Deux formidables auditions cet après midi au Sénat pour éclairer nos travaux, à laquelle a pu assister Clémence, jeune stagiaire accueillie pour 15 jours, étudiante en classe préparatoire Droit-Economie.
Philippe Dessertine : Économiste, professeur et conférencier à l’Institut d’administration des entreprises de l’Université Paris I.Il vient de publier « l’horizon des possibles » pour nous aider à construire le siècle qui vient, dirige notamment la chaire Finagri et préside le Comité 21 premier des réseaux pour le développement durable.
À partir des bouleversements qui redéfinissent nos modes de vie (dérèglement climatique, vieillissement de la population, mutations géopolitiques…), il trace une voie optimiste et novatrice, autour du formidable cycle d’innovations que nous connaissons, offrant l’opportunité d’accélérer la transition écologique, économique et sociétale.Il propose un modèle radicalement différent, dépassant les demi-mesures, pour lancer des transformations en profondeur. Il réinvente nos valeurs et nos espoirs pour construire un avenir où chaque être humain pourra prospérer avec la certitude que ses enfants vivront mieux que lui.Il insiste en particulier sur la place de la science qui peut redonner la confiance, l’approche horizontale et non plus verticale, l’importance du local, la libération de la capacité de se tromper, la place majeure de l’art et de la culture pour assurer l’ancrage de la population dans cette mutation…Il propose surtout une nouvelle orientation de la valeur à partir des actifs (eau, air, écosystèmes …) et non plus des flux qui aujourd’hui constituent le PIB.Nous reprendrons largement sa contribution dans nos travaux.
Emmanuel Faber : Président de l’ISSB (International Sustainability Standards Board) et ancien PDG de Danone (hélas cette audition était en visio).Il a écrit notamment un ouvrage « Ouvrir une voie » à offrir largement !
Il considère que nous sommes entrés dans une nouvelle ère économique depuis 2007 qui nécessite des transformations profondes si l’on veut préserver nos modes de vie. Pour cela il importe d’attribuer une valeur à la nature tant il est urgent de se rendre compte des dépendances pour agir, car nous avons déjà atteint un point de non retour irréversible. Nous avons éliminé la diversité et créer les conditions de la précarité.Les végétaux sauvages s’adaptent au changement climatique alors que nos cultures non !Il propose donc d’introduire les questions d’interdépendance dans l’économie et par voie de conséquence dans la comptabilité. C’est dans ce cadre qu’il a instauré une nouvelle norme comptable internationale qui permet de mesurer la création de valeurs en fonction de son impact sur le bien commun (exemple agriculture régénérative). Adopté par 40 pays, représentant 50% de la population mondiale et 60% du PIB mondial, il perçoit déjà ce changement de système qui exclura très vite ceux qui ne s’y engagent pas. Il a insisté sur le fait que la Chine était parmi les pays les plus engagés dans cette voie, tandis que les États Unis le sont par leurs entreprises et certains États (ex la Californie).Rendre tangibles les externalités, avoir des mécanismes d’information : un appel vibrant à la prise de conscience et à l’action !Nul doute que là aussi, nous reprendrons largement sa contribution dans nos travaux.
J’ajoute enfin l’interview d’Hervé Morin, Président de la Région Normandie, dans « Le Figaro » du jour à propos de la politique de l’énergie en cours de définition. Je partage pleinement sa vision et j’espère que nous pourrons très vite légiféré en ce sens. C’est un enjeu majeur pour notre avenir.