Un an après la funeste dissolution

9 juin 2025
🏓 Quel était le calcul d’Emmanuel Macron il y a tout juste un an, quand il a pris cette incroyable décision de dissoudre qui s’est avérée suicidaire pour lui et funeste pour le pays ? Pour la première fois de son histoire, le Rassemblement national dépassait les 30 % à un scrutin national, Jordan Bardella décrochant deux fois et demie plus de sièges que la liste de la majorité de Valérie Hayer aux élections européennes. Se sachant le vent en poupe, les lepénistes exigent une dissolution. Mais si le président, à la stupéfaction des siens, la leur accorde, c’est parce qu’il croit encore à l’efficacité de la grosse ­ficelle du barrage anti-RN, et qu’il ne croit plus en la capacité de la gauche de s’unir. Dès lors, il anticipe des seconds tours opposant les siens aux candidats de Marine Le Pen, ouvrant ainsi la voie à une majorité absolue à l’Assemblée nationale qu’il ne s’était pas même donné la peine de chercher en 2022. Peut-être sait-il aussi déjà, après son « quoi qu’il en coûte » sans limite, le budget à venir impossible ?
🏓 Emmanuel Macron avait raison sur un point : le front anti-RN marchait encore. Mais tort sur un autre : par instinct de survie électorale, la gauche était prête à oublier ses querelles ; et à s’unir. Le calcul présidentiel avait sa part de logique. Les réactions des amis de Mélenchon à l’attaque du Hamas du 7 Octobre et les autres outrances de LFI avaient semblé accroître un fossé entre deux gauches « irréconciliables », selon l’expression forgée dès 2014 par Manuel Valls. On avait cru avec lui que les principes étaient en jeu, ceux de la République ; erreur, seuls des sièges l’étaient.
🏓 Le cynisme de la gauche n’efface cependant pas la faute historique de la dissolution. Ce n’est pas perdre une élection qui est une faute. Mais Macron, ce jour-là, a d’abord foulé aux pieds un des principes fondateurs du macronisme. Lui, l’Européen par excellence, a tiré une leçon nationale d’un scrutin européen ; ce qu’il reprochait jusqu’alors aux autres de faire. En perdant son pari, il a ensuite pris une responsabilité plus lourde encore, celle de bloquer les institutions et de mettre le pays à l’arrêt.
🏓 Un an après, le constat est terrible : la fonction présidentielle a été affaiblie sans que le rôle du Parlement soit revalorisé. On a un chef de l’État qui ne parvient pas à reprendre la main, contrairement à un François Mitterrand et un Jacques Chirac ayant retourné à leur profit une cohabitation/sanction, un gouvernement qui ne peut, et ne veut ?, pas agir et une Assemblée qui ne sait rien faire d’autre qu’aller de motion de censure en motion de censure. Et c’est donc au moment où le sursaut est vital pour éviter la relégation d’une France qui ne maîtrise plus ses comptes et se laisse asphyxier par un « modèle » social et des services publics à bout de souffle que la capacité d’agir et de ­réformer est la plus faible.
🏓 Même si le gouvernement faisait preuve de courage, la préparation du prochain budget ne le laisse pas deviner, et même si les forces politiques faisaient preuve d’imagination et de responsabilité, ce dont elles ne donnent hélas aucun signe, il paraît impossible de reprendre le chemin de l’action avant une remise des compteurs à zéro. Autrement dit, une élection présidentielle.
🏓 Tout cela manque en effet profondément d’énergie, de vitalité, d’enthousiasme, de confiance dans l’avenir : ce qui était la promesse originelle du macronisme. Dans cette instabilité structurelle doivent s’imposer deux exigences. Maintenir un équilibre, même fragilissime, dans les deux ans qui viennent : ni censure de caprice, ni dissolution de rattrapage, et certainement pas de démission présidentielle. La situation nationale est trop précaire, le monde qui nous entoure trop dangereux pour ajouter, par tactique, le désordre au désordre. Mais il faut déjà préparer avec le plus grand sérieux et un indispensable courage moral et intellectuel le programme de redressement dont la France a besoin après 2027.
Dissoudre, recoudre, sortir du tourment de la décomposition par l’esprit de reconstruction.
🎾 Quel contraste avec l’énergie, le talent, le courage déployés par Carlos Alcaraz qui a remporté une finale de légende, et conserve son titre à Roland-Garros, mais aussi par son adversaire du jour Jannik Sinner. Alacaraz a montré qu’il était possible d’inverser la tendance dans la plus longue finale de l’histoire du tournoi parisien, au terme d’un combat titanesque,
🎾 « On écrit l’histoire ensemble ». Carlos Alcaraz a su résumer à merveille, le feu d’artifice qu’a constitué la finale de l’édition 2025 du tournoi messieurs de Roland-Garros. Une manière de dire à son rival malheureux, qui a manqué trois balles de sacre, qu’il faut être deux pour offrir un match de légende. On se souviendra longtemps de cette soirée de juin, un an après, qui contrastait tellement avec celle vécue un an avant, puisque aujourd’hui ses auteurs ont su transformer ce moment en théâtre des rêves, alors qu’un an plus tôt le Président de la République a encore davantage précipité notre pays dans le cauchemar !

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