L’air du temps : Folie des grandeurs, Folie des profondeurs

9 décembre 2024
La période assez lunaire que nous vivons me fait penser ce soir à la dernière réplique de Louis de Funès dans le film de Gérard Oury « La Folie des Grandeurs », alors que Salluste est chez les Barbaresques en compagnie de Blaze : « J’ai un petit plan pour nous évader: nous rentrons à Madrid, nous conspirons, le roi répudie la reine, la vieille épouse le perroquet, César devient roi, je l’épouse, et me voilà reine!» On en est presque là dans les élucubrations du Président qui refuse toujours d’admettre que nous sommes dans un régime parlementaire. Quand va t il reconnaître que ce n’est pas à lui d’être à la manœuvre !?
Plus sérieusement, et pour reprendre très largement l’analyse de Nicolas Baverez, Emmanuel Macron a effondré la France, paradant devant Notre-Dame restaurée au milieu d’un champ de ruines et de cendres. Effondrement des institutions dont il était censé être le garant. Effondrement de l’État qui mobilise 58 % du PIB pour être incapable d’assurer les services de base de l’éducation, de la santé, des transports, de la police ou de la justice. Effondrement de l’économie, asphyxiée par les taxes et les normes, qui ne tient plus que par les entreprises mondialisées qui doivent chercher à l’étranger leurs revenus, leurs développements et leurs profits. Effondrement financier avec la sortie de tout contrôle d’une dette de 3 300 milliards d’euros, soit 113 % du PIB, dont la charge est en train d’exploser et qui entraîne dans sa descente en vrille le secteur financier et le CAC40. Effondrement de la société sous l’effet d’une paupérisation galopante et de la contamination d’une violence hors de toute limite. Effondrement diplomatique et stratégique avec la marginalisation en Europe et la piteuse expulsion d’Afrique. Effondrement intellectuel et moral avec la conjonction d’un individualisme radical et le déchaînement des passions collectives dont le retour en force de l’antisémitisme est la sinistre illustration.
L’affaissement de la France menace désormais d’emporter l’Europe. La crise de la dette publique relance les tensions sur la zone euro avec la montée des coûts de financement, la divergence des primes de risque entre les États membres et la chute de la monnaie unique face au dollar. Au moment où la guerre d’Ukraine entre dans une phase décisive avec l’approche des inévitables négociations, la paralysie et la décomposition de la France, auxquelles s’ajoutent le désarroi de l’Allemagne et la pression des populismes prorusses, crée un risque majeur pour la sécurité du continent face à la menace existentielle de la Russie. Et ce au moment où Donald Trump engage les États-Unis dans un tournant isolationniste et protectionniste, avec pour objectif de piller l’industrie et l’épargne européennes tout en se désengageant de l’Otan.
La France se trouve donc à une heure de vérité. Ultimement, tout dépendra des Français. À court terme, la quête d’un nouveau premier ministre éphémère et d’expédients budgétaires reprend. À moyen terme, Emmanuel Macron devra partir car il a trahi sa mission de garant des institutions et de l’intérêt national.
En tant que citoyens et que peuple, nous devons sortir du grand mensonge dont la motion de censure constitue le dernier avatar. Plus que la chute de Michel Barnier ou la démission d’Emmanuel Macron, notre problème consiste à faire le deuil des idées fausses et des illusions sur la France et le monde du XXIe siècle. La France n’est plus ni un pays riche (le revenu par habitant est inférieur de 15 % au niveau allemand et de 50 % au niveau américain), ni une nation dotée d’un État solide et de services publics performants, ni une puissance militaire crédible, ni une démocratie stable. Le modèle de la décroissance à crédit est définitivement caduc. La monarchie présidentielle est aussi despotique qu’inefficace.
Il nous faut désormais choisir. Voulons-nous renouer avec le miracle de 1958 ou devenir l’Argentine de l’Europe ? Voulons-nous conserver la maîtrise de notre destin ou passer sous la tutelle du FMI, de l’Union européenne et de la BCE ? Voulons-nous rester fidèles à la République ou céder à la tentation autoritaire que préfigure l’alliance des extrêmes ? Déchirons le voile de la démagogie pour renouer avec quelques principes fondamentaux qui conservent toute leur pertinence : il n’y a pas de démocratie sans souveraineté, pas de liberté sans responsabilité, pas de puissance ni de progrès social sans croissance, pas de stabilité politique sans classe moyenne, pas de République sans valeurs vivantes.
Périclès soulignait que : « Si on veut obtenir quelque chose que l’on n’a jamais eu, il faut tenter quelque chose que l’on n’a jamais fait. » Inventons un modèle français performant dans le XXIe siècle qui réaligne l’État, les entreprises et les citoyens, le capital humain, financier, économique et naturel. Les social-démocraties d’Europe du Nord montrent que cela est parfaitement possible. Nous disposons de toutes les ressources et nous sommes contraints de nous réformer par la crise financière qui ne permet plus de poursuivre la course folle de la dette publique. Et pour cela prenons le risque d’appliquer une thérapie de choc pour relancer la production et l’innovation, réformer drastiquement l’État. Rétablissons la souveraineté et la sécurité. Cassons l’absolutisme présidentiel en décentralisant massivement. En bref, tentons ce que nous n’avons jamais fait : ne plus compter sur une femme ou un homme providentiels, ne plus remettre notre destin entre les mains de l’État, mais faire confiance aux Français.

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