CHRONIQUE : Il s’appelait Georges … Et voulait arrêter d’emmerder les français ! Episode 4 : Claude.

4 janvier 2024

Trente ans après la disparition du président Georges Pompidou, son épouse Claude a raconté l’homme, le passionné d’art moderne et de poésie, la rencontre avec le général de Gaulle, l’homme d’Etat « qui aimait les Français », l’histoire du Centre Pompidou et de la Fondation Claude-Pompidou. Evoquant ses souvenirs, ceux de sa vie à Matignon ou à l’Elysée, la proximité avec Yvonne de Gaulle et avec Bernadette Chirac…

Les années Pompidou ont commencé en 1962, quand Georges a été nommé Premier ministre. « Quant à me faire dire que ces années-là ont été heureuses, il me semble qu’on faisait bien ce qu’on devait faire, même si c’était dur. Les gens me disent très souvent que cette période fut heureuse. On ne m’a jamais dit le contraire. » Les forces politiques ont hélas assez largement oublié le message politique de Georges Pompidou.

Claude et Georges s’entendaient très bien, les deux étant très humains, aimant beaucoup les gens, aimant beaucoup l’art, la poésie, la littérature. C’est ainsi que l’on peut retenir de Georges selon sa propre épouse, son humanité naturelle. Il aimait les gens, il aimait leur parler. Chaque Français, quelle que soit sa condition, comptait de la même façon pour lui. Et les Français s’en sont bien rendu compte, parce qu’il était des leurs. Georges s’est toujours passionné pour ce qu’il faisait. La vie politique fut un destin, absolument un destin.

« J’ai épousé un professeur et je me suis réveillée avec un président de la République, » disait Claude. « Mon mari, n’oubliez pas, était socialiste dans sa jeunesse. C’est le général de Gaulle qui l’a fait changer. La famille de mon mari était entièrement socialiste. Moi qui n’y connaissais rien, je trouvais bizarre dans ma belle-famille d’entendre parler tout le temps des socialistes. Je me disais : ils sont comme ça. Tout ça, c’est humain. »

C’est ce chemin qui l’a conduit au partage, au Centre Georges Pompidou. Comment l’idée du Centre Pompidou a-t-elle germé dans son esprit ? Il considérait qu’il n’y avait pas assez de bibliothèques à Paris. « Il faudrait que les gens puissent aller consulter gratuitement dans les bibliothèques. » Il souhaitait aussi l’accession de tout le monde à l’art, la peinture, la musique. Il avait proposé l’idée au général de Gaulle et à Malraux, qui n’avaient pas été intéressés. Il avait été un peu dépité mais n’a pas renoncé pour autant, il a engagé ce projet dès son élection à la Présidence. Allez au Centre Georges Pompidou quand on n’est pas de bonne humeur, ou quand on est un peu triste, c’est une véritable thérapeutique. On en sort, on a vu des tableaux, on va mieux. « C’est le côté salvateur de l’art », comme aime à le rappeler son épouse Claude. La construction du Centre Pompidou a été capitale pour lui.

Dans un hôpital, comme dans un musée, une bibliothèque, on ne fait pas de différence, de catégorie. Il y a des gens que l’on admire pour leur intelligence exceptionnelle, pour leur cœur. L’intelligence et le cœur, ça va ensemble. Tels étaient Georges et Claude, tels sont le Centre Georges Pompidou et la Fondation Claude-Pompidou. L’intelligence, ce n’est pas savoir faire des calculs savants ou avoir une grande mémoire. Ça ne suffit pas.

Pourtant Claude confessa un jour qu’ils ont failli devenir snobs. « J’étais épatée de rencontrer les plus grandes familles, les gens les plus riches. Cela ne m’était jamais arrivé avant. J’ai découvert un monde que je ne connaissais pas, des noms, des fortunes extraordinaires. Ça m’a épatée ! Mais cela n’a pas duré longtemps. Un an après, cette impression s’est estompée. »

Vivre tout ce qui se passe d’intéressant sur le plan de l’art, et après, ça suffit. La famille remplit bien la vie. Ça n’a pas toujours été parfait. Mais c’est vrai que la société française est plus malade aujourd’hui qu’elle ne l’était hier.

Dans un abécédaire des années Pompidou, qui reste un projet, qui était ma première intention pour ce cinquantième anniversaire, que mettre en exergue ? La peinture, la poésie bien sûr. L’art lui donnait le courage de l’action. Les productions dont il s’entourait remplissaient un rôle essentiel, tel que le décrivit l’historien Georges Duthuit : l’œuvre d’art était un « accessoire supérieur de la vie en société capable, sans doute, de combler nos instants de silence et de recueillement, mais spontanément associé à l’architecture, aux choses du service et de l’apparat, aux gestes de la cérémonie familière ou solennelle d’une habitation : une œuvre qui nous soutient encore au moment où nous ne la regardons pas ».

Il y a aussi l’Anthologie de la poésie française parue en 1961, écrite par Georges Pompidou, qui marque sa volonté de laisser sa marque dans le domaine du rêve à l’heure où l’action allait s’emparer de lui. En fait cet ouvrage répond à une interrogation qui fut la sienne toute sa vie : « Comment croire à l’action si elle n’est pas la sœur du rêve ? » Comme un séminariste plongé dans les textes sacrés pour œuvrer dans le siècle, Georges Pompidou s’immergea dans la poésie.

L’épisode significatif du questionnaire de Proust que son fils Alain a resuscité dans son ouvrage récent, « C’était Georges, mon père », montre à travers ses courtes réponses ce que fut la personnalité de Georges Pompidou.

Quelle est votre vertu favorite ? La pudeur.

Quelle est votre qualité préférée chez l’homme ? La noblesse.

Quelle est votre qualité préférée chez la femme ? La noblesse.

Quelle sont vos préoccupations préférées ? Lecture. Musique.

Quelle est votre principale caractéristique ? L’obstination.

Quelle est votre idée du bonheur ? « Au coin du feu, le soir, auprès d’une amie aimée ».

Quelle est votre idée du malheur ? Un célibataire vieilli.

Quelle est votre couleur favorite, votre fleur favorite ? Rouge. La rose.

Si vous n’étiez pas vous-même, qui aimeriez-vous être ? Artiste ou écrivain.

Où aimeriez-vous vivre ? A Paris ou en Italie.

Quels sont vos auteurs favoris en prose ? Proust, Dostoïevski.

Quels sont vos poètes favoris ? Racine, Baudelaire, Shakespeare.

Quels sont vos peintres et compositeurs favoris ? Vinci. Vermeer. Cézanne. Mozart. Beethoven.

Quels sont vos héros favoris dans la vie réelle ? De Gaulle.

Quelles sont vos héroïnes dans la vie réelle ? Néant.

Quel est votre héros de fiction favori ? Fabrice Del Dongo.

Quelles sont vos héroïnes de fiction ? Anna Karénine.

Quelles sont vos plat et boisson préférés ? La soupe aux choux, le foie gras et le bordeaux.

Quels sont vos prénoms favoris ? Alain, Anne.

Quel est pour vous le défaut le plus grand ? La bêtise humaine.

Quels caractères de l’Histoire détestez-vous le plus ? Les Puritains.

Quel est votre état d’esprit présent ? Luxe, calme et volupté.

Quelle est votre devise ? Néant.

La « guerre » des civilisations, la « guerre » des religions, qui semble aujourd’hui s’inscrire dans notre quotidien apparait plus épouvantable encore à l’aune des années Pompidou qui étaient celles des lumières contemporaines.

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