
La France, qui est le seul membre de la zone euro à rester en déficit primaire, doit emprunter 340 milliards d’euros en 2025 (sur 1270 milliards pour l’ensemble de la zone). Elle emprunte déjà plus cher que l’Espagne, le Portugal et la Grèce et voit les taux s’envoler (3,40 % contre 2,5 % pour l’Allemagne), en raison des tensions inflationnistes créées par Donald Trump avec la hausse des droits de douane et la lutte contre l’immigration, de l’arrêt des achats de dette publique par la BCE, mais aussi de la défiance croissante des investisseurs internationaux – à l’image du Japon qui refuse désormais d’acquérir des titres de la dette française. La charge de la dette va rapidement devenir insoutenable en dépassant 3 % du PIB. Les entreprises françaises sont prises sous le feu croisé du renouveau protectionniste et de la baisse des impôts et des normes aux États-Unis, du dumping chinois toléré par l’Union, de la réorientation des exportations allemandes vers le grand marché. À terme, il ne peut y avoir d’amélioration du pouvoir d’achat sans hausse de la croissance potentielle limitée à 0,4 % et sans gains de productivité – en baisse de 6 % depuis 2019. Les défis liés à l’impérialisme américain, à la menace existentielle de la Russie, à la réindustrialisation, à l’IA et à la transition écologique représentent par ailleurs des besoins de financement de l’ordre de 5 % du PIB, qui imposent une réorientation profonde des dépenses publiques des subventions à la consommation vers le soutien de l’investissement.