Délégation à la prospective du Sénat : « Quelles valeurs démocratiques à l’horizon 2050 ? » – Lectu…

29 octobre 2025

🏛️ Délégation à la prospective du Sénat : « Quelles valeurs démocratiques à l’horizon 2050 ? » – Lecture de Declinocène – Accueil des jeunes sanflorains au Sénat.

👉 Après le rendu de notre premier rapport sur les valeurs économiques en 2050, nous poursuivons au niveau de la délégation à la prospective nos travaux, avec le volet des valeurs démocratiques. Au lendemain du succès de Javier Milei en Argentine et la montée partout dans le monde de pouvoirs « forts », nous avons ainsi auditionné Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), Dylan Buffinton, prospectiviste et conseiller à la Fondation Jean-Jaurès, et Raphaël Doan, essayiste.

👉 Dominique Reynié a insisté sur l’usure liée à la durée de notre système démocratique en place, craignant qu’il s’agisse d’un processus irréversible, en lien avec l’affaiblissement de son efficacité matérielle et la dislocation de certaines de ces conditions (éducation, communication …) du fait que les « territoires numériques », qui échappent aux législateurs, interrogent sur la capacité à continuer à fonctionner de la sorte.

👉 Dylan Buffinton, après avoir rappelé des chiffres qui mettent en cause l’efficacité et la légitimité, a pointé 4 crises plus profondes encore :
– la crise des valeurs : déconnexion entre la promesse et la réalité,
– la crise du réel : déconnexion entre le réel et les indicateurs,
– la crise culturelle : avec une vision très mercantiliste, très individuelle du pouvoir.
– la crise technologique : le numérique est venu rajouter quelque chose sur un corps déjà fragilisé.
Pour autant, il convient d’éviter deux impasses : l’élitisme technocratique (pouvoir aux experts) et l’autoritarisme (pouvoir fort).

👉 Raphaël Doan s’est interrogé sur le sens du mot « démocratie » et la confusion qui peut exister entre le pouvoir du peuple et l’ordre libéral. Il en découle des failles du système représentatif, avec un système actuel inefficace, une rupture entre le citoyen et les institutions, et un contexte technologique qui conduit à une fascination pour « le despote », une interrogation quant à l’engagement des jeunes et un usage de nouveaux outils démocratiques.

👉 Pour autant, on ne peut conclure à une dépolitisation mais plutôt à un rejet des procédures en places qui renvoie à la question centrale de l’éducation et à la nécessité de s’appuyer sur le local pour reembarquer le plus grand nombre et réinstauter la confiance autour de la co-construction.

👉 Nous allons poursuivre nos travaux dont je ne manquerai pas de rendre compte.

👉 Cette audition est aussi à rapprocher du dernier ouvrage d’Alain Bauer : « Déclinocène ». Il dénomme ainsi cette nouvelle ère symbolique qui marque la fin de l’anthropocène consommateur, persuadé au nom de sa domination sur les autres espèces qu’il pouvait utiliser toutes les ressources au-delà du raisonnable et qu’il saurait toujours trouver une solution pour s’en sortir, ce qui a souvent été vrai, entre système D et révolutions technologiques. Mais l’idée même de surconsommer toute l’énergie disponible, et au-delà, pour créer des intelligences artificielles dont l’objectif ultime est de remplacer le travail humain constitue peut-être le début de la fin de l’humanité elle-même…

👉 À rebours d’un discours écologiste punitif qui voudrait paradoxalement lui aussi sauver l’humanité en sacrifiant les activités humaines, il semble pourtant encore possible d’accompagner le processus de transition vers une économie qui retrouve une cohérence et évite les injonctions contradictoires de responsables politiques qui se raccrochent à n’importe quel totem en vogue sans aucune visibilité à terme. Sur le nucléaire, sur le diesel, sur la circulation, comme sur les masques du Covid, les mêmes disent tout, puis le contraire, sans jamais faire l’effort d’une explication ou d’un semblant d’excuses. Il convient donc de privilégier une « approche holistique et intégrée » de l’écologie. Repenser notre place dans le vivant, est un prérequis pour sortir des impasses environnementales.

👉 L’exploration de l’« immatériel » ne peut pas être une véritable réponse à l’épuisement du « matériel ». C’est toute l’illusion d’un processus fort consommateur en énergie pour ne produire qu’un espace virtuel. Si les outils de l’IA améliorent considérablement les outils de recherche ou industriels, pour la première fois les emplois menacés ne seront pas transformés. Les fonctions d’éducation et de formation elles-mêmes sont directement menacées. On hésitait entre Matrix et ­Terminator. On risque de subir les deux.

👉 Les perspectives de croissance conjointes de l’IA et du nucléaire sont bien réelles, mais dépendantes des énergies fossiles pour encore des décennies. Dans les efforts pour mener la transition énergétique, le temps perdu, comme en politique, ne se regagne pas. Ce qui n’a pas été fait nécessitera des efforts ­encore plus importants pour être réalisé à marche forcée. Mais les humains, une fois consultés et mobilisés, disposent de cette incroyable capacité à rebondir. l’Arche de Noé est le symbole de cet espoir toujours renouvelé.

👉 Face aux désastres climatiques et aux tragédies humaines, les cycles de pacification suivent ceux de confrontations. Nous vivons la revanche, la vengeance de l’histoire et de la géographie. Mais les empires, une fois leurs nostalgies apaisées ou défaites, doivent construire des espaces de développement durables. La Chine peut en même temps construire un formidable outil militaire, préparer la conquête de Taïwan et commencer à donner des leçons d’environnement… Les économies de guerre ne peuvent subsister sans ­résoudre des problèmes majeurs de moyens et de bras. La démographie est devenue l’arbitre des conflits. Et l’intendance suit de moins en moins. C’est pourquoi l’absence de gestion des ressources exacerbe souvent les conflits basés sur ces dernières. Le modèle de gouvernance mondiale qui soit capable de transformer les conflits de ressources en opportunités de coopération durable reste encore à inventer.

👉 Le fait que les questions écologiques soient souvent traitées avec une radicalité indigne de la nuance qu’elles exigent, rend difficile la construction d’un espace de discussion serein autour de cette thématique.
Il faut dans un premier temps réapprendre à discuter. Les usages de la noblesse d’État en France passent par un mépris du peuple et un choix, souvent dénoncé par Michel Rocard, du rapport de force avant négociation, ce qui nous a valu et nous vaut encore mille ans de jacqueries. On aurait pu réformer les retraites sur la base de l’excellente proposition de la CFDT (retraite à points), qui permet la gestion du régime Agirc-Arrco dans la concorde. On pourrait sans grands drames laisser les Français disposer du référendum pour tous les sujets essentiels et arrêter de les infantiliser ou de contourner leur vote (comme en 2005 sur l’Europe). Le général de Gaulle avait su créer un formidable outil de cohésion nationale en 1958 et en 1962. Personne n’aurait pu imaginer qu’un de ses successeurs réussirait à ce que la Ve République accouche d’une IVe.

👉 Le temps est venu de redonner la parole au peuple et donc de rétablir la confiance dans les institutions, en actant par le vote et le débat éclairé les conditions des nécessaires transformations. Les boomeurs ne peuvent pas prendre la responsabilité de léguer une planète surendettée et épuisée à des « doomers » (des jeunes animés par un profond pessimisme quant à l’avenir de la civilisation, NDLR) en devenir.

❗️👉 Enfin, et parce que les jeunes sont au cœur de ces préoccupations et réflexions, j’ai été heureux d’accueillir au Sénat les jeunes des conseils municipaux des jeunes de Saint-Flour et de Talizat, et du conseil de Saint-Flour communauté.
Bienvenue à eux et merci à leurs accompagnants pour cet engagement citoyen porteur d’espoir.





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