Le pic des taux d’intérêt concerne aussi les collectivités locales

23 août 2023

🔴 Le pic des taux d’intérêt concerne aussi les collectivités locales qui vont devoir encaisser ce choc.

♦️Si l’augmentation des taux d’intérêt impacte fortement le budget de l’Etat et ne manque pas d’inquiéter (voir schémas joints), puisque cela va nécessiter à termes de trouver pas moins de 15 milliards d’euros d’économies par ailleurs pour tenir les objectifs de réduction du déficit public, ce phénomène concerne aussi les collectivités territoriales. Les taux auxquels les banques prêtent aux collectivités locales continuent en effet leur ascension. Le secteur semble en mesure d’y faire face même si cette nouvelle donne provoque des inquiétudes.

♦️Comme pour les particuliers, les coûts du crédit pour les collectivités locales ont en effet continué de grimper en 2023. Au deuxième trimestre, le niveau moyen des taux fixes des prêts sur 15 ans a ainsi atteint 4 %, selon Finance Active. On était encore entre 0,5 % et 0,7 % fin 2021, début 2022. La hausse est donc considérable. Outre les relèvements successifs des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) depuis l’été dernier, elle est aussi poussée par la hausse des marges bancaires, qui ont doublé.

♦️Mais l’impact réel est encore assez peu sensible. L’effet de la remontée des taux fixes sera progressif, assez lent et interviendra au fur et à mesure que les vieux emprunts souscrits à des taux plus faibles disparaissent. En 2023, la remontée des taux courts, qui vient renchérir le stock des emprunts à taux variable, joue davantage. De même cela commence à impacter les lignes de trésorerie qui servent souvent à assurer le préfinancement des aides publiques pour les projets d’investissement. Après avoir longtemps évolué en territoire négatif jusqu’à l’été 2022, ces taux dépassent désormais les 3,8 %.

♦️Autre épine dans le pied, le renchérissement des prêts indexés sur le Livret A (6 % de la dette des collectivités en moyenne), dont le taux est passé de 2 à 3 % en février dernier. Depuis le 1er février 2022, les échéances ont donc triplé. Des communes pourraient se retrouver en graves difficultés pour honorer le paiement de leurs intérêts. Certaines vont certainement devoir revoir leurs investissements. L’impact est particulièrement fort pour tout le secteur du logement social déjà en difficulté.

♦️En 2022, le taux moyen des nouveaux financements (y compris les emprunts obligataires) était ressorti à 2,07 % contre 0,62 % en 2021, selon Finance Active. Ce renchérissement des coûts d’emprunt n’est pas encore un phénomène trop grave, car les charges financières resteront malgré tout une faible part des dépenses de fonctionnement des collectivités locales. Mais il n’en est pas moins préoccupant car cela joue à l’inverse de ce qui se passait jusqu’en 2021. De quoi appeler sans doute un changement de culture budgétaire, dans un contexte d’inflation qui continue à peser fortement sans qu’on puisse identifier un réel rebasage à la baisse. On se contente en effet d’effet la fin de la hausse sans espérer le retour aux niveaux de 2019.

♦️« Les élus continuent encore à privilégier les taux fixes. Mais par les temps qui courent, ce n’est pas forcément un choix judicieux. La politique de hausses de taux de la BCE ne devrait pas durer éternellement et les collectivités qui engrangent jusqu’à la fin des années 2030, voire au début des années 2040, des emprunts à taux fixe à 4 % risquent donc de ne pas faire une bonne affaire », prévient Michel Klopfer, dont chacun connaît la notoriété en matiere de finances publiques locales. Les choix ne sont pas si simples et ce contexte risque de freiner l’investissement public local dont nous avons pourtant tant besoin.




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