Gérard Larcher, Président du Sénat, rappelle le cadre.
🟦 Face aux désordres qui traversent notre société : désordre de la rue, des finances publiques, des esprits, des institutions…, le Président du Sénat avec sagesse et fermeté a rappelé ce mardi en début de séance quelques règles essentielles. La constitution du 4 octobre 1958 stipule que le Parlement vote la loi et dispose du droit d’amendement. Les seuls à détenir le pouvoir législatif sont les parlementaires. Et dans notre pays, ce qui est une chance pour l’équilibre des pouvoirs, prévaut le bicamérisme. Aucune commission, aucun comité d’experts, dépourvu de légitimité démocratique, ne saurait donc écrire la loi. L’Assemblée nationale ne saurait davantage réécrire un article après l’adoption d’un texte et tandis qu’il est déjà dans la navette et sur le bureau du Sénat pour l’examiner. L’urgence est de revenir à un fonctionnement normal de nos institutions.
🟦 En cette période où les fondements de notre démocratie, de notre république, vacillent, j’ai voulu partager une réflexion plus philosophique et humaine, donc essentielle, que m’a inspirée la relecture des « Pensées » de Pascal. Cela peut d’ailleurs être une grille de lecture pour toute notre actualité du moment.
📌 « La tyrannie consiste au désir de domination, universel et hors de son ordre », écrit Pascal dans « les Pensées ». Le tyran pour Pascal n’est donc pas celui qui gouverne avec autorité, mais celui qui gouverne ou prétend gouverner dans un ordre où il n’a aucun titre légitime à le faire. C’est celui qui veut « avoir par une voie ce qu’on ne peut avoir que par une autre ». Pour Pascal, il y a trois ordres : l’ordre de la chair, l’ordre de la raison, l’ordre du cœur. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut notamment dire que pour se faire croire, il n’a jamais suffi d’être le « chef », il faut être crédible. C’est quand on oublie cette différence qu’on est ridicule, et dès lors, à proportion du pouvoir dont on dispose, qu’on est tyrannique. Le ridicule, c’est la confusion des ordres. La tyrannie, c’est le ridicule au pouvoir, autrement dit la confusion des ordres érigée en système de gouvernement.
📌 Il importe que notre société, et en premier lieu ses représentants, n’entre pas en tyrannie. Par ailleurs, j’ai toujours préféré et je préférerai toujours tendre concilier deux qualités qui me paraissent essentielles en politique : le sens de l’obéissance (la discipline, l’autorité, la fidélité) et la liberté de l’esprit qui nécessite souvent du courage. Les crises sanitaires, sécuritaires, sociales, économiques, écologiques, sociétales que nous traversons appellent plus que jamais à cultiver cet équilibre pour relever les défis et retrouver un cap.
📌 « Obéissance au pouvoir, respect à l’esprit seul », disait Alain, et donc résistance à toute tyrannie. J’ai encore lu récemment sous la plume d’un des plus illustres dirigeants que la France ait connu, qu’être indocile est une qualité ! Même s’il importe aujourd’hui de rétablir une autorité juste.