
Cette fable métaphysique pour décrire le grand schisme d’Occident part d’un constat : le dôme de chiffres et de data dont nous sommes abreuvés ne nous permet plus de voir l’essentiel, c’est-à-dire le développement de deux expériences humaines parfaitement antinomiques et qui nous conduisent vers l’abîme. Si les élites et couches supérieures, qui ont compris le message, ce n’est pas pour autant qu’elles entendent bouger et cela pour deux raisons. La première est un manque d’intérêt pour le bien commun et un manque de courage. La deuxième, et c’est un point essentiel : les élites et catégories supérieures ne jouent pas leur peau dans le modèle qu’elles ont promu, au contraire, elles en bénéficient un peu ou beaucoup. Dans ce contexte, et à un moment où l’individualisme et l’égotisme imprègnent de plus en plus ce monde d’en haut, il y a peu de chance pour qu’elles reconnaissent un jour qu’elles se sont trompées. Elles n’évolueront que sous la contrainte. Nous vivons un moment qui n’est pas « social » ou « économique » mais un moment existentiel qui n’est évidemment pas réductible à des tableaux statistiques ou à des cartes. La question fondamentale est celle des lisières, du mystère de la civilisation et des valeurs qui portent la société et la culture populaire.