Interview de Jesper Brodin, PDG d’Ikea depuis 2017, dans « Les Échos » du jour

23 mai 2025
🟡🔵 Extrait de l’interview de Jesper Brodin, PDG d’Ikea depuis 2017, dans « Les Échos » du jour : un témoignage très inspirant pour une réforme de nos gouvernances publiques !
👉Dans le tumulte actuel, peut-on encore se projeter ?
Chez Ikea, nous avons une culture du long terme. Je me souviens d’une des dernières discussions que j’ai eues avec Ingvar Kamprad, notre fondateur, lorsqu’il avait 90 ans. Je lui avais demandé : « Quel est l’horizon qui doit guider notre stratégie ? » Il m’a répondu : « Il faut voir à 200 ans. » Sur la durée, il y a bien sûr des crises, mais dans ces périodes il ne faut pas paniquer car nous partons du principe que dans 200 ans, il y aura encore des familles avec des enfants, qui auront besoin de tables, de chaises…
👉Dans un groupe aussi mondialisé que le vôtre, il faut quand même contrôler, décider, imposer…
Notre culture maison n’est pas basée sur une organisation très hiérarchique. En particulier en période de crise, il faut que les managers décident et prennent leurs responsabilités. Il ne faut pas qu’ils attendent des ordres venus d’en haut car il faut réagir vite. Il ne faut pas non plus craindre de commettre des erreurs. Dans les grandes organisations, il faut en particulier lutter contre la tentation bureaucratique. Il faut la réduire comme on prend soin de son jardin, sinon on finit prisonniers des réunions et des processus de gouvernance.
👉C’est plus facile à dire qu’à faire…
Je ne dis pas que c’est facile mais moi j’ai la « Banana Card », c’est une carte que je donne, une sorte de joker qui dit « vous croyez en votre idée, vous voulez prendre un risque ? Si cela échoue je serai aussi responsable que vous ».
👉Quelle autonomie pouvez-vous encore donner aux managers ?
Il y a l’incontournable question des économies d’échelle au niveau global, qui est mon sujet, et en même temps il n’y a qu’en France qu’on peut diriger le marché français. Nos magasins parisiens, dont celui de Place d’Italie, l’un des plus importants investissements récents que l’on a réalisés, sont dirigés par une femme de 27 ans. Le directeur du magasin d’Oxford Street à Londres, qui vient d’ouvrir, n’a pas 30 ans, lui aussi. Ils viennent avec leurs idées, leur enthousiasme, ils testent des choses. Et ils sont autorisés à échouer. Nous avons un programme Bloom, qui permet de former des jeunes talents à la direction d’un magasin en trois ans. Après, l’expérience compte aussi. Je dis ça aussi pour me rassurer !
👉Quand vous recrutez quelqu’un, quel conseil donnez-vous ?
Je partage le conseil que m’avait donné ma mère il y a longtemps. Je lui avais demandé quelle voie elle me conseillait d’emprunter. Elle m’avait répondu : « Cherche un domaine dans lequel tu es bon ou quelque chose que tu aimes. Et si tu arrives par chance à combiner les deux, fonce. » Mon second conseil c’est « si vous avez des idées, testez-les. Si vous renoncez à vos passions et vos envies, vous risquez de suffoquer ». Nous ne devons pas nous dire que nous sommes là pour gérer Ikea. Nous sommes là pour aider Ikea à grandir et à progresser. Il faut avoir des rêves et prendre des risques et accepter parfois qu’on ne réussisse pas mais qu’on aura au moins appris quelque chose.
❗️Quand je vous dis que c’est inspirant : faire confiance aux jeunes, autoriser l’échec, déléguer au plus près, penser long terme et rêver !
Un vrai programme pour une réforme de l’Etat !

Contact permanence
04 71 64 21 38
1 rue Pasteur, 15000 Aurillac
Contact
04 71 64 21 38
1 rue Pasteur, 15000 Aurillac