TRIBUNE PARTAGÉE :« L’Etrange défaite » du Macronisme par David Lisnard

27 juin 2024

⚫️ TRIBUNE PARTAGÉE :
« L’Etrange défaite » du macronisme par David Lisnard.
Je partage cette tribune publiée dans le journal « l’Opinion » du jour à laquelle je souscris très largement, y ajoutant que ce sera à partir du terrain, des élus locaux, des citoyens engagés, que le sursaut sera possible.

💬 « La débâcle politique actuelle est donc le fruit de plusieurs paramètres, certains immédiats, d’autres plus profonds

Il y a 80 ans, le 16 juin 1944, à Trévoux, après des mois de captivité aux mains de ses bourreaux nazis, Marc Bloch tombe à terre, fusillé. Il crie dans un dernier souffle les mots qui l’ont toujours animé : « Vive la France ».
Par ce panache et un engagement patriotique aussi absolu que son souci d’objectivité intellectuelle, Marc Bloch est un héros français.

Ancien combattant blessé en 14-18, volontaire en 1940 malgré son âge, puis résistant, torturé, fusillé, il laisse une œuvre d’historien rigoureux et créatif en cofondateur de l’école des annales. Sa bibliographie est courte mais puissante. L’excellent ouvrage « L’étrange défaite » en est la quintessence. Il y dissèque « à chaud » les causes de l’effondrement de l’armée française en 1940 et livre un réquisitoire implacable contre ceux qui en portaient la responsabilité.

Marc Bloch y dénonce la désorganisation des institutions, la crise civique et morale du pays ainsi que le comportement des dirigeants militaires ou politiques.

Ces critiques, formulées il y a huit décennies, résonnent aujourd’hui avec une acuité troublante alors que le président de la République a dissous la représentation nationale et continue, dans un entêtement insensé, à vouloir théâtraliser sa confrontation avec les extrêmes, ce qui ne fait que les attiser. Car les admonestations morales adressées aux Français contre les extrêmes ont d’autant plus de mal à être entendues qu’elles résonnent dans le vide destructeur de l’impuissance publique de l’exécutif.

Le Covid avait déjà été pour l’opinion un révélateur de la folie administrative française, autant coûteuse qu’impuissante pour régler les problèmes du ressort collectif. C’est la même matrice étatiste et bureaucratique, qui confond les modalités et les finalités, à la fois sans principes forts et sans pragmatisme, sans culture du résultat et de l’évaluation, que nous voyons à l’œuvre depuis de nombreuses années dans tous les domaines de l’(in)action publique.

Plutôt que de chercher à comprendre les raisons de son échec, Emmanuel Macron a préféré renverser la table. La débâcle politique actuelle est donc le fruit de plusieurs paramètres, certains immédiats, d’autres plus profonds.

Le manque de savoir-faire du président de la République en est certes une cause évidente. Mais il y en a d’autres plus structurelles. L’échec politique du macronisme est aussi en effet une expression de l’échec du technocratisme dans la gestion publique ; ce qui exaspère les citoyens et stimule les populismes. Le conformisme nourrit toujours le révolutionnarisme. Et inversement.

Or, plutôt que de chercher à comprendre les raisons de son échec, Emmanuel Macron a préféré renverser la table, sans avoir rien de nouveau à proposer, organisant de fait la confusion et le chaos.

La France s’en retrouve une fois encore confrontée à des dirigeants incapables de remettre en cause l’interprétation de leur victoire passée – donc de se remettre en cause – et persuadés au contraire de toujours détenir la vérité.

« Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts », déclarait en septembre 1939 Paul Raynaud. On sait ce qu’il en advint. « Nous pensions en retard », avait si justement écrit Marc Bloch. Aujourd’hui nos dirigeants pensent « à côté », érigés sur la petite estrade de leurs grandes postures morales et englués dans des combinazione électorales qui ne répondent pas aux enjeux du pays et continuent d’alimenter la crise démocratique.

Le paysage politique français est désormais un champ de ruines sur lesquelles s’agitent les forces de la démagogie, du mépris et du défaitisme
Ces dernières années, la facilité de la mise en scène s’est substituée à l’effort des convictions, les mots remplaçant l’action dans la version ultime de l’absolutisme inefficace que dénonçait déjà du temps de François Mitterrand le lucide Jean-François Revel.

Au sommet de l’Etat, mais aussi dans nombre de sphères dirigeantes, dans certaines grandes organisations patronales et syndicales comme dans le monde médiatique, le déni aura donc précédé la débâcle ; et le paysage politique français est désormais un champ de ruines sur lesquelles s’agitent les forces de la démagogie, du mépris et du défaitisme qui ravivent les ferments de la division interne.

Certes, le combat contre l’étatisme clientéliste, avec son flot de flatteries infantilisantes et de dépenses électoralistes, ne sera hélas pas gagné le 7 juillet prochain, mais une nouvelle offre politique peut et doit désormais ouvrir une alternative au régime des technocrates et aux promesses des démagogues.

Tel est l’enjeu de l’affirmation d’une voie – et d’une voix – politique indépendante, libérale, réaliste, même si ce chemin n’est pas encore visible et audible. C’est dans le chaos qu’apparaissent les forces du renouveau.

Pour Marc Bloch, « le plus grand mal de notre temps, c’est que nous avons perdu la foi dans les grandes causes, et même dans la cause de notre pays ».

Cette foi, celle qui donne son sens à la vie et au sacrifice de Marc Bloch, est la seule qui puisse permettre de souder dans la République française, comme dans la Résistance hier, des hommes et des femmes que séparent les opinions, les croyances, les origines, les conditions sociales.

A travers sa vie, son examen de conscience et son exemple, Marc Bloch nous enseigne qu’il « n’est pas de salut sans une part de sacrifice ni de liberté nationale qui puisse être pleine si on n’a travaillé à la conquérir soi-même. »

Pour éviter qu’une nouvelle « étrange défaite » ne vienne entacher notre histoire et plonger les vies de nos enfants dans la tragédie, nous devrons faire preuve du courage nécessaire pour conduire une équipe, un projet, un pays à sa destinée par la voie la plus ardue, celle de l’effort salvateur, celle de la constance et de la cohérence dans les valeurs, les principes et les actes.

« La défaite n’a rien de définitif pourvu qu’une prise de conscience collective de la possibilité d’un sursaut eût lieu ». Puisse cette voix résonner parmi les Français et donner une nouvelle énergie à notre pays. Ainsi va la France. »

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