Déclaration du Gouvernement et débat au Sénat sur la situation en Ukraine et la sécurité en Europe

C’est moment fort et solennel que nous avons vécu au Sénat cet après-midi. Le sentiment d’être dans un moment historique, un moment de basculement, était bien présent dans l’hémicycle.

Il y a d’abord la question de l’urgence : l’arrêt du soutien américain va mettre en difficulté l’Ukraine. Notre responsabilité, celle de l’UE et de la France, est de nous substituer de la manière la plus forte et la plus rapide possible.

À moyen terme, la question est de savoir si nous sommes capable d’assurer la sécurité de l’UE? Nous devons en préparer l’échéance. L’avenir de la défense européenne se joue en Europe. Cela a plusieurs conséquences : industrielles, mutualisation des armements, coalition des armées européennes, mobilisation de moyens européens… que nous allons devoir assumer.

Le rendez-vous que nous avons en tant qu’européen et français, c’est le rendez-vous que nous avons avec nous mêmes, pour retrouver la confiance que nous pouvons avoir en nous mêmes.

Cela pose la question fondamentale de l’unité du pays.

Mon collègue Cédric Perrin, Président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, a insisté, par delà le rappel de la solidarité et du soutien à l’Ukraine, sur le sujet fondamental qu’est d’abord celui de la sécurité en Europe par delà même la situation en Ukraine, autour de 3 considérations :

L’extrême gravité de la situation autour des constats suivants :

L’Europe doit assumer seule la sécurité du continent.

L’affaiblissement considérable de notre industrie de défense. Il faut saluer à ce titre la conversion récente de l’Union européenne.

Les effets psychologiques sont aussi considérables dans l’esprit de tous les européens.

Les choix sont là avec pragmatisme et ambition :

Que peut on encore faire avec les américains?

Mais nous ne pouvons confier à d’autres notre destin. Et nous assistons à un véritable réveil européen, avec une place particulière pour la France qui dispose de la dissuasion nucléaire.

Les intérêts vitaux ne peuvent faire l’objet de débats oiseux.

Mais nous devons nous lancer sans délais dans des efforts considérables pour redresser notre effort de défense.

Nous devons faire face et nous réarmer car si l’Ukraine perd c’est toute l’Europe qui sera touchée, car sinon l’Europe enverrai un terrible message de faiblesse, et enfin car comme le dit l’adage « si tu veux la paix, prépare la guerre ». Nous devrons être en capacité de déployer demain des troupes de paix pour la garantir.

Les conséquences politiques :

La loi de programmation militaire a été voté à 95% au Sénat, montrant que le rassemblement est possible.

Oublions les vieux schémas de pensée inadaptés pour agir sans délais car sinon c’est notre destin qui sera en question. Et pour cela chacun doit sortir du déni.

À cet égard il est essentiel que nous soyons unis, que l’unité nationale en ce moment qui relaie toutes les autres questions au deuxième rang. Il convient de porter ces enjeux vers tous les Français.

Il faut à cet égard saluer l’action du Président de la République pour rechercher un chemin, convaincre et unir les européens, y compris les britanniques, (voir ma publication précédente avec en particulier les annonces de l’UE de ce matin en réaction aux retraits annonces des États Unis cette nuit). Nous avons tant besoin d’endurance et d’unité.

« Les nations ne sont que les jouets du destin si elles n’ont pas su prévoir la montée des périls ni intervenir à temps pour les conjurer », comme l’écrivait le général Beaufre dans son livre datant de 1965 « Le Drame de 1940 », sur la déroute de l’armée française. Si les causes visibles de la défaite semblent militaires (mauvaise utilisation des blindés en particulier), les causes profondes se trouvent dans le contexte social et politique. La France des années 1930 était en effet particulièrement divisée. Ne l’oublions pas !