Ce texte est bien sûr imparfait, mais sans lui, ce sont nos Ehpad, nos hôpitaux, nos départements qui auraient été privés d’un soutien financier essentiel à leur quotidien.
Plus que jamais, nous devons désormais mettre en
œuvre les réformes structurelles qui s’imposent, afin d’enrayer, dès le prochain PLFSS, l’aggravation du déficit et protéger notre système de protection sociale.
Nous déplorons toutefois le niveau très élevé du déficit prévu pour 2025 ainsi que l’absence de perspective d’amélioration, le Gouvernement lui-même estimant que la situation devrait continuer à se dégrader d’ici au moins 2028.
Compte tenu notamment du dérapage de l’Ondam en 2024, en l’absence de mesures le déficit 2025
serait probablement supérieur à 30 milliards d’euros.
Au final, le texte considéré comme adopté par l’Assemblée nationale en nouvelle lecture se traduit par une nouvelle augmentation du déficit, désormais estimé par le Gouvernement à 22,1 milliards d’euros en 2025 et 24,1 milliards d’euros en 2028.
En outre, le Sénat avait adopté, en première lecture, l’instauration d’une contribution de solidarité par le travail, devant permettre de financer la branche autonomie à hauteur de 2,5 milliards d’euros, en augmentant de sept heures la durée annuelle du travail. Cette disposition a toutefois été supprimée dans la suite de la navette.
– l’augmentation de la contribution patronale sur les attributions gratuites d’actions, qui met en oeuvre une recommandation de la Cour des comptes (0,5 milliard d’euros) ;
– l’utilisation obligatoire du dossier médical partagé par les professionnels de santé et l’instauration de diverses mesures de lutte contre la fraude (0,5 milliard d’euros) ;
– l’augmentation de la fiscalité des jeux (0,2 milliard d’euros), le Sénat ayant en outre renforcé l’augmentation (d’environ 0,2 milliard d’euros) de la taxe sur les boissons sucrées réalisée par l’Assemblée nationale en première lecture ;
– dans le cas des médicaments biologiques, une plus grande facilité pour le pharmacien de substituer au médicament prescrit un médicament biosimilaire1(*) (0,2 milliard d’euros).
– la prorogation du fonds d’urgence pour les Ehpad, pour un montant de 0,1 milliard d’euros dans le texte adopté par le Sénat, et que le texte considéré comme adopté par l’Assemblée nationale porte à 0,3 milliard d’euros ;
– une réforme des concours de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) aux départements, qui permet de garantir un niveau de compensation des dépenses de prestation de compensation du handicap (PCH) et d’allocation personnalisée d’autonomie (APA) au moins égal à celui réalisé en 2024, pour un coût estimé à 0,2 milliard d’euros ;
– un étalement sur quatre ans (au lieu de trois) de la hausse de douze points du taux de cotisation employeur à la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL), de nature réglementaire mais mentionné dans le rapport annexé, pour un coût de 0,5 milliard d’euros en 2025.
Tel est d’autant plus le cas que des hypothèses moins optimistes de croissance du PIB et de dépenses d’assurance maladie conduiraient en 2028 à un déficit d’environ 35 milliards d’euros – soit, alors même que la France ne traverserait aucune crise particulière, un niveau intermédiaire entre celui de la crise financière de 2009 et celui de la crise sanitaire.
En conséquence, les déficits de la sécurité sociale s’accumuleraient à l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss, également dénommé Urssaf-Caisse nationale). S’ils devaient être autour de 30 milliards d’euros par an, cela pourrait, à brève ou moyenne échéance, mettre en danger le financement de la sécurité sociale.
En effet, l’Acoss ne peut s’endetter qu’à court terme, ce qui lui impose de se financer quotidiennement sur les marchés. Ainsi, en 2020, au début de la crise sanitaire, du fait du blocage des marchés financiers, l’Acoss n’est plus parvenue à se financer sur les marchés, ce qui a amené à mettre en place un financement d’urgence impliquant la Caisse des dépôts et consignations, pour pouvoir payer les pensions. Comme le souligne la Cour des comptes, le financement des déficits par l’Acoss se fait « dans des conditions qui pourraient mettre en risque le versement des prestations ».
Il importe donc de réaliser rapidement de nouveaux transferts de dette à la Cades.
Il faudrait pour cela repousser l’échéance de 2033 actuellement fixée pour l’amortissement de la dette sociale, ce qui ne peut être fait que par une loi organique.
Un tel report ne serait toutefois acceptable que s’il était accompagné d’une trajectoire crédible de réduction du déficit.



