de l’enseignement scolaire :
👉Les constats :
 Une hausse du nombre d’élèves bénéficiant d’une EAC : 57 % des élèves ont bénéficié d’une action EAC en 2023-2024, contre 42 % en 2022-2023.
 Des moyens conséquents, notamment portés par les collectivités locales : 3,5 Md€ ont été dépensés en matière d’EAC) en 2023 : 3 Md€ pour l’État en 2023 et un effort estimé par la Cour de 520 à 650 M€ pour les collectivités locales.
 Une part non négligeable des actions EAC issues du pass Culture : 72 % des élèves du second degré ont bénéficié d’une action EAC financée par la part collective du pass Culture en 2023-2024. 12 582 acteurs culturels sont référencés au titre de la part
collective du pass Culture, début 2024.
 Un objectif de réduction des inégalités encore loin d’être atteint : en 2023-2024, 79 % des lycéens ont bénéficié d’actions d’éducation artistique et culturelle dans les voies générale et technologique mais seulement 64 % dans la voie professionnelle, où se
concentrent les élèves défavorisés.
👉Les recommandations :
1) Tenir avant la rentrée 2025 et chaque année une concertation nationale des ministères concernés avec les collectivités territoriales.
2) Dès la rentrée 2025, étendre à la totalité des classes des écoles, collèges et lycées, une organisation systématique de parcours d’éducation artistique et culturelle, pilotée par le directeur d’école ou le chef d’établissement.
3) Dès 2025, sécuriser réglementairement la procédure de référencement dans le cadre de la part collective du pass Culture et la resserrer autour de dispositifs nationaux ou territoriaux incluant une procédure d’évaluation périodique obligatoire.
📒 Ce rapport me semble constituer une bonne base pour enfin engager des réformes de fond en faveur de la jeunesse.
À titre personnel, il m’apparaît qu’il faut réformer en profondeur, voire supprimer, Parcoursup, rétablir enfin une équité en faveur des jeunes issus de la ruralité (et cela dès l’école primaire), améliorer les conditions d’accès au travail et sa meilleure rémunération nette, faciliter prioritairement l’accès à la santé et au logement …
Cette question s’inscrit bien sûr dans le cadre plus large du sujet de la démographie qui doit devenir, avec la souveraineté et l’innovation, un des trois axes d’un nouveau projet politique ambitieux et courageux.

Contact permanence
04 71 64 21 38
1 rue Pasteur, 15000 Aurillac
Contact
04 71 64 21 38
1 rue Pasteur, 15000 Aurillac