Retraites : une réforme légitimée par le vote du Sénat

11 mars 2023

🏛️ Retraites : une réforme légitimée par le vote du Sénat après usage de toutes les armes constitutionnelles, mais suscitant toujours un fort rejet.

🔴📚 Après 8900 amendements déposés, 10 jours de séance, plus de 100 heures de débat, l’utilisation des articles 47-1 et 44-3 de la constitution, les innombrables rappels au règlement intérieur du Sénat, ultime vérification de quorum… bref après une accumulation de procédures rarement mises en mouvement de manière aussi forte et aussi concentrée, le Sénat a adopté, sous la présidence bienveillante et avisée du Président Gérard Larcher, qui a présidé une grande partie des séances permettant un débat serein malgré le contexte, le projet du Gouvernement qu’il a amélioré pour tenter de le rendre plus juste.
Je ne vais pas ici entrer dans le détail des mesures, ce n’est pas le sujet du moment me semble-t-il (j’y reviendrai quand le texte sera adopté) mais plusieurs améliorations ont été introduites, sans remettre toutefois en cause les orientations majeures du projet initial.
Le texte sera probablement adopté en CMP et validé par les deux chambres, peut-être avec le recours à l’Assemblée Nationale au 49-3, toutes les armes constitutionnelles auront alors été mobilisées.
Voilà pour le factuel.
Le Sénat, même avec l’encadrement de ses prérogatives, a su redonner toute sa noblesse et sa finalité au débat parlementaire : débattre, délibérer, décider, voter. C’est essentiel pour reconnaître le fait majoritaire et éviter la « dictature » des minorités, même lorsqu’on n’est pas d’accord avec le vote final.
Il faut en effet rappeler qu’en démocratie la loi ne se fait pas dans la rue mais au Parlement.

⛔️ Je ne reviens pas en détail sur ma position qui m’a conduit en responsabilité et en transparence à ne pas voter cette réforme pour 5 raisons que j’ai développées dans ma Newsletter du lundi 6 mars :
❗️C’est la réforme du mensonge ou des faux semblants, et cela à plusieurs titre,
❗️C’est une réforme comptable alors qu’il s’agit d’une question de société,
❗️Ce n’est pas la bonne réforme mais il faut une réforme (chute permanente du nombre de cotisants par rapport au nombre de retraités), en particulier je ne suis pas favorable au report de l’âge légal à 64 ans,
❗️Ce n’est pas le bon moment pour faire cette réforme au regard de la situation de notre pays et des difficultés que connaissent de nombreux français,
❗️C’est en outre une réponse au mépris que l’on subit par ailleurs, en particulier dans nos territoires ruraux.

🔴 Cette réforme impopulaire, mal ficelée, mal présentée, inutile (car elle ne résout rien dans la durée), inefficace (car elle ne consacre que peu d’économies), inadaptée (car elle n’appréhende pas la question du rapport au travail dans sa globalité), ne va faire que creuser de nouvelles fractures dans notre pays et présente un risque politique et institutionnel majeur. Alors qu’elle aurait pu être l’occasion de renouer des liens entre générations, de faire communauté.
La responsabilité de ses auteurs est lourde à cet égard, au moins autant sur la forme que sur le fond. Rappelons nous, sans se faire inutilement peur mais tout de même, cette phrase de Camus :
💬« Toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme ».

🔴 J’en reviens à cette courte phrase bien banale qui me semble caractériser le psychodrame que nous vivons : 💬« Tout ça pour ça ! »
Mobiliser « l’artillerie lourde » pour une cause aussi limitée. Si encore nous avions porté la réforme systémique de notre régime de retraite pour le refonder pour les 70 ans qui viennent, comme le CNR avait su fonder, il y a 70 ans, notre système actuel. Mais hélas non, il n’en est rien !
❗️Du côté du Gouvernement, faire autant de « dégâts » dans notre société fracturée, inquiète, qui s’appauvrit, pour si peu de gain, c’est prendre un bien grand risque.
❗️Mais c’est prendre un risque tout aussi grand du côté des oppositions de la Nupes (mais où est passée la social-démocratie?) que d’instrumentaliser nos institutions, de faire ainsi preuve d’obstruction parlementaire et au final de jeter un tel doute sur notre régime démocratique.

🔴 Je regrette pour ma part que nous n’ayons pas su, pu ou voulu, proposer une autre voix. Ni celle de la démagogie d’extrême gauche ignorant les réalités de nos finances publiques, ni celle de l’arrogance d’une majorité présidentielle ignorant les réalités du pays et voulant seulement ramener par tous les moyens le « Totem des 64 ans » à Bruxelles.
Je le redis ici ce n’est pas d’abord d’une réforme des retraites dont nous avons urgemment besoin, même s’il en faut une en effet, mais d’une réforme de notre pays qui vit au dessus de ses moyens, qui met à mal depuis trop longtemps sa démocratie, qui reste enfermé dans ses métropoles, ses illusions mondialistes et ses dogmes européens, qui ne comprend plus le pays profond.

🔴 Les conséquences de l’adoption probable désormais de ce texte ne sont pas prévisibles.
Mais il est certain que cet épisode aura scellé un nouveau pas dans une direction plus incertaine que jamais, où l’espoir qui a trop souvent cédé la place à la résignation, peut se transformer en colère froide, par- delà la colère chaude qui s’exprime momentanément et déjà plus faiblement semble-t-il. La septième journée de la mobilisation contre la réforme des retraites, qui s’est tenue ce jour, a en effet enregistré la participation la plus faible depuis le début du conflit social.
Nous avons besoin d’urgence d’une conférence sociale sur le travail qui aurait dû précéder cette réforme mais qu’il faut maintenant conduire sans attendre.

❗️Bref retour en train dans le Cantal ce dimanche soir après dix jours de présence dans l’hémicycle, pour une journée de travail (et notamment la participation à la commission départementale de la DETR), avant de défendre au Sénat notre proposition de loi relative au ZAN dès mardi et celle sur la liberté de l’exercice de la compétence « eau » jeudi.





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