🔴 Notre époque est sombre, Ravivons les Lumières !
🔺Dans ces moments où le brouillard recouvre le présent et l’inquiétude obscurcit le futur, rappelons-nous que nous sommes les héritiers des Lumières. Ces Lumières que nous devons aujourd’hui raviver.
🔺Difficile de garder le moral dans cette époque décidément pesante et anxiogène. Les récits épouvantables en provenance d’Israël et de Gaza sont venus chasser de l’actualité l’exode des civils du Haut-Karabakh et la guerre en Ukraine pourtant toujours en cours. Les crises de toutes natures se succèdent de façon continue, qu’elles soient économiques, sociales, diplomatiques ou climatiques. Le terrorisme continue de frapper, chez nous et ailleurs.
🔺Les haines s’expriment librement dans les médias, sur les réseaux sociaux et sur nos murs. Les démocraties sont moquées et attaquées par les régimes autocratiques qui profitent de nos silences coupables. Nous sommes saturés d’informations tristes, de propos agressifs, d’images brutales et de déclarations indigentes.
🔺Les mots de Fernando Pessoa résonnent justement : « de nos jours, le monde semble appartenir aux imbéciles, aux coeurs secs et aux agités ». Dans ces moments où le brouillard recouvre le présent et l’inquiétude obscurcit le futur, faisons nôtres ces paroles de sagesse africaine : quand nous ne savons pas où aller, rappelons-nous d’où nous venons. Nous Français, comme d’autres Européens, sommes les héritiers des Lumières. Ces Lumières qui ont éclairé une partie du monde depuis trois siècles sur les chemins du développement et de la raison. Ces Lumières que nous devons raviver dans cette période sombre. Car soyons lucides : les avancées qu’elles ont permises sont à nouveau remises en cause, ce qui n’augure rien de réjouissant si nous n’en prenons pas rapidement conscience.
🔺C’est évidemment le cas avec le fanatisme religieux, vecteur systématique d’obscurantismes et parfois assassin. A côté de la fermeté régalienne indispensable à l’encontre de ceux qui promeuvent la violence, il nous faut diffuser largement la « Prière à Dieu » de Voltaire : « Tu ne nous as point donné un coeur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger […] fais que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas de signaux de haine et de persécution. »
🔺La tolérance qui nous honore ne doit bien sûr pas être naïve. Les religions doivent rester dans le champ des convictions personnelles et ne peuvent influer sur les décisions politiques locales ou nationales. Cette fameuse laïcité qui figure à l’article premier de notre Constitution, mais tellement détournée par ceux qui se complaisent dans un clientélisme électoral cynique… Raviver les Lumières, c’est aussi repousser nos pulsions liberticides. Une civilisation qui cède à la peur est émotionnellement tentée par la renonciation à ses libertés au profit, croit-elle, de davantage de sécurité. Or, nos libertés, qu’elles soient politiques, économiques ou même philosophiques, ont été bien malmenées récemment dans nos démocraties. Imposer un formulaire bureaucratique pour se déplacer en temps d’épidémie, censurer ou « réécrire » des chefs-d’oeuvre de littérature mondiale parce qu’ils seraient « offensants », faire fi de la propriété privée pour combattre les « riches » ou « sauver la planète », revenir sur les droits des femmes parce que certains hommes veulent préserver leur domination, interdire une manifestation par principe ou souhaiter une justice d’exception pour des criminels « potentiels »… autant d’exemples parmi d’autres qui vont à l’encontre de ces droits fondamentaux pour lesquels nos ancêtres se sont battus, parfois au péril de leur vie. Craignant la complexité du monde qui nous entoure, gavés quotidiennement de mauvaises nouvelles, nous nous désintéressons de façon croissante des principes démocratiques. Nos idéaux disparaissent. D’aucuns en Occident n’hésitent plus à souhaiter ouvertement un pouvoir autocratique, voire à clamer leur admiration pour des despotes.
🔺Convoquer les Lumières en 2023, c’est encore insister sur l’importance de l’instruction et l’absolue nécessité d’en faire la priorité nationale. Depuis Condorcet, nous savons qu’elle est le pilier de l’émancipation individuelle mais aussi une source majeure de connaissances et une ouverture culturelle à la base de cet humanisme propice à une coexistence pacifique des citoyens. Instruire, c’est également apprendre à avoir du recul sur l’information que nous consommons. Alors que nous sommes abreuvés de théories fumeuses, d’images fabriquées et de post-vérités, le tout amplifié par des algorithmes qui tendent à nous enfermer dans nos certitudes, nous devons réapprendre cette valeur du XVIIIe siècle : le doute. L’exemple des jeunes Finlandais qui apprennent en classe les dangers des réseaux sociaux devrait à ce titre nous inspirer.
🔺Au pays des Encyclopédistes, les hommes et les femmes de bonne volonté ont le devoir de se réveiller, d’agir et de prendre la parole dans le débat public pour réhabiliter les sciences, pour encourager la nuance et la mesure, pour dénoncer les fake news, pour éviter les simplismes et les manichéismes, pour combattre sans relâche l’antisémitisme et le racisme, pour affaiblir les ennemis de la liberté et les intolérants. En somme, pour retrouver cette force qui nous fait cruellement défaut : la confiance en nous et en l’avenir.
