
Comme l’a dit Michel Barnier hier à l’Assemblée nationale « La France est engagée en territoire inconnu ».
On ne peut s’empêcher en effet d’être saisi d’un vertige alors que le gouvernement, constitué de haute lutte en septembre dernier, vit ses dernières heures, sauf surprise bien improbable de dernière minute.
Le Premier ministre va intervenir ce soir devant tous les Français à 20h. Que va-t-il dire? Cela peut-il modifier la donne et le vote qui doit intervenir demain sur les motions de censure?

Une censure se traduirait par « une tempête sur les marchés financiers », un « chaos politique et financier », le risque d’un « scénario à la grecque », a averti le gouvernement.
Le plus probable, en cas de chute du gouvernement, est que le Parlement adopte une « loi spéciale » (il y faudra une majorité) permettant de lever l’impôt dans les mêmes conditions qu’en 2024, et que les crédits soient reconduits à l’identique. Cette manoeuvre, prévue à l’article 47 de la Constitution, a l’avantage d’assurer la continuité des services publics, mais n’enlève rien à la nécessité de voter un budget en début d’année.
On aurait ainsi mécaniquement des inactifs davantage protégés et à l’inverse, des contribuables actifs davantage imposés.

Le recours à la « loi spéciale » inquiéterait les marchés financiers. L’incertitude politique provoque déjà un renchérissement du coût de financement de la dette française. L’écart de taux à long terme avec l’Allemagne (le « spread ») a dépassé les 80 points de base ces derniers jours. Avec une loi spéciale, on ne peut pas exclure qu’il dépasse le cap symbolique de 100 points de base. Or, 100 points de base, c’est 30 milliards de charges d’intérêt supplémentaires par an, au bout de sept ou huit ans, quand l’intégralité de la dette a été refinancée. Ce serait donc un coup très dur porté à nos finances publiques, mais aussi pour tous ceux, entreprises et particuliers, qui doivent emprunter.