Devoirs régaliens et mémoire pompidolienne.

11 juillet 2022
Des cadets de la gendarmerie à la cérémonie à la mémoire des policiers morts pour la France, à la commémoration (avec un retard dû au Covid et aux élections) de l’anniversaire de la mort du Président Georges Pompidou à Montboudif.
👉 Samedi denier à Aurillac, dans les jardins de la préfecture, avec Vincent Descoeur et Bruno Faure, nous avons assisté à la remise des diplômes aux jeunes cantaliens, cadets de la gendarmerie, qui ont réalisé cette mission d’intérêt général dans le cadre de leur Service National Universel.
👏Bravo à elles et à eux pour leur engagement ainsi qu’à ceux qui les ont encadrés.
👉 Ce vendredi avait lieu au commissariat d’Aurillac, la cérémonie officielle à la mémoire des policiers morts pour la France et en service commandé sous l’autorité de Serge Castel, #prefetcantal, dans le cadre de la journée de la Police nationale.
👏Hommage aux policiers décédés cette année. Cette journée est aussi l’occasion de remercier tous les policiers du Cantal, personnels administratifs et retraités pour leurs actions passées ou présentes afin de tous nous protéger.
👉 La Cérémonie organisée chaque année par les amis de Georges Pompidou et la mairie de Montboudif, sa commune natale, n’avait pas pu se tenir depuis 2019 et avait été décalée cette année d’avril à juillet pour cause de séquence électorale. Elle s’est tenue ce vendredi en présence notamment d’Alain Marleix, de Chrystèle Serre, Jean-Yves Bony, Valérie Cabecas et de nombreux élus et amis.
👉 C’est pour moi l’occasion de partager quelques ligne du Noeud gordien et des enseignements que nous pouvons en tirer en la période :
⏭ « Lorsqu’on a la responsabilité de gouverner un peuple, on n’a pas le droit de le précipiter dans l’inconnu sous prétexte que c’est amusant de détruire et que ce qui viendrait ensuite pourrait être meilleur. L’Histoire est là qui nous dit que l’idéal n’a jamais pu être atteint et que sa recherche frénétique a précipité les nations qui s’y sont livrées dans les abîmes.
Or, je suis profondément convaincu que, pour un pays comme la France, nous sommes au contraire à la fin d’une période de « libération ». Depuis vingt ans, toutes les contraintes traditionnelles – religieuse, familiale, sociale, sexuelle – se sont, non pas atténuées, mais effondrées. Beaucoup d’hommes d’Eglise ne croient plus ou donnent à peine l’impression de croire encore à la Grâce, aux Mystères, à la Vie éternelle même et ne prêchent plus que le bonheur sur la terre, ne veulent trouver la foi que dans la connaissance claire et par la réflexion individuelle, substituant en fait à la religion, une sorte de morale sociale évangélique, en elle-même très respectable, mais qui est tout sauf une foi, et où la revendication remplace l’espérance. La famille se relâche, par le divorce, par la liberté des époux et plus encore par la liberté des enfants, devenus maîtres à la maison, faisant prévaloir leurs goûts et leurs besoins, mieux, les faisant partager par les parents. Quant à la liberté des rapports sexuels, à la transformation dans la vie de la femme et de la jeune fille, qu’ont amenés les moyens de contraception, il suffit d’évoquer le sujet pour que chacun en ressente l’évidence. Faut-il redire combien la notion de patrie a perdu toute valeur pour beaucoup de jeunes et souligner l’illusion de ceux qui voudraient lui substituer purement et simplement la notion de l’Europe, notion qui n’a d’attrait pour cette jeunesse que dans la mesure où elle reste abstraite et n’implique aucune obligation ?
Or, en même temps que s’instaure ainsi dans les mœurs et les esprits une sorte d’anarchie, l’homme se trouve doté, du fait des découvertes scientifiques, d’une puissance d’action sur les éléments certes, mais aussi sur l’homme, toute nouvelle et démesurée. Le savant, l’ingénieur, le technocrate disposent de moyens colossaux. Ces moyens, pour l’essentiel, se concentrent entre les mains d’un Etat et d’une administration qui encadrent les individus, les mettent en fiches perforées, les désigneront demain par un numéro, déterminant la progression du niveau de vie, les activités souhaitables et leur répartition géographique, prenant en charge l’éducation, l’instruction, la formation professionnelle, bientôt le devoir et le droit de procréation, déjà la durée du travail et des loisirs, l’âge de la retraite, les conditions de la vieillesse, le traitement des maladies. Encore fait-il ajouter que les responsables des grands Etats sont en mesure de précipiter l’humanité dans le néant par la guerre atomique. Ainsi, au moment même où l’individu se sent et se rend libre des contraintes traditionnelles, s’édifie une machine technico-scientifique monstrueuse qui peut réduire ce même individu en esclavage ou le détruire du jour au lendemain. Tout dépend de ceux qui tiendront les leviers de commande.
Qu’on ne se berce pas de l’illusion du contrôle. Une fois au volant de la voiture, rien ne peut empêcher le conducteur d’appuyer sur l’accélérateur et de diriger le véhicule où il le veut. Seul le choix des dirigeants demeure à la disposition du peuple, ce choix, et les institutions, les lois qui y président.
Choix des dirigeants. Je veux dire que la République ne doit pas être la République des technocrates, ni même des savants. Je soutiendrai volontiers qu’exiger des dirigeants du pays qu’ils sortent de l’ENA ou de Polytechnique est une attitude réactionnaire qui correspond exactement à l’attitude du pouvoir royal à la fin de l’Ancien Régime exigeant des officiers un certain nombre de quartiers de noblesse. La République doit être celle des « politiques » au sens vrai du terme, de ceux pour qui les problèmes humains l’emportent sur tous les autres, ceux qui ont de ces problèmes une connaissance concrète, née du contact avec les hommes, non d’une analyse abstraite, ou pseudo-scientifique, de l’homme. C’est en fréquentant les hommes, en mesurant leurs difficultés, leurs souffrances, leurs désirs et leurs besoins immédiats, tels qu’ils les ressentent ou tels qu’il faut leur apprendre à les discerner, qu’on se rend capable de gouverner, c’est-à-dire, effectivement, d’assurer à un peuple le maximum de bonheur compatibles avec les possibilités nationales et la conjoncture extérieure. L’époque n’est plus à Louis XIV dans son palais de Versailles, au milieu de ses grands, mais n’y ressemblerait davantage qu’un Grand Ordinateur dirigeant de la salle de commandes électronique le conditionnement des hommes. Mieux vaut encore, pour prendre un exemple concret, un patron de combat contre lequel des syndicats puissants défendent les droits des travailleurs qu’une machine IBM réalisant les conditions propres à obtenir le rendement maximum dans une ambiance de musique douce et de couleur apaisante. Le bonheur que nos ingénieurs préparent à l’homme de demain ressemble vraiment trop aux conditions de vie idéale pour animaux domestiqués. En vérité, l’avenir serait plutôt à Saint Louis tel qu’on se l’imagine sous un chêne au milieu de son peuple, c’est-à-dire à des chefs ayant une foi, une morale, et répudiant « l’absentéisme du cœur ».
A défaut qu’on puisse en arriver là, et nous en sommes loin, il faut des institutions, des institutions qui assurent à toutes les étapes de la vie, à tous les échelons de la société, dans tous les cadres où s’insère la vie individuelle – famille, profession, province, patrie – le maximum de souplesse et de liberté. Cela, afin de limiter les pouvoirs de l’Etat, de ne lui laisser que ce qui est sa responsabilité propre et qui est de nos jours déjà immense, de laisser aux citoyens la gestion de leurs propres affaires, de leur vie personnelle, l’organisation de leur bonheur tel qu’ils le conçoivent, afin d’échapper à ce funeste penchant qui, sous prétexte de solidarité, conduit tout droit au troupeau. Cela, afin de permettre au peuple de choisir ses dirigeants en connaissance de cause, de percevoir à l’expérience et avant qu’il ne soit trop tard ceux qui pourraient être tentés par le pouvoir sans limites que donnent les moyens techniques.
Car cette évolution parallèle à laquelle nous avons assisté de l’anarchie dans les mœurs et de l’accroissement illimité du pouvoir étatique va bien au-delà des récriminations contre la dictature des bureaux ou alors faut-il l’entendre au sens de l’univers de Kafka. Elle porte en elle-même un péril immense et dans lequel nous pouvons tomber de deux manières opposées. Soit en faisant prévaloir l’anarchie, qui détruirait rapidement les bases mêmes de tout progrès et déboucherai fatalement sur un totalitarisme de gauche ou de droite ; soit en allant directement vers la solution totalitaire. Le péril n’est pas illusoire. Les théoriciens peuvent, dans l’abstraction, accumuler les raisonnements subtils et compliquer à l’envi les nœuds du problème humain. Nous sommes arrivés à un point extrême où il faudra, n’en doutons pas, mettre fin aux spéculations et recréer un ordre social. Quelqu’un tranchera le nœud gordien. La question est de savoir si ce sera en imposant une discipline démocratique garante des libertés ou si quelque homme fort et casqué tirera l’épée comme Alexandre.
Le fascisme n’est pas si improbable, il est même, je crois, plus près de nous que le totalitarisme communiste. A nous de savoir si nous sommes prêts, pour l’éviter, à résister aux utopies et aux démons de la destruction. « Je n’étais bon ni pour tyran ni pour esclave », disait Chateaubriand. Je souhaite que demain les dirigeants et les citoyens de mon pays soient pénétrés de cette maxime. »
Le Nœud gordien, Georges Pompidou 1974
👉 Le Nœud gordien est le nœud inextricable qui attachait le joug au timon du char du roi de Phrygie, la domination du monde était promise à celui qui le dénouerait. Alexandre le trancha. Aujourd’hui, trancher le Nœud gordien, c’est résoudre une difficulté qui parait insurmontable, c’est redonner à notre République ses valeurs et permettre à chacun de les vivre : Liberté et Egalité bien sûr, mais plus encore Fraternité. C’est notre défi collectif.
Notre démocratie, au Nœud de l’autorité et de la citoyenneté, nécessite la bonne distance, la justesse, l’équilibre. Le temps est venu d’imposer une discipline démocratique garante des libertés, de l’équité, de la fraternité, de la durabilité et d’une inscription dans le temps long. Avec d’autres, je souhaite y contribuer, dans l’écoute de tous.
Tel est la richesse de l’enseignement de notre grand homme Cantalien.
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