Les décès dépassent les naissances, une première depuis 1945

24 juillet 2025
❗️ La crise démographique en France s’accélère. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, la France a enregistré plus de décès (651.200) que de naissances (650.400) sur les douze derniers mois à fin mai. C’est un signe inquiétant car cela marque un point de retournement démographique, même si le mouvement sur lequel j’avais déjà alerté est plus ancien.
❗️Si le signal est négatif, il faut encore se garder de conclusions hâtives. Il faudra en effet attendre la fin de l’année pour savoir si 2025 est l’année de la bascule. Si tel était le cas, ce serait une accélération de l’histoire. Dans une étude publiée au printemps, l’Institut national d’études démographiques (Ined) estimait en effet que le solde naturel – soit la différence entre les naissances et les décès – du pays deviendrait structurellement déficitaire à partir de 2027. Dans leur scénario, les auteurs, Laurent Toulemon et Gilles Pison, faisaient l’hypothèse que la fécondité en France se stabiliserait à son niveau de 2024, soit 1,62 enfant par femme.
❗️Le mouvement pourrait donc être plus rapide que prévu. Le solde naturel a été négatif en mai, ce qui est nouveau, et il est probable que ce ne soit pas un phénomène ponctuel. Cela s’inscrit dans une évolution de long terme, le solde naturel ne faisant que diminuer depuis 2015.
❗️Au niveau de l’Union européenne, le solde naturel est négatif depuis 2012. La France faisait partie des derniers pays de la zone à pouvoir revendiquer un solde naturel positif. En 2023, 21 des 27 pays de l’Union présentaient un solde naturel négatif. La France était par ailleurs largement en tête parmi les grands pays européens. Seuls la Suède, Chypre, le Luxembourg, l’Irlande et Malte se targuent d’être dans les pays où les naissances excèdent les décès. Enfin, la France avait en 2022 et en 2023, l’indice conjoncturel de fécondité le plus élevé de l’Union européenne, selon l’INED. Cette inversion du solde naturel français classe désormais la France dans la majorité des pays de l’UE.
❗️La ministre du Travail et de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, s’y prépare d’ailleurs : « La question n’est pas ‘est-ce que la bascule démographique va se produire ?’ mais ‘quand ?’. Et quand, c’est demain », a-t-elle alerté dans un entretien au magazine « Femme actuelle » mi-juin. Les chiffres du premier semestre, qui seront dévoilés la semaine prochaine par l’Insee, laissent néanmoins présager un mauvais cru. En berne depuis deux ans, les naissances accusent de fait un nouveau recul de 4 % sur les cinq premiers mois de l’année par rapport à la même période de 2024. La principale surprise, c’est la persistance de la baisse des naissances et son ampleur. Dans le même temps, les décès ont, eux, augmenté de 3 %, sur fond de vieillissement de la population. Les premiers « boomers » ont 80 ans cette année, cela contribue à faire monter la mortalité.
❗️Le sujet préoccupe enfin à l’Elysée. Vendredi dernier, Emmanuel Macron a réuni des démographes, des économistes et des sociologues pour mieux cerner les causes et les conséquences de la dénatalité en France. Face à la baisse de la fécondité et aux sombres perspectives démographiques, le chef de l’Etat a appelé, début 2024, au « réarmement démographique » du pays. S’il ne s’agit pour l’instant que de mots, cela montre que le sujet est enfin identifié, alors que celui-ci aurait déjà dû être anticipé depuis longtemps, la démographie étant particulièrement « têtue » et s’inscrivant dans le long terme.
❗️Plan de lutte contre l’infertilité, création d’un registre des naissances pour mieux contrôler la mortalité infantile, évolution du complément de libre choix de mode de garde afin que cette aide financière prenne mieux en compte la composition et des revenus des familles. Plusieurs mesures ont été annoncées depuis. En revanche, le « congé de naissance » souhaité par Emmanuel Macron n’a toujours pas vu le jour. Le gouvernement promet qu’il sera discuté dans le budget 2026. Il sera « plus court que le congé parental mais mieux rémunéré », a précisé Catherine Vautrin dans une interview à « L’Express » il y a quelques jours. Pas certain toutefois que cela soit à la hauteur des enjeux , ni en rapport avec nos moyens budgétaires…
❗️ La conséquence est une baisse du taux d’activité globale dans le pays, ce qui implique une baisse des cotisations perçues. Le volume de nos dépenses sociales est déjà lesté par deux postes lourds, la vieillesse et la santé qui représentent près de 50% des prestations annuelles chacune. Dans les deux cas, il s’agit d’un système par répartition. Les actifs cotisent pour les inactifs et les bien portants cotisent pour les malades. Moins d’actifs qui cotisent c’est donc moins de fonds perçus pour davantage de pensionnés qui vivent plus longtemps. Une équation impossible à résoudre avec les paramètres actuels.
❗️C’est en fait tout notre modèle social qui risque de s’effondrer. A l’après-guerre, on avait tout misé sur la démographie et notre système par répartition prenait la forme d’une pyramide. Aujourd’hui cette pyramide rétrécit en sa base à cause de la dénatalité et ne cesse de s’élargir par le haut. La solidarité intergénérationnelle pèse de plus en plus lourd. On peut aussi s’intéresser au financement de la dépendance qui est mis en risque. La dépendance illustre les difficultés liées au vieillissement de la population et à la dénatalité. Plus de personnes dépendantes, moins d’actifs pour payer les prestations sociales et moins de main-d’oeuvre pour les aider au quotidien.
❗️ Sans relance de la natalité à l’horizon, malgré le volontarisme affiché du gouvernement qui ne peut aller jusqu’à ordonner les naissances, quelle adaption possible des politiques publiques? Difficile de relever encore les taux de cotisations qui atteint déjà 28% du salaire brut. Une réponse facile est l’immigration même si elle peut s’apparenter à priver des pays en développement de bras et de cerveaux, mais on sait que la question revêt d’autres dimensions. Pour autant, l’immigration économique doit être prise en compte avec sérieux. Il faut plutôt jouer sur le taux d’activité. La France se caractérise en effet par un faible taux d’activité aux deux extrémités du spectre, pour les plus jeunes et les seniors. Il faut donc jouer sur les principaux paramètres qui sont l’âge d’entrée et l’âge de départ.
Pour résumer :
Trois solutions : Bébé, immigration ou robots.
Mais aussi, peut être, capacité à se projeter dans l’avenir pour une génération « sacrifiée » par ses aînés !? Voilà peut être la vraie question et le véritable infléchissement à enfin apporter…
❗️Mais notre déclin n’est rien comparé à l’effondrement historique du Japon et surtout de la Corée du Sud, où l’on a enregistré respectivement 1,3 et 0,72 enfant par femme en 2023. Les projections sont alarmantes. Au rythme actuel, les populations de la seconde et cinquième économie asiatique seraient divisées par deux en 2100. Tokyo et Séoul s’en affolent. Noyées sous des cohortes de têtes grises, trop âgées et incapables de subvenir à leurs besoins, ces deux nations ne seraient bientôt plus fonctionnelles et ont déjà choisi la voie des robots…
La Chine va aussi connaître une baisse conséquente de sa population… En 2023, la Chine a en effet enregistré son deuxième déclin démographique consécutif, sa population totale ayant diminué de 2,08 millions de personnes par rapport à 2022. Elle avait enregistré, alors, la première diminution de sa population depuis 1961 (-850 000), contrairement à l’Inde qui reste très dynamique sur la plan démographique, grâce aux naissances.
❗️Avec 1,417 milliard d’habitants, la population du sous-continent supplante désormais celle de la Chine et devrait continuer de croître jusqu’en 2060, pour atteindre 1,7 milliard. Une situation qui place par ailleurs le pays devant de multiples défis.
De même, les États Unis bénéficient toujours d’un accroissement de leur population. Selon les projections du Bureau du recensement américain (Census Bureau), la population devrait ainsi continuer à augmenter pour dépasser les 400 millions d’habitants en 2060, même si les choix historiques des politiques d’immigration aux USA risquent d’être reinterrogés.

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