Motion de censure : « Le coup passa si près que le chapeau tomba »

21 mars 2023

🔥🗞️💬 « Le coup passa si près que le chapeau tomba », Victor Hugo.

🗯️ Difficile en effet d’imaginer qu’il ne se passât rien après l’épisode du 20 mars et des 9 voix manquantes à l’adoption de la motion de censure, courageusement votée par les deux députés cantaliens.
Nous sommes entrés dans une crise politique, sans doute aussi dans une crise institutionnelle, qui peut non seulement livrer la France au chaos et renverser la Veme République qui semble à son tour épuisée, victime d’une fatigue démocratique lancinante…

🗯️ Je note en outre, que même l’objectif principal de cette réforme des retraites minimaliste n’est pas rempli, à savoir rassurer les marchés pour garder un taux d’intérêt proche du taux allemand pour financer notre dette colossale. En effet, le désordre qui découle de la situation actuelle, ne peut qu’inquiéter nos partenaires européens et les marchés.
Mais là n’est pas l’essentiel, c’est le déclassement général de la France et des Français qui est en cause et que chacun vit dans son quotidien de plus en plus cruellement avec l’inflation.

🗯️ Le grand Raymond Aron était un modéré aux positions équilibrées dont les mots et les convictions étaient fortes. Ce qu’il dit sur la France des années 30 parle particulièrement au pays d’aujourd’hui. Nous avons le devoir d’être lucides pour assumer celui de porter un espoir.
💬 « La France des années 30 était un pays en décadence. J’ai vécu les années 30 avec le désespoir de la décadence française, avec le sentiment que la France s’enfonçait dans le néant. La France n’existait plus que par ces haines des Français les uns contre les autres. » Raymond Aron.

💬 Jean-Louis Bourlanges, président MoDem de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, dans l’Opinion du jour, ne dit pas autre chose, après le vote des motions de censure: «Oui, il y a péril en la demeure».

🗯️ Sauf à imaginer une démission du Président de la République et une nouvelle élection présidentielle ce qui me semble inenvisageable, il n’y a plus que deux solutions : l’accord de gouvernement ou l’affirmation d’une vraie alternative dans un esprit de Conseil National de la Résistance (c’est à dire d’union nationale transpartisane pontuelle). Elles peuvent être activées dans le cadre actuel ou après une élection législative, et au final reviennent peu ou prou au même, avec un périmètre qui peut légèrement différer. Elles nécessitent de la part de tous, et d’abord du Président de la République courage et « oubli de soi-même », lucidité aussi que la situation actuelle est au moins autant causée par sa personnalité que par son action même.

👉 Aujourd’hui, nous avons une Présidence institutionnellement précarisée et une Assemblée politiquement éclatée, ça ne marche pas. Le 49.3 est un instrument commode et légitime, mais qui ne peut pas pallier durablement les effets d’un dissensus politique majeur. C’est une clé mais, pour reprendre une image de Tocqueville appliquée à Louis-Philippe, que faire d’une clé si la maison brûle?

👉 L’histoire des deux derniers siècles montre que le gouvernement ne peut, en cas de crise, passer outre à l’hostilité de l’opinion et des masses populaires que s’il a derrière lui la chambre élue au suffrage universel. Même De Gaulle n’a pu se dégager de mai 68 qu’en demandant au peuple de lui donner une vraie majorité au Palais Bourbon. Le 49.3 n’est certes pas une procédure illégitime. Il reste qu’en l’état présent d’un débat intellectuel aussi profondément dégradé, le 49.3 est aujourd’hui perçu comme le moyen de faire adopter les lois sans l’accord de l’Assemblée. Le recours à une telle disposition est donc moins créateur de légitimité que la procédure législative ordinaire, alors que l’ampleur du mouvement de contestation exigerait à l’inverse un soutien résolu et sans équivoque de la Représentation nationale.

👉 Je ne crois pas qu’on puisse faire vivre la République à la petite semaine, à coups d’expédients et de rafistolages. Nous devons faire les efforts nécessaires pour doter le pays d’une majorité claire et cohérente. C’est ce que je suggère depuis les dernières élections. Aujourd’hui, l’urgence est là. Je ne voudrais pas qu’on soit obligé de dire, comme ce personnage de Montherlant: « Est-il si tôt trop tard ? »

👉 Politiquement, il s’agirait de bâtir une majorité rassemblant des femmes et des hommes qui se reconnaissent dans les valeurs fondamentales de l’humanisme républicain et de la société ouverte. Institutionnellement, il appartiendrait au chef de l’Etat de confier à un Premier ministre choisi à cet effet la mission de négocier « à l’allemande », fût-ce en plusieurs semaines, au niveau parlementaire, un contrat de gouvernement définissant les orientations précises à atteindre au cours des quatre prochaines années. Ce contrat serait validé par le chef de l’Etat, et le gouvernement nommé pour le mener à bien serait soumis à un vote de confiance de l’Assemblée.

👉 C’est assurément difficile. Mais quelle est l’alternative ? Je crains qu’Emmanuel Macron ne sente pas exactement les choses comme je viens de les décrire, et qu’il répugne en particulier à confier à un Premier ministre et à de simples forces parlementaires la confection, fût-elle réalisée sous son contrôle et avec son aval, d’un véritable pacte de gouvernement, cette compétence lui paraissant devoir relever de la seule autorité présidentielle. D’un point de vue gaulliste, il aurait raison. Il me semble pourtant qu’en l’état présent des choses, la confrontation des humanistes et des populistes ne pourra être gagnée, y compris par la voie d’une future dissolution, qu’à la condition de voir les formations humanistes se rassembler, s’élargir et se renouveler dans le cadre d’un système politique rééquilibré.

👉 C’est pourquoi nous attendons du Président de la République une véritable initiative politique majeure qui s’impose si l’on veut éviter que la France ne bascule dans la confrontation exclusive des deux radicalités complices. Espérons qu’il saura le faire demain. Car, oui, il y a péril en la demeure.

👉 Je termine donc en empruntant une photo à mon collègue Jean-Raymond Hugonet – Sénateur de l’Essonne, neveu de Pierre Raynal, avec qui je partage une pensée pour nos deux grands hommes cantaliens qui aimaient la France et les Français, bien plus qu’eux-mêmes!


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