Si chacun est compréhensible individuellement, ce cumul de dépenses ou de limitation de recettes, en réponse bien souvent à un chantage à la censure ou au soutien, c’est selon, vient mettre en péril le rétablissement de nos comptes.
Nous avons aussi adopté le report de trois ans de la suppression progressive de la CVAE, ainsi que l’aménagement des dispositifs de déductions et d’exonérations applicables au secteur agricole.
On aurait pu espérer qu’à la mesure du temps, les alternances passant, les exemples de réussites étrangères contre le chômage finissant par faire pédagogie, la France allait enfin faire siens quelques rudiments en économie. Quelques principes tels qu’on ne dépense pas plus qu’on ne gagne, qu’on doit produire avant de distribuer, qu’il n’y a pas de richesse sans travail.
Mais non… Echec total. Tous les événements depuis quinze ans, comme la crise financière ou la pandémie de Covid, ont servi dans le sens contraire pour raffermir les deux piliers de la pensée économique nationale : un, la politique doit s’imposer à l’économie ; et deux, l’argent il y en a, il suffit « de le prendre là où il est ».
C’est ainsi que s’explique le spectacle de délire aigu que donne l’Assemblée nationale, heureusement le Sénat est plus sage. Le refus du constat pourtant si simple que l’Etat, les collectivités (dans une moindre mesure tant elles ont déjà été ponctionnées) et la Sécu doivent réaliser des économies, reste très présent.
Trouver 40 milliards d’euros dans des dépenses totales de 1600 milliards, c’est-à-dire 2,5 %, tous les ménages, mêmes démunis, savent le faire. Pourquoi l’Etat ne saurait-il pas ? Las, chaque économie proposée par le Premier ministre déclenche des hurlements. Dépenser plus, non pour une cause comme naguère, pour l’Education ou la Défense, mais désormais hélas davantage par un électoralisme au grand jour affiché qui confine à l’infantilisation. Le bien commun, comme les comptes globaux du déficit et de la dette, ont largement disparu.
Ce délire dépensier contraste avec la gravité de la situation mondiale. Le conflit sino-américain ne tournera peut-être pas à une guerre des armes mais la guerre économique et technologique est, elle, déjà déclarée.
Il fallait, lors du premier mandat d’Emmanuel Macron, rétablir la compétitivité française pour créer des emplois et affermir la croissance. Il faut, aujourd’hui, réarmer l’économie française, son industrie, son système énergétique, son école, sa santé, son Etat pour ne pas se faire écraser par les géants. C’est un changement de niveau de « la politique de l’offre » auquel la France devrait se préparer.
En outre, la stérilité politique française se cache, en ce moment, derrière celle de l’Allemagne. Mais qu’on ne s’y trompe pas : les élections de février prochain vont conduire notre voisin à des grandes réformes productives « à la Schröder ». L’Allemagne est lente mais elle va bouger et reprendre seule un leadership en Europe. Si elle ne fait pas de même, la France se vassalisera.
Or nous assistons à une sorte de délire au carré. Continuer à dire aux Français qu’ils peuvent travailler moins est mentir et percer la coque du navire France.
La France doit travailler plus,inventer plus, commercer plus, planter plus, construire plus.
Et tout cela avec davantage de justice et de bon sens pour que chacun soit acteur du projet national avant de bénéficier en retour de la solidarité nationale. Mais pour cela nous avons besoin de renouer avec notre souveraineté, avec l’effort partagé, avec le courage, pour s’inscrire dans un nouveau récit national. Nous allons tenter de nous engager sur ce chemin avec l’avancée de ce budget mais le terrain est hélas bien miné.
Réjouissons nous en … mais visiblement on rebâtit plus facilement une cathédrale qu’un quinquennat !