🏛️🀄️🏛️Planification écologique : la machine est lancée, notre modèle de société est interrogée.
🀄️La Première Ministre a présenté ce lundi 22 mai, le « plan d’action » du Gouvernement devant le Conseil national de la transition écologique (CNTE), organe consultatif rassemblant sur ces sujets les acteurs de la société civile (ONG, syndicats, patronat, parlementaires…). Le 23 mai, c’est Christophe Béchu qui présente un plan d’adaptation à un réchauffement du climat de 4 degrés en 2100. Le mercredi 24 juin, les feuilles de route de décarbonation par secteur vont être transmises aux ministres concernés.
🀄️ « Though this be madness, yet there is method in it », a écrit Shakespeare dans Hamlet : « Quoique ce soit de la folie, il y a de la méthode là-dedans ».
Toutes ces annonces peuvent paraître folles ou confuses, et pourtant il y a une méthode, qui consiste à préparer le meilleur et à prévoir le pire.
C’est aussi une méthode qui nous engage vers un nouveau choix de civilisation à bas bruit… les prises de conscience de ce que cela engage peuvent demain être douloureuses.
🀄️Le programme proposé est celui des 5P :« Le pilote, le projet, le plan, la programmation des financements publics et la prévision de l’imprévisible ».
Côté pilote : Elisabeth Borne est aux commandes. Le projet : Il s’agit de passer de 418 millions de tonnes de CO2 émises l’an dernier, à 270 millions en 2030, ce qui implique de les abaisser deux fois plus vite qu’aujourd’hui. Pour y parvenir, le plan mobilise tous les leviers jugés « crédibles », avec des objectifs fixés secteur par secteur (industrie, transports, bâtiment, agriculture, énergie, déchets…). « Les petits font un peu, les gros font beaucoup et tout le monde fait sa part », a indiqué Matignon.
🀄️ Selon le plan d’action présenté, 50 % de l’effort sera demandé aux entreprises, un quart aux collectivités et le quart restant aux ménages. Ceux-ci n’échapperont pas à des efforts supplémentaires de sobriété (rouler moins et à plusieurs dans une voiture) qui est par exemple l’un des leviers essentiels à actionner dans le transport, premier poste d’émissions en France (environ un tiers du total). En plus de l’achat d’un véhicule électrique, télétravail accru et choix d’un tourisme local sont au programme.
🀄️Pour le bâtiment, la sobriété comptera pour 10 % de l’effort à faire (moins se chauffer), le reste relevant de la rénovation. « Même pour les classes moyennes, la rénovation du logement et le changement du vecteur de chauffage d’une part, et l’acquisition d’un véhicule électrique en lieu et place d’un véhicule thermique d’autre part, appellent un investissement de l’ordre d’une année de revenus », a écrit Jean Pisani-Ferry dans son rapport sur les « incidences économiques de l’action pour le climat » remis à Elisabeth Borne. Sobriété et grosses dépenses : la pilule va être difficile à avaler pour les ménages. De quoi mobiliser des « gilets verts », qui pourraient être des « gilets jaunes » puissance 10 ❗️
🀄️Rappelons que la France représente deja moins de 1% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Même si la France réussit à s’en tenir à une hausse de 2 degrés, rien ne dit que les autres pays y parviendront. Et donc le Gouvernement nous invite à nous y préparer, à faire davantage d’efforts encore pour compenser ceux que les autres ne feront pas !Au risque de mettre en péril notre compétitivité économique par exemple. Est-ce raisonnable ? Est-ce raisonnable à ce rythme et sur une telle trajectoire ?
Selon Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, cité dans le Journal du dimanche du 21 mai, trois chantiers vont être ouverts pour cela : nos routes et notre réseau ferrés doivent être résilients au changement climatique. Qu’est ce que cela signifie exactement ? Trop tôt pour le dire… Les deux autres chantiers concernent les collectivités locales et les acteurs économiques. Là aussi quelle en sera la portée ? Une consultation publique sur le sujet va aussi être lancée… Une de plus !
🀄️ Reste le nerf de la guerre : les financements. Jean-Pisani Ferry préconise un impôt exceptionnel sur les plus aisés pour financer la transition écologique. Un projet contraire aux engagements de non augmentation des impôts de l’Elysee. Un projet colossal alors que notre dette est déjà très lourde et que notre niveau de prélèvements obligatoires est le plus important du monde après le Danemark.
Donc rien à ce stade sur le financement même si on sait que les besoins de la transition sont estimés à 75 milliards d’euros par an !!!
🀄️ Dans le même temps la Cour des Compte a rendu un rapport ce lundi dans lequel elle propose de réduire le cheptel bovin notamment pour des raisons climatiques ! Il ne peut que nous inquiéter même s’il n’a pas de portée juridique à ce stade et alors que nous adoptions ce jour un texte pour améliorer la compétitivité de la ferme France au Sénat.
Alors que le cheptel bovin français diminue d’année en année et que de plus en plus d’éleveurs baissent les bras, la Cour des comptes fait des propositions inattendues et pour tout dire inacceptables ! Jugeant que le modèle de production de l’élevage bovin demeure « fragile » malgré un soutien public « très élevé », tout en mettant en avant le « bilan climatique défavorable » de cette activité, elle appelle à « définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin ». « Le respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane (…) appelle nécessairement une réduction importante du cheptel », note la Cour des comptes, qui souligne que l’élevage bovin est « responsable en France de 11,8 % des émissions d’équivalent CO2 ».
Selon son rapport, cette baisse ne mettrait pas en danger les objectifs de souveraineté alimentaire de la France. « Cette réduction peut être aisément conciliée avec les besoins en nutrition des Français, un tiers d’entre eux consommant davantage que le plafond de 500 grammes par semaine de viande rouge préconisé par le plan national nutrition santé », pointe-t-il. On croit rêver! Les attteintes à notre liberté pourraient-elles aller demain encore plus loin ?
D’autre part, la Cour des comptes suggère de revoir les dispositifs de soutien aux éleveurs. « La logique d’attribution des aides devrait évoluer en croisant les axes de la performance économique et de la performance socio-environnementale », réclame l’institution. Pour les éleveurs « les plus en difficulté », elle recommande de les accompagner « dans une nécessaire reconversion », soit « vers d’autres systèmes de production », soit carrément de les aider à « changer d’orientation professionnelle ».
❗️🀄️On voit combien cette planification, ces préconisations et ces orientations remettent en cause nos modes de vie et même notre civilisation.
Avec le ZAN et les ZFE, l’engagement de nouvelles actions volontaristes, répondant à un enjeu majeur et partagé, mais dans une démarche où notre pays reste isolé, présente le risque de non acceptabilité et de non soutenabilité de mesures qui viennent impacter lourdement la vie de chacun, notre modèle de société et l’activité économique de nombreux acteurs.
Il conviendra de poser ces débats devant la représentation nationale pour s’assurer de l’adhésion, de la capacité d’adhésion, des français à des choix de société qui peuvent gravement remettre en cause le mode de vie de nombre de nos concitoyens et d’infléchir en conséquence les orientations. Pour les ruraux qui ne bénéficient pas toujours d’alternatives, ni en termes de déplacement, ni parfois de mode de production agricole, ces orientations constituent souvent une réelle violence suscitant incompréhension et colère.
Le mieux est ici l’ennemi du bien ! Sachons l’entendre.