remise en concurrence des concessions hydroélectriques lors de leur renouvellement. Nous
sommes totalement unanimes pour dire que la mise en concurrence n’est pas la solution. Mais pour la Commission européenne, le maintien ou le renforcement d’une position dominante ne serait pas acceptable, même sans abus caractérisé. Une telle situation est singulière en Europe, car la France est le seul pays européen encore concerné par une procédure précontentieuse. D’autres Etats membres, mis en demeure en 2019 pour des raisons similaires, ont depuis vu leur procédure classée. Ce gel de la situation traduit plus fondamentalement la frilosité des gouvernements français successifs à mettre en œuvre cette ouverture à la concurrence, ou à lui trouver des alternatives.
rappeler que la Cour des comptes soulignait dès 2022 la nécessité de débloquer rapidement la situation « afin d’éviter que la gestion d’ensemble du parc hydroélectrique ne se dégrade et qu’il ne puisse jouer pleinement son rôle dans la transition énergétique ». Face à une telle impasse, la mission a exploré différentes options pour mettre fin aux précontentieux, et définir un régime juridique sécurisé de l’exploitation des ouvrages hydroélectriques.
synergies », notamment « l’optimisation conjointe des parcs nucléaire et hydroélectrique ». Le modèle
économique de l’entité dédiée s’en trouverait fragilisé, et cette solution est dès lors « largement
refusée », notamment par les exploitants et certaines organisations syndicales. En outre, une
séparation des activités hydroélectriques du reste des activités d’EDF réveille les craintes qu’elle
marque le début d’une fragmentation de notre champion national.
puissance publique des prescriptions pour l’opérateur, inspirées des cahiers des charges actuels. Un tel schéma est évalué comme compatible avec le respect des critères relatifs à la sûreté, à la
sécurité d’approvisionnement et au partage de la ressource en eau. C’est la solution qui recueille
la plus forte adhésion parmi toutes les personnes auditionnées par la mission d’information, y compris EDF et la Compagnie nationale du Rhône (CNR). Pour autant, le passage à l’autorisation soulève la question sensible du « transfert de la propriété des ouvrages aux exploitants actuels », et donc la perte de leur propriété publique. Notant que le droit européen et français n’impose pas que l’exploitant soit propriétaire, le rapport souhaite « idéalement, ne pas céder les ouvrages » afin de préserver la propriété publique, et donc la souveraineté. Si des cessions
intervenaient néanmoins, il faudrait définir un prix conforme au droit européen des aides d’Etat, et
encadrer strictement toute cession ultérieure, par exemple via un régime de quasi-domanialité
publique..
La bascule vers ce régime – inédite à cette échelle – nécessiterait un « encadrement strict », avec des
prescriptions législatives et réglementaires pour garantir la sécurité d’approvisionnement, la sûreté,
la gestion de l’eau, le maintien de la qualification d’ouvrage public et la préservation des
redevances locales. De plus ces solutions ne seraient que partielles, car il faudrait lever le
deuxième contentieux de la position dominante d’EDF, et probablement proposer des mesures
compensatoires.
Si aucune option ne fait l’unanimité, la mission appelle surtout « à défendre absolument » à Bruxelles la
révision de la directive « Concessions », en partant du principe que « le régime concessif – sans remise en
concurrence – demeure le plus adapté à l’exploitation des ouvrages ». La Commission européenne a
elle-même engagé fin 2024 un processus de consultation en ce sens. Le rapport estime la reconnaissance des spécificités de l’hydroélectricité « plus que légitime », au même titre que les activités du secteur de l’eau qui ont été exclues du champ de la directive. « L’hydroélectricité ne peut être traitée comme n’importe quelle activité économique. Comme l’eau, les ouvrages hydroélectriques
sont des biens communs », insistent les rapporteurs. Selon eux, cette dernière solution présente « le plus
haut degré de sécurité juridique pour les exploitants » et « préserverait la propriété de l’Etat sur les
ouvrages […] et ne changerait rien au fonctionnement des entreprises en place ». Cependant, son « issue
est incertaine » et prendrait du temps, est-il admis.
Pour faciliter la clôture des procédures et « amoindrir le risque d’une contestation ultérieure par les
concurrents », la mise en place de contreparties pourrait être déterminante pour la Commission
européenne, avance aussi le rapport.
Il importe donc désormais qu’à partir de ce travail parlementaire le Gouvernement prenne une initiative et pèse enfin à Bruxelles pour sortir du dogme de la concurrence « pure et parfaite » qui est plus que jamais un l’heure. L’hydroélectricité est un bien commun qui ne doit pas rester dans le champ d’une concurrence économique totale. Il en va de notre souveraineté énergétique et de l’aménagement de notre territoire.
J’interrogerai le Ministre mardi prochain à ce sujet.



