Les élections régionales et départementales pourraient-elles être, une seconde fois, victimes du Covid-19 ? C’est une crainte. Pourtant notre démocratie ne peut être confinée à l’infini. Les Etats Unis ont organisé des élections présidentielles en novembre, le Portugal a fait de même le 24 janvier et des élections régionales auront lieu en Allemagne en avril.
Pourtant on entend dire, de plus en plus fortement, que les élections pourraient être repoussées après les présidentielles. L’Élysée en rêve semble-t-il et Jean Louis Debré à qui avait été confié la mission pour travailler au report et aboutissant à la proposition de décalage de mars à juin, le temps de s’adapter au contexte sanitaire, révèle les orientations pour un report beaucoup plus lointain qui lui avaient été suggérées par le pouvoir.
Sur le plan sanitaire en effet, on ne voit pas comment les élections pourraient avoir lieu, car on ne voit pas comment la situation sanitaire pourrait suffisamment s’améliorer d’ici avril pour ça. Et surtout, on ne voit aucune initiative de l’Etat pour mettre en place des conditions sanitaires le permettant. On peut s’interroger si les élections présidentielles avaient lieu en mai 2021 et non en mai 2022 ce qui se passerait. Cela laisse à penser que les élections départementales et régionales seraient des élections de seconde zone ou que la démocratie est prise en otage par le pouvoir en place.
En effet, alors que le texte de report de mars à juin de ces élections sera étudié par le Sénat le 26 janvier, le gouvernement a fixé une clause de revoyure en avril. C’est à ce moment-là, et en fonction de la situation sanitaire, que sera confirmée, ou pas, la tenue des élections. Ce manque de visibilité et ce courtermisme minent toute notre vie depuis un an déjà sans visibilité, sans rebond encore décelable.
On ne sait pas combien de temps durera la crise, on ne peut pas mettre ainsi la démocratie entre parenthèses. Le ministère de l’Intérieur doit créer un groupe de travail avec les associations d’élus et les parlementaires afin de réfléchir à la mise en place d’un système de procuration et d’autres mesures facilitant et sécurisant le vote, comme par exemple la multiplication des bureaux de vote dans les grandes communes afin d’éviter la promiscuité.
La question de la campagne pose sans doute plus de difficultés. Comment aller au devant des citoyens? Une campagne virtuelle et médiatique (mobilisant les réseaux sociaux et tous les médias nationaux et locaux) est possible même si elle ne peut répondre à toutes les attentes.
Le virus doit-il aussi tuer la démocratie ou notre démocratie est-elle déjà si faible qu’elle cherche à durer en agonisant… Attention toutefois de ne pas jouer aux pompiers pyromanes avec ce bien précieux et fragile.