Stop aux lignes rouges : le pays mérite le sursaut de la raison

13 janvier 2025
🆘 Stop aux lignes rouges : le pays mérite le sursaut de la raison.
♨️ À la veille du discours de politique générale du Premier ministre, et alors que la France est dans un état d’extrême urgence budgétaire, le paysage politique, dans lequel chacun dresse ses « lignes rouges » rendant tout compromis impossible ou presque, suscite une inquiétude grandissante. Nous ne sommes pas tant au pied de l’Himalaya qu’au bord d’un précipice. Tout peut aller très vite. La France n’est pas à l’abri d’une crise financière si les conditions d’emprunt se dégradent encore. Il faut dire la vérité et trouver des voies du sursaut.
♨️ La France ne dispose pour l’heure pas de budget pour 2025, la discussion reprend au Sénat ce mercredi, alors que la dette publique qui atteint 3 300 milliards d’euros est sortie de tout contrôle et qu’elle est rattrapée par la crise financière avec l’envol des taux d’emprunt, la dégradation de sa signature par les agences de notation et l’enclenchement de la procédure de déficit excessif par la Commission européenne. Dans le même temps, l’économie est entrée en récession, avec pour conséquence l’explosion des faillites et la remontée du chômage.
♨️ L’intérêt supérieur de la nation commande donc de donner une priorité absolue à la reprise du contrôle des finances publiques. Et celle-ci, comme le montre le redressement des pays scandinaves, de l’Irlande, du Portugal ou de la Grèce, a pour condition la réorientation du modèle économique vers la production, indissociable d’une révision à la baisse de la redistribution et de la régulation. Cette stratégie recoupe le plan d’action proposé par Mario Draghi pour relancer l’Union européenne.
♨️ Michel Barnier s’était fixé à juste titre pour objectif de ramener le déficit public à 5 % du PIB en 2025, mais sans couper suffisamment dans les 1 600 milliards de dépenses publiques. Les conséquences de la situation née de la dissolution de juin dernier et des épisodes de la situation surréaliste qui ont suivi sur l’économie et la société ont été dévastatrices : mise à l’arrêt de l’activité, envolée des faillites et des plans sociaux (66 420 entreprises entraînant la suppression de 260 000 emplois), blocage de la consommation et bond du taux d’épargne à 19 % du revenu disponible, dégradation des banques françaises et plongée du CAC 40 de 2,5 %.
♨️ La censure du gouvernement de Michel Barnier, pour être un non-sens politique et générer une incertitude délétère, aurait pu permettre de corriger la copie et de s’attaquer davantage à la dépense publique. Hélas, il semble déjà que ce que propose François Bayrou soit bien pire, et que, dans notre pays, on ne change jamais une politique qui perd, on l’amplifie. Ainsi, l’objectif de déficit a été porté de 5 % à 5,4 % du PIB, et n’a déjà guère de chance d’être tenu au vue en particulier de l’effondrement de l’activité.
♨️ S’il est parfaitement légitime de rechercher un accord sur un budget pour 2025 entre les forces politiques d’une Assemblée éclatée depuis la dissolution, afin de donner un peu de visibilité à notre pays dans un environnement international volcanique, il est en revanche irresponsable de le faire en se déconnectant de toute réalité et en aggravant la crise économique et financière. Le projet de budget pour 2025 doit nécessairement prendre en compte la montée très forte des risques liés tant à la stabilité financière et à la situation macroéconomique de notre pays qu’à l’explosion des tensions géopolitiques.
♨️ La France, qui est le seul membre de la zone euro à rester en déficit primaire, doit emprunter 340 milliards d’euros en 2025 (sur 1270 milliards pour l’ensemble de la zone). Elle emprunte déjà plus cher que l’Espagne, le Portugal et la Grèce et voit les taux s’envoler (3,40 % contre 2,5 % pour l’Allemagne), en raison des tensions inflationnistes créées par Donald Trump avec la hausse des droits de douane et la lutte contre l’immigration, de l’arrêt des achats de dette publique par la BCE, mais aussi de la défiance croissante des investisseurs internationaux – à l’image du Japon qui refuse désormais d’acquérir des titres de la dette française. La charge de la dette va rapidement devenir insoutenable en dépassant 3 % du PIB. Les entreprises françaises sont prises sous le feu croisé du renouveau protectionniste et de la baisse des impôts et des normes aux États-Unis, du dumping chinois toléré par l’Union, de la réorientation des exportations allemandes vers le grand marché. À terme, il ne peut y avoir d’amélioration du pouvoir d’achat sans hausse de la croissance potentielle limitée à 0,4 % et sans gains de productivité – en baisse de 6 % depuis 2019. Les défis liés à l’impérialisme américain, à la menace existentielle de la Russie, à la réindustrialisation, à l’IA et à la transition écologique représentent par ailleurs des besoins de financement de l’ordre de 5 % du PIB, qui imposent une réorientation profonde des dépenses publiques des subventions à la consommation vers le soutien de l’investissement.
♨️ François Bayrou propose un marché de dupe en prétendant fonder la survie de son gouvernement sur le sacrifice des comptes publics et de la croissance. Il planifie en réalité la faillite et la censure. La restauration de la confiance dans les institutions et de la stabilité politique ne peut passer que par la reprise de contrôle de la dette grâce à la baisse drastique des dépenses publiques et par le redressement de l’économie via le travail, la production et l’innovation.
♨️ Pourtant rien ne serait pire que de ne pas avoir de budget, même un budget imparfait. C’est pourquoi il faut sortir des lignes rouges, en responsabilité pour donner à notre pays la stabilité dont il a besoin et en s’appuyant enfin sur nos territoires, pour que l’Etat redevienne stratège et cesse d’infantiliser chacun. Les élus locaux ont très mal vécu les accusations de ceux qui les tenaient pour responsables de la dégradation du déficit public. Alors que le précédent gouvernement demandait initialement aux collectivités 5 milliards d’euros d’économies, nous avions trouvé un accord avec Catherine Vautrin, alors ministre du Partenariat avec les territoires, pour contenir l’effort à 2 milliards d’euros environ. Son successeur François Rebsamen, ministre de l’Aménagement du territoire, que je vois aujourd’hui, et Bercy nous ont confirmé cet accord.
Par ailleurs, à titre personnel, je suis favorable à la réouverture du dossier de la réforme des retraites. Je n’ai pas voté la dernière réforme imparfaite, injuste et insuffisante. Réouvrir ce dossier doit permettre de sortir enfin du dogme de l’âge pivot pour s’en tenir à la durée de cotisation en lien avec l’évolution démographique et d’introduire une part de retraite par capitalisation indispensable à la sauvetage durable de notre système.
♨️ Au niveau international, les règles du jeu changent, le temps s’accélère : le réveil stratégique des Européens est urgent, alors que la France est affaiblie. Nous entrons dans un monde de plus en plus concurrentiel, dans lequel les Américains vont avant tout défendre leurs intérêts. À nous de défendre les nôtres, économiquement, militairement et politiquement. La réélection de Trump rappelle l’urgence pour l’Europe d’investir dans sa souveraineté industrielle et numérique si elle veut rester maître de son destin. Le rapport Draghi parle d’un risque de décrochage industriel et stratégique. Mais ce qui menace l’Europe, ce n’est pas tant un décrochage que l’anéantissement pur et simple de siècles d’avant-gardisme technologique et de leadership politique.
♨️ On a voulu se convaincre que l’élection de Trump en 2016 n’était qu’un accident : on voit que la transformation est structurelle. Cela ne veut pas dire qu’il faut abandonner notre modèle et devenir comme les autres. Mais pour défendre notre modèle, comprenons les nouvelles règles. On ne peut pas être un grand marché ouvert quand les autres soutiennent leur industrie, investissent massivement et font du protectionnisme au nom de la sécurité nationale ou de la souveraineté. C’était déjà le cas sous Biden avec l’IRA. Dans son discours d’adieux, la secrétaire d’État américaine au commerce Gina Raimondo a dit qu’elle dirigeait « une agence de technologie et de sécurité nationale ». Il y a vingt ans, elle aurait parlé croissance et accords de libre-échange. Aujourd’hui, elle parle de microprocesseurs, de matériaux critiques, de contrôle des chaînes de valeur.
♨️ Le temps du sursaut est urgent !
Arrêtons nos débats incessants et inutiles sur des sujets secondaires, pour nous consacrer à l’essentiel : notre souveraineté (financière, militaire, sécuritaire, industrielle, alimentaire…). Cela ne peut plus attendre.

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