Enjeux des futures élections européennes

26 avril 2024

🔵Enjeux des futures élections européennes (2).

Dans 45 jours se tiendra l’élection des députés français au Parlement européen . Avec son discours de La Sorbonne 2, Emmanuel Macron a marqué le vrai départ de la campagne mais aussi ouvert le débat de la feuille de route de l’UE au delà de juin prochain. Pour l’instant nous vivons le faux duel, c’est-à-dire le vrai duo, qui réunit Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Même si les autres courants politiques et leurs têtes de listes tentent de s’inviter dans le débat.

D’un côté, le deuxième quinquennat du Président ne semble être qu’une pénible fin de règne, où le Président minoritaire essaie de chanter à nouveau les grands airs qui avaient fait ses succès d’hier. Le credo européiste du Président, sans doute sincère, est d’autant plus surjoué qu’il est censé compenser, dans le récit présidentiel, la faillite de la gouvernance nationale. Mais c’est justement les faiblesses intérieures qui limitent la portée de la parole de la France à l’extérieur et singulièrement en Europe.

Alors que la France devient un pays en voie de « sous-développement », handicapé par un Etat obèse et impuissant, géré de manière pour le moins légère, en étant souvent faible avec les forts et fort avec les faibles, incapable de gouverner sérieusement ses finances publiques, de rétablir l’ordre dans la rue, d’arrêter le chaos migratoire et de remettre d’aplomb le système éducatif et de santé, le président de la République discoure à la Sorbonne. Il propose de prendre en main le destin de l’Europe faute de maîtriser celui de la Fraance en dramatisant les enjeux.

Avec une certaine exaltation, il met en garde contre le risque de disparition de l’Europe, sans doute réel, comme toute institution, elle est mortelle. Pour autant, le « besoin d’Europe » apparaît désormais comme une défausse. Le chef de l’Etat, en difficulté sur de nombreux domaines, à la veille d’une probable dégradation de la note française, s’en remet ainsi aux institutions bruxelloises, non pas comme un amplificateur de la puissance française évanouie, mais comme une tentative de substitut magique.
Il agite la peur et fait des promesses dont on sait qu’elles ne sont en rien partagées par nos partenaires d’investissements lourds et conséquents, dont la France n’a plus les moyens et l’Europe sans doute pas encore si tant est qu’elle les ait un jour. La souveraineté est nationale, la puissance devrait être européenne. On peut partager cette ambition, mais en a t on encore les moyens.

Le chef de l’Etat voudrait que l’Union européenne double les investissements publics dans les secteurs d’avenir pour rattraper son retard sur les Etats-Unis et la Chine. Une vision qui risque de se heurter au scepticisme des partenaires européens de la France.

Le RN a su quant à lui analyser le désarroi de millions de Français méprisés ou croyant l’être par les titulaires successifs de tous les pouvoirs, lesquels ont souvent fait la leçon à ces Français, en leur disant « qu’ils ne voyaient pas ce qu’ils voyaient et en leur expliquant qu’ils ne comprenaient rien à rien ». Il leur offre une promesse de restauration de l’Etat, de l’ordre, de l’identité, de la prospérité ; et de libération des menaces venues de l’étranger ou de pseudo-élites traîtres à la nation.
Cette puissante rhétorique fonctionne à plein régime, d’autant qu’elle ne fait plus vraiment peur.

Voilà où nous avons été projetés en 2017, sans parvenir à nous en décoller, ni en 2019, ni en 2022. Le grand bégaiement n’en finit pas.
La faute à la droite traditionnelle comme à la gauche qui ne sortent pas de cet étau qui les fragmentent depuis sept ans. La faute aussi à cet « en même temps » dont on voit désormais toutes les limites, ce n’est pas un dépassement mais un affaissement.

Pourtant le 9 juin prochain, il ne s’agit en rien d’arbitrer un duel entre des personnalités, mais bien d’élire 81 députés lors d’un scrutin proportionnel à un seul tour, puis d’influer les orientations de l’UE.

La gauche tente de faire ce qu’elle a à faire, avec certains de ses représentants qui semblent heureusement enclins à rompre avec les délires woko-mélenchoniens. Il n’est pas impossible qu’une gauche laïque et patriote, préférant à nouveau l’ouvrier à l’étranger, soit capable de donner un contenu concret à l’idée de progrès social et puisse ainsi réoccuper une partie de l’espace politique.

Quant à la droite , elle doit assumer de ne pas être la droite d’avant-hier mais d’être la droite de demain. Qu’est ce à dire? Qu’elle doit sortir des postures qui ne seraient tournées que sur des sujets sécuritaires, majeurs mais pas uniques, ou resteraient figées sur des sujets societaux, pour embrasser les grandes questions :
– sociales, et d’abord celle du revenu par le travail,
– environnementales, en intégrant l’homme au vivant et en sortant de la norme,
– du progrès technique et scientifique en s’emparant vraiment se l’IA,
– de la protection et de la liberté due à chacun d’abord au niveau de l’éducation et de la santé, mais bien au-delà,
– d’une réforme profonde de l’Etat pour assumer notre destin européen et notre exigence décentralisatrice.

Notre cité n’est pas condamnée au grand bégaiement, si tous les partis politiques font leur travail et si les citoyens, eux aussi, acceptent d’assumer leurs devoirs : s’informer et réfléchir, avant de voter.

Jamais sans doute l’élection européenne n’aura revêtu autant d’enjeux qu’en 2024. Selon son issue nous pourrions avoir l’espoir de retrouver à la tête de nos institutions une personnalité de qualité comme Mario Draghi ou au contraire un prolongement de notre doux effacement, voire pire.




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