La crise budgétaire n’est que la partie émergée de l’iceberg

8 septembre 2025

🖌️ La crise budgétaire n’est que la partie émergée de l’iceberg … Ce lundi, la France s’apprête à replonger dans la crise politique.

🖇️ Sauf intervention divine, le gouvernement de François Bayrou devrait tomber ce lundi 8 septembre. Avec son départ disparaît aussi l’ambition de faire adopter son projet de réduction du déficit public de 43,8 milliards d’euros, qui était pourtant déjà bien timide et insuffisante face à l’ampleur du défi financier que doit relever notre pays. Pour les milieux économiques et financiers comme pour les citoyens, une nouvelle zone de turbulences s’annonce donc. La crise n’est plus seulement politique, financière et sociale, le pays risque de basculer vers une crise de régime, une crise démocratique.

🖇️ La crise budgétaire n’est en effet que la partie émergée de l’iceberg. Le véritable problème est une crise de société, qui découle de choix démocratiques faits depuis un demi-siècle par la gauche, la droite et le centre, certes amplifiés au cours de 8 dernières années avec le « quoi qu’il en coûte » érigé en modèle ! Ces choix ont privilégié le présent au détriment de l’avenir, en accumulant une dette pour financer des dépenses sociales, qui sont presque les seules à avoir augmenté sur cette période. Pendant ce temps, nous avons négligé les investissements essentiels pour l’avenir : l’éducation, l’industrie, la transition énergétique, les transports collectifs, le logement ou encore les hôpitaux. Cette préférence pour l’individuel et les prestations personnelles au détriment des biens et services collectifs a affaibli la France et compromis l’avenir des Français. La ­crise budgétaire traduit cette réalité : ce n’est pas seulement le poids de la dette qui pose problème, mais notre incapacité à investir dans ce qui prépare l’avenir, comme l’école, la défense ou l’industrie. L’effort à fournir est de l’ordre de 250 milliards d’euros par an, bien au-delà des 40 milliards souvent évoqués.

🖇️ En privilégiant le présent sur l’avenir, nous avons assombri les perspectives. Les enquêtes d’opinion montrent que les Français sont relativement satisfaits de leur sort individuel, mais très inquiets pour l’avenir collectif. Beaucoup de parents estiment, à juste titre, que leurs enfants vivront moins bien qu’eux. Cette trajectoire de déclin relatif par rapport aux autres pays démoralise et démotive les actifs. Ils ne perçoivent pas de perspectives claires, ce qui alimente un sentiment de « pédaler dans le vide ». Les efforts des actifs sont plus importants qu’auparavant, mais ils n’améliorent pas leur niveau de vie. C’est un cercle vicieux : l’absence d’avenir radieux pousse les individus à se replier sur la sphère personnelle, ce qui complique la reconstruction d’un projet collectif, pourtant indispensable pour sortir de cette spirale.

🖇️ Tant que le travail ne sera pas replacé au centre de notre contrat social, nous ne sortirons pas de cette impasse. Cela signifie offrir une perspective crédible à tous – salariés, fonctionnaires, indépendants, chefs d’entreprise – pour qu’ils puissent mieux ­vivre grâce à leur travail, pour eux-mêmes et pour la nation. ­Actuellement, les prélèvements sur le travail financent en grande partie les transferts sociaux et d’abord les retraites, au détriment de l’épargne et de l’investissement pour l’avenir. Cette situation décourage les actifs et freine la dy­namique collective. Rééquilibrer passe par une réduction des cotisations sur le travail pour que celui-ci soit mieux rémunéré, tout en investissant davantage dans l’éducation, la transition énergétique ou les infrastructures.

🖇️ Il n’y a pas d’« épidémie de flemme », comme certains le prétendent. Le taux d’emploi des Français en âge de travailler atteint 69 %, un record depuis 1975. Les Français travaillent autant, voire plus, que leurs voisins européens, notamment les indépendants, qui surpassent leurs homologues. Cependant, un sondage Ifop montre que la part des Français considérant le travail comme « très important » a chuté de 60 % à 24 % en trente ans. Cela reflète une relativisation rationnelle du travail : sa promesse – travailler dur pour mieux vivre – est rompue. L’école, le diplôme, ne garantit plus un bon emploi, et le travail, même bien rémunéré, n’améliore plus le niveau de vie. Les Français s’adaptent logiquement en redonnant une autre place au travail dans leur vie.

🖇️ Les Français ne travaillent pas moins que les autres Européens. Les salariés à temps plein travaillent légèrement moins en heures annuelles, mais les temps partiels sont plus longs qu’ailleurs, et les indépendants travaillent davantage. Globalement, les 28 millions d’actifs français travaillent autant, voire plus, que les Allemands. Le problème réside ailleurs : dans l’hypocrisie autour des dépenses sociales et d’abord des retraites. Les Français travaillent environ trois ans de moins sur leur vie que les autres Européens, et les pensions de retraite, parmi les plus généreuses au monde, pèsent lourd sur les actifs. Les cotisations ont doublé en une génération, et cela rend le système intenable. Chacun le sait, et pourtant !

🖇️ Un rééquilibrage est nécessaire. Actuel­lement, 14 % du PIB est consacré aux retraites, contre 7 % à l’éducation, alors qu’il y a quarante ans ces deux postes étaient à égalité. Et je ne parle pas de La Défense !Cette ­disproportion est un symptôme de notre déclin. ­Réduire la part des pensions dans le PIB doit ­servir à investir dans l’avenir : l’éducation, où nous dépensons 30 % de moins que la moyenne de l’OCDE, la transition énergétique, la défense, les transports ou les hôpitaux. Cela doit aussi passer par une baisse des cotisations sur les sa­laires pour rendre le travail plus attractif, rapprocher le net du brut.

🖇️ Les arrangements politiciens ou les coalitions parlementaires ne suffiront pas si le pays n’a pas conscience de la gravité de la situation et de l’ampleur des efforts nécessaires. François Bayrou, malgré les critiques qu’on peut lui adresser, a raison de mettre son gouvernement en jeu pour ­accélérer cette prise de conscience, même si sa méthode n’était pas bonne et ses choix bien modestes. La dette n’est pas le seul problème, mais il en est désormais le plus grave symptôme. Le vrai enjeu, c’est qu’elle s’accompagne d’une négligence des investissements collectifs : éducation, défense, transports. Pour redresser la barre, il faudra un effort inédit tourné vers l’avenir et la jeunesse, que seul un gouvernement de « salut public » autour d’un pacte clair et courageux, refondant notre vieux système issu de l’après guerre, peut conduire. Il y faudra beaucoup de courage !


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