💶 🇫🇷 La note de la France est dégradée : la première des conséquences est un renchérissement de notre dette.
🇫🇷 Le verdict est tombé à 23h ce vendredi soir : l’agence de notation Fitch dégrade la note de crédit accordée à la dette publique française, qui passe de « AA – » à un simple « A + ». Il s’agit de la première des trois grandes agences à retirer son « double A » à l’Hexagone. Moody’s sera amenée à se prononcer le 24 octobre, suivie par S&P le 28 novembre, tandis que deux autres organismes de notation internationaux – DBRS et Scope – se prononceront dans la deuxième quinzaine de septembre.
🇫🇷 Beaucoup d’analystes anticipaient la décision de Fitch. La note de l’agence était inchangée depuis mai 2023, et assortie d’une perspective négative depuis l’automne dernier, ce qui laissait augurer une rétrogradation en cas de difficultés persistantes à rassurer les investisseurs sur la capacité du pays à remettre en ordre ses finances publiques.
🇫🇷 Or sur ce front, la situation est mauvaise. Le déficit public français, s’il doit être ramené de 5,8 à 5,4 % du PIB cette année, reste le plus élevé de la zone euro – et de loin. L’effort à fournir pour le ramener sous la barre des 3 %, qui permettrait de stabiliser le niveau de la dette en pourcentage du PIB, sera d’autant plus difficile qu’aucune majorité politique ne se dégage au Parlement depuis la dissolution ratée de l’été 2024. En moins d’un an, deux premiers ministres – Michel Barnier puis François Bayrou – ont chuté sur la question de la réduction du déficit. Et le nouveau locataire de Matignon, Sébastien Lecornu, se retrouve face au même « Himalaya budgétaire » que son prédécesseur.
🇫🇷 En dépit des signaux macro-économiques positifs de ces dernières semaines – notamment une croissance un peu meilleure que prévu – le blocage politique persistant compromet les perspectives de redressement budgétaire. Dans les simulations à moyen terme d’évolution de la dette publique réalisées par les équipes de Natixis, il apparaît que – quoi que fasse le ou les prochains gouvernements – la dette publique française va continuer à augmenter, au moins jusqu’en 2030, pour dépasser 120 % du PIB. Le seul scénario qui permette d’échapper à cette issue est un choc positif de croissance, auquel les experts de la banque ne voient pas de raison de croire à court terme.
🇫🇷 Dans ce contexte, les investisseurs financiers n’ont pas attendu la décision de Fitch pour changer progressivementleur regard sur la dette française . « Le marché perçoit la note de la France comme étant équivalente à BBB, soit 4 à 5 rangs en dessous de la note actuelle », relevait mercredi Théophile Legrand, stratégiste de taux chez Natixis CIB. De nombreux pays européens moins bien notés que la France empruntent aujourd’hui à de meilleurs taux. L’Espagne et le Portugal, tous deux noté « A – », se financent à moindre coût depuis un an, tandis que les taux demandés à l’Italie sont aujourd’hui quasiment les mêmes que ceux exigés de la France alors que Rome se voit encore attribuer un « BBB + » très éloigné de la note tricolore.
🇫🇷 En d’autres termes, si l’on considère les spreads de taux – c’est-à-dire l’écart entre les rendements exigés par les investisseurs pour acheter des titres de dette publique de deux pays différents – le verdict a déjà été rendu. Les agences de notation sont un peu le tampon de l’administration qui vient valider l’analyse des marchés.
🇫🇷 Le point positif est qu’une réaction brutale sur les marchés obligataires semble exclue. Les investisseurs ont déjà intégré les paramètres financiers et politiques dans leurs calculs, ils n’ont pas de raison de modifier leur comportement aujourd’hui – de la même façon que la dégradation en juin de la note belge à « A- » n’a pas entraîné de hausse significative des rendements.
🇫🇷 Cette dégradation s’accompagne toutefois de conséquences directes. Certains fonds, notamment étrangers (notre dette est détenue à 54 % par des investisseurs «non-résidents »), s’interdisent de détenir en trop grande quantité de la dette classée « A ». Ce qui devrait provoquer des ventes forcées exerçant une pression à la hausse sur les taux d’intérêt.
Les marchés se montrent, rappelons le, plus attentifs à la trajectoire budgétaire qu’au niveau d’endettement. Ainsi l’Italie, dont le ratio d’endettement est supérieur à celui de la France, à 138 % contre 114 %, emprunte-t-elle à des taux équivalents à ceux de la France sur les obligations à dix ans, et même inférieurs sur les obligations de plus court terme. Les investisseurs saluent de cette manière la réduction du déficit public italien, passé de 7,2 % en 2023 à 3,4 % en 2024.
🇫🇷 Reste que sur longue période, le regard porté par les agences et les marchés sur la dette française évolue de manière négative – et surtout inverse au reste de l’Europe. L’Irlande, qui était en faillite et qu’il avait fallu recapitaliser pendant la crise de la zone euro, a aujourd’hui une meilleure note que la France. C’est assez fou. L’écart de taux avec l’Italie continue de se resserrer. Les courbes se sont même croisées brièvement après la chute de François Bayrou. Ce n’est pas la panique, mais on assiste bien à un étranglement progressif. Avec la remontée lente des taux, la charge annuelle de la dette augmente progressivement – elle approchera 67 milliards d’euros cette année et devrait dépasser 100 milliards dès 2029 – et obère les capacités d’investissement de l’Etat. Sébastien Lecornu le sait, mais Fitch vient de le lui rappeler.
🇫🇷 La priorité est bien là pour le furtur gouvernement : enrayer cette spirale mortifère et d’abord en baisant enfin la dépense publique !



