⚫️ « C’est quand qu’on va où ? »
🔜 Paraphraser Renaud pour parler de notre actualité m’a paru adapté, tant la honte qui frappe notre pays suite à cet acte absurde que fut la dissolution est grande. Nous voilà donc de retour aux pires heures de la IVème Republique, sans les talents, comme l’a dit justement Bernard Cazeneuve.
🔜 Pour le pouvoir, ces trois élections sont trois échecs. Pour la gauche qui se déchire déjà, prisonnière d’un accord qui ne valait que le temps d’une élection, c’est une illusion. Pour le RN, on peut déjà craindre que ce ne soit que partie remise. Pour la droite républicaine, hors du jeu du tripartisme actuel, c’est un sursaut mais encore bien faible.
🔜 Ces trois élections viennent encore confirmer l’existence de deux continuums socioculturels qui n’en finissent pas de se séparer. La France périphérique, fragilisée par le modèle, mais majoritaire, et une France des métropoles globalisées, où se concentrent emplois et richesses, mais structurellement minoritaire. Cette opposition entre les planètes « Métropolia » et « Périphéria », selon les propos de Jean-Claude Michéa repris par Christophe Guilluy, permet de comprendre les dynamiques culturelles et politiques à l’œuvre dans tous les pays occidentaux.
Le concept de « France périphérique » agit comme un révélateur, c’est pourquoi les clercs des médias ou de l’académie, qui ne peuvent plus nier ces dynamiques, utilisent maintenant des périphrases pour renvoyer cet ensemble majoritaire (petites villes, villes moyennes et rurales) à des « marges ». On parle ainsi de « France des campagnes » (en sous-entendant l’urbanophobie des ploucs), de « France périurbaine » (expression technocratique particulièrement brumeuse ; le périurbain des Yvelines par exemple n’a rien en commun avec le périurbain de Saint-Dizier), la France « des bourgs », « des sous-préfectures », « la France rurale » ; autant d’expressions qui permettent de panéliser et de minorer le continuum socioculturel majoritaire situé à l’écart des villes globalisées.
🔜 Mais désormais l’autonomie culturelle de cette France périphérique rend possible tous les basculements sociaux ou politiques et ce d’autant plus qu’aujourd’hui la France, déjà désindustrialisée et surendettée, repose sur une dangereuse faille sismique, celle d’un État-providence qui « tient tout », mais qui est en train de se fissurer. C’est pourquoi Christophe Guilluy affirme : « Il n’y a pas trois blocs mais deux : les métropoles contre la France périphérique » (voir l’article publié ce jour), et je le rejoins.
🔜 C’est pourquoi la responsabilité politique appelle à enfin bâtir une offre politique susceptible de permettre à cette France périphérique, majoritaire, de reprendre possession de son destin. Si je salue à ce titre la proposition de Laurent Wauquiez (voir article joint) qui prend des initiatives, il faut encore aller plus loin. Si la majorité des français est pour la restauration de l’ordre et la meilleure valorisation du travail, il y a bien d’autres réponses qui sont attendues et qui relèvent d’abord d’un nouveau dessein, d’un retour à la dignité et à la reconnaissance de chacun.
🔜 Un pacte législatif ne peut suffire. Nous avons besoin d’une plateforme de gouvernement qui peut s’appuyer sur un large spectre, loin des calculs politiques trop focalisés sur l’élection présidentielle. Nous devons répondre à l’appel qui a été lancé et faire preuve de courage.
🔜 L’honneur et la réputation du pays exigent de ceux qui prétendent à exercer le pouvoir un dépassement des calculs et des mesquineries.
Cette approche sera ma seule boussole pour soutenir au Sénat des initiatives qui doivent répondre aux attentes de cette France périphérique dont Ariane Mnouchkine, metteuse en scène, a enfin reconnu combien les gens de culture l’avaient méprisée. Il faut la citer : « Nous gens de gauche, nous, gens de culture. On a lâché le peuple, on n’a pas voulu écouter les peurs, les angoisses. Quand les gens disaient ce qu’ils voyaient, on leur disait qu’ils se trompaient, qu’ils ne voyaient pas ce qu’ils voyaient. Ce n’était qu’un sentiment trompeur, leur disait-on. Puis, comme ils insistaient, on leur a dit qu’ils étaient des imbéciles, puis, comme ils insistaient de plus belle, on les a traités de salauds (…). Une partie de nos concitoyens en ont marre de nous : marre de notre impuissance, de nos peurs, de notre narcissisme, de notre sectarisme, de nos dénis. »
Ariane Mnouchkine parle d’or. Enfin! La metteuse en scène semble avoir compris que les gens ordinaires en ont assez de se faire donner la leçon par des tartufes. Nous n’en sommes pas encore à une épiphanie du monde de la culture, mais au début d’une prise de conscience. Or, dans un milieu qui contribue depuis des décennies à produire des représentations qui dénigrent les classes populaires, cela n’est pas rien.
🔜 Tout cela me fait dire que le basculement vers une reprise de possession est proche. Le paradoxe serait aujourd’hui de confier les clés de la Maison France, dans cette situation ubuesque qui ne va même plus respecter la séparations des pouvoirs et nier Montesquieu, aux technocrates ce qui serait l’ultime paradoxe. Surtout, sans décision forte, nous sommes à la veille d’un choc fiscal sans précédent pour honorer une dette abyssale qui alimente une machine etatique inefficace !
🔜 Alors oui, « c’est quand qu’on va où ? Si tu pense un peu comme moi, alors dis « Halte à tout »… »