👁️🗨️ Réforme des retraites : une victoire parlementaire qui doit faire date.
💱Depuis 18 mois ce n’était plus la rue qui demandait de revenir sur cette réforme, ni l’exigence économique, au contraire, c’est le contexte politique auquel la survie du Gouvernement est suspendue qui a permis à l’Assemblée nationale de prendre sa revanche sur le 49-3 par lequel lui avait été imposé cette réforme dont elle ne voulait pas.
Je m’en réjouis.
Je sais que je serai minoritaire pour porter cette voie au Sénat, comme je l’avais été en refusant de voter cette réforme à l’origine, mais je le ferai avec l’espoir d’être entendu et de convaincre.
Cette suspension, ce décalage, ouvre en outre une voie pour enfin engager un débat éclairé avec les Français et porter une réforme systématique et non plus paramétrique.
💱Je m’en réjouis donc pour trois raisons, qui sont autant d’arguments à faire valoir : politique, économique et stratégique .
🔜 Politique d’abord : quoiqu’on pense de la réforme sur le fond, je me félicite d’abord que notre régime parlementaire soit enfin reconnu par un vote qui ne lui est pas imposé par l’exécutif devenu minoritaire. Sur le fond, cette réforme portée par la « sinistre » Mme Borne était mauvaise : insuffisante, inaboutie et insincère. Elle ne pouvait qu’être incomprise et les ajustements qu’elle nécessitait déjà la rendaient improductive. Elle ne réglait en rien dans la durée le problème du financement des retraites dans notre pays alors qu’elle a provoqué une fracture sociale et une rupture de confiance dont nous ne sommes toujours pas sortis.
🔜 Économique ensuite : le coût de la suspension de la réforme est bien moindre que le coût du chaos politique qu’aurait l’absence d’adoption d’un budget pour notre pays. Même si le signal envoyé par ce recul est négatif au regard du contexte démographique qui impose une véritable réforme des retraites dans notre pays, j’y reviens plus loin, il ne va peser en 2026 que quelques centaines de millions d’euros alors que l’absence de budget se chiffre en plusieurs milliards. Le monde économique se réjouit en fait d’une perspective d’un peu de stabilité, même à ce prix, s’inquiétant bien davantage de mesures fiscales défavorables à l’activité et à l’investissement, le CAC 40 a battu un record le jour de l’adoption à l’Assemblée nationale de cette suspension, et les Français y voient enfin un début de sentiment d’écoute susceptible de redonner de la confiance (moteur essentiel de la croissance).
🔜 Stratégique enfin : ce vote est le fruit d’une stratégie gagnante de la part du Premier ministre qui ouvre là une voie pour assurer une stabilité pour notre pays pour les 18 mois qui viennent. C’est incontestablement aussi une victoire pour le Parti socialiste, et plus largement pour notre démocratie, qui espère ainsi se détacher de LFI et retrouver le chemin d’un parti de gouvernement. Je crains que le Sénat n’emboîte pas le pas de cette stratégie qui lui permettrait en acceptant cette suspension, d’obtenir d’autres avancées dans le budget notamment au profit d’une fiscalité moins punitive et d’un soutien accru à nos territoires et aux collectivités. C’est pourtant une opportunité stratégique unique qui nous est offerte. Je m’emploierai à en convaincre mes collègues lors de l’examen du PLFSS la semaine prochaine.
💱Pour ma part, en effet, je plaiderai et voterai pour la suspension de la réforme des retraites : je n’avais pas voté la réforme de Mme Borne, je voterai sa suspension pour ces trois raisons.
💱 Et après …
Il convient bien sûr de revoir le système de financement de notre régime de retraite par répartition pour une raison démographique évidente, sur laquelle on devrait s’accorder sans démagogie, et avec une logique qui repose sur la solidarité bien sûr mais aussi sur la liberté.
Il faut surtout replacer ce débat dans la question plus large de la place du travail dans notre pays en augmentant sa quantité dans la semaine, dans l’année et dans la vie pour s’aligner sur les standards européens.
Pour la regondation de notre système de retraite plus spécifiquement, je plaide depuis longtemps pour 3 orientations que beaucoup semblent enfin désormais défendre :
🔜 d’abord, sortir de la mesure d’âge : ce qui compte c’est la durée de cotisation qu’il convient d’ajuster en fonction de l’espérance de vie, comme le Portugal par exemple a su le faire, et en laissant la liberté à chacun de partir quand il le souhaite avec une pension ajustée en fonction sa durée de cotisation, sur la base d’un système universel à point lisible et transparent.
🔜 ensuite, ajouter un étage de retraite par capitalisation universelle qui présente un triple intérêt : donner un complément de pension à tous, financer par un fonds souverain notre économie et mobiliser l’épargne des Français en leur faveur plutôt que pour contribuer à la retraite des américains.
🔜 enfin, donner aux partenaires sociaux la gestion de notre système de retraite pour mettre un terme aux psychodrames politiques que nous connaissons à intervalles réguliers et au regard de leur capacité de gestion bien meilleure comme ils le démontrent avec l’Agirc-Arco.
💱 En fait, cette question des retraites qui occupe un espace démesuré dans le débat public, tant il devrait être naturel, mécanique et garanti, confirme l’absence d’anticipation de notre action politique et notre propension à s’occuper des symptômes plutôt que des causes.
C’est en effet par une augmentation de notre quantité de travail produite et de notre productivité que nous améliorerons notre croissance laquelle nous permettra naturellement de financer notre système de protection sociale.
Autrement dit, pensons à faire grossir le gâteau, il sera ensuite plus facile de nous le partager !





